En offrant l’or, ils reconnaissent en Jésus leur roi; en offrant l’encens, ils honorent Dieu; en offrant la myrrhe, ils confessent la mort future du Sauveur qu’ils adorent. Et nous aussi offrons à Jésus l’or, l’encens et la myrrhe, fuyons le monde et n’aspirons plus qu’à voir au Ciel Celui qui nous est apparu dans l’étable.
A Noël nous disons avec Saint Irénée de Lyon : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Aