Oh! Si l’on savait bien ce que c’est que le péché originel, comme on prierait pour le salut des âmes, la propagation de la foi, les missions, le baptême des enfants! Venez, Seigneur Jésus, et sauvez-nous!
Source: Père Emmanuel André, Méditations, Ed. Sainte-Madeleine.
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Nous commençons aujourd’hui notre chemin vers l’Avent.
Dans le « Credo » nous disons : «Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel». Qu’est ce qui menaçait l’homme pour justifier que Dieu se fasse homme, accepte de naitre dans une mangeoire et de souffrir sur la croix ? Saint Thomas explique que le Fils de Dieu se fait homme pour nous libérer du péché et spécialement du péché originel. Nous connaissons l’histoire. Dieu avait créé l’homme et l’avait mis dans le Paradis, lieu de paix, joie, harmonie. Mais l’homme a suivi la tentation proposée par le diable, le serpent, et a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son créateur (cf. Gn 3, 1-11) et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. Péché d’orgueil il a voulu « être comme Dieu » (cf. Gn 3, 5), mais « sans Dieu, et avant Dieu, et non pas selon Dieu » (Saint Maxime le Confesseur, Ambigua. : PG 91, 1156C).
Nous avons donc avec nous le péché d’Adam, et devant nous le Sauveur qui va venir. Adam notre père nous a donné la nature et sa propre faute : la nature qui vient de Dieu, la faute qui vient de l’homme. Notre-Seigneur a pris notre nature et nous a donné la grâce pour guérir la nature. Ainsi, en l’état présent, tout mal a son origine en Adam; tout bien son origine en Notre-Seigneur. Nous tenons d’Adam, nous tenons de Notre-Seigneur : d’Adam par le péché, de Notre-Seigneur par le baptême. Toute la vie chrétienne consiste à se séparer d’Adam, à s’unir à Notre-Seigneur; à se renoncer en Adam, à se renouveler en Notre-Seigneur. Il faut que le vieil homme fasse place à l’homme nouveau, Adam à Notre-Seigneur, le péché à la grâce, la mort à la vie, le temps à l’éternité. Pour opérer ce grand miracle, Dieu nous a donné Notre-Seigneur. Venez donc, Seigneur Jésus; venez, vivez, régnez en nous; faites-nous vivre en vous, de vous, par vous, pour vous. Amen.
Veni Domine Jesus.
Le péché originel.
« Miserere mei Deus… ecce enim in iniquitatibus conceptus sum. ». «Mon Dieu, ayez pitié de moi, car j’ai été conçu dans l’iniquité. » (Psaume 50.)
En ce temps de l’Avent, il nous est bon de méditer la doctrine du péché originel, cette immense faute de nos premiers parents devenue la nôtre. Ayant mieux aimé être à eux-mêmes qu’à Dieu, ils ont commis là une faute d’orgueil dont ils ont été punis jusque dans leurs enfants. Ils avaient reçu la grâce de Dieu pour eux et pour nous. En la perdant, ils l’ont perdue pour eux et pour nous. Nous héritons de leur nature et de cette perte. Cette perte, c’est le péché originel. Le péché originel est donc la perte de la grâce et de l’amitié de Dieu ; c’est une plaie faite à notre pauvre nature humaine; c’est un empoisonnement dont nous sommes les victimes; une maladie funeste qui cause en nous la mort temporelle et la mort éternelle. Voilà le mal; et nous avons été baptisés d’un baptême qui commence en nous la guérison. Venez, Seigneur Jésus, et achevez-la.
Les blessures du péché originel.
Le péché originel blesse à la fois nos corps et nos âmes. Il blesse nos corps qu’il a assujettis à la maladie et à la mort; il blesse encore plus nos âmes en les jetant dans l’ignorance et la concupiscence. L’ignorance, c’est la plaie de l’intelligence. L’homme ne sait rien; il vient au monde plus ignorant que l’animal; car celui-ci cherche sa vie et il la trouve, l’homme forcément se laisserait mourir. Plus tard, quand il grandit, il commence à sentir la plaie de l’ignorance; il ne sait pas, il a peine à apprendre, il répugne à étudier et puis, s’il étudie, sa mémoire le trompe, son esprit refuse de se porter aux choses spirituelles et toute sa vie il souffrira de cette plaie. Encore la plaie de l’ignorance n’est presque rien, à côté de celle de la concupiscence. Celle-ci rend l’homme insensible au bien, très enclin au mal; le bien le trouve froid, le mal lui plaît, l’amuse, le fait rire, lui procure des joies et pendant ce temps son cœur est de glace pour le vrai bien, le bon Dieu, il n’aime pas ; son amour est tombé, il veut descendre, descendre toujours; il ne sortira pas de la terre, ni de la chair, et ne pourra s’élever plus haut que la vanité. Ô plaies du péché originel! Venez, Seigneur Jésus, et guérissez mon âme!
Les suites du péché originel.
Le péché originel a été le déchaînement de tous les maux sur la terre, et bien que le monde ait déjà duré plus de six mille ans, l’implacable fléau n’a rien perdu de sa fureur meurtrière. Il a blessé, il blesse, il blessera; il a tué, il tue, il tuera. Combien d’âmes ont été précipitées par lui en enfer, combien y sont précipitées chaque jour; combien y seront précipitées jusqu’à la fin des temps! Il meurt chaque jour 150.000 hommes sur la terre; dans ce nombre il y en a plus de 100.000 mille qui meurent sans avoir été baptisés. On peut donc dire que le péché d’Adam est la cause de la damnation de la plupart des hommes. Assurément, presque tous y ajoutent le péché actuel; mais s’ils y sont portés, c’est par suite des inclinations malheureuses de leur nature déchue, en sorte que nul n’est damné sans qu’Adam y soit pour quelque chose. Oh! Si l’on savait bien ce que c’est que le péché originel, comme on prierait pour le salut des âmes, la propagation de la foi, les missions, le baptême des enfants! Venez, Seigneur Jésus, et sauvez-nous!
La malice du péché originel.
Encore le péché originel. Voici un trait nouveau de sa malice. Un homme a été baptisé, il est juste, il est saint. Il pourra vivre de longues années dans la justice et la sainteté, rendre à Dieu de grands services, travailler à sauver des âmes, même faire des miracles. Avec tout cela, comme il porte en lui la double plaie de l’ignorance et de la concupiscence, il pourra arriver un jour où, séduit par l’attrait du péché, il tombera et demeurera tombé. Il pourra y demeurer sans revenir jamais à Dieu, et descendre ainsi tout droit en enfer. Lui aussi sera redevenu la victime du mal qui lui sera resté du péché originel, même effacé par le baptême. Ainsi est tombé Salomon, l’homme le plus sage qui ait été sur la terre; ainsi sont tombés des milliers de chrétiens qui ont perdu la grâce de Dieu et qui ne l’ont pas retrouvée. Oh! Disons donc bien à Dieu : « Ne nous laissez succomber à la tentation mais délivrez-nous du mal! » Venez, Seigneur Jésus, et sauvez-nous.
L’universalité du péché originel.
Il est partout, il est chez tous, «tous ont péché, tous sont morts », dit souvent saint Paul. Aussi les justes même, les saints ne sont pas sans avoir à souffrir des restes qu’ils portent du péché originel. Tous les jours, ils ont à lutter, à combattre, à résister, à se renoncer, à se vaincre, à se mortifier. Bien souvent, nous les voyons gémissant, pleurant, priant, suppliant, demandant à Dieu la délivrance. Saint Paul nous en est un exemple. Lui qui avait vu Notre-Seigneur, et avait reçu de lui la mission de prêcher l’Evangile, saint Paul s’écrie, dans l’Epître aux Romains : «Homme infortuné que je suis! Qui me délivrera de ce corps mortel ? » Il sentait le poids de la mortalité, il éprouvait le dur aiguillon de la concupiscence qui le portait au péché et il demandait à Dieu d’en être délivré. Et Dieu ne le délivra pas, il lui laissa porter le rude fardeau, et il se contenta de lui dire : « Ma grâce te suffit. » Soyons humbles, soyons humbles, soyons humbles: sans quoi il n’y a pas de salut. Venez, Seigneur Jésus, et sauvez-nous.
La guérison du péché originel.
Nous avons médité le péché originel. Dieu qui, dans sa miséricorde, a commencé de nous en guérir par le baptême, nous fait espérer qu’il achèvera notre guérison et qu’il la rendra complète, mais tellement complète qu’il n’en restera plus de traces. Comme le péché originel nous a blessé corps et âme, Dieu nous guérira corps et âme. L’âme est guérie par le baptême et les autres sacrements et s’il manque quelque chose à son entière purification, Dieu a son purgatoire, là il purgera tout.
Terminons avec la prière que Marie a confié a Sainte Catherine Labouré: «Oh Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous».
Source : Père Emmanuel André, Méditations, Ed. Sainte-Madeleine.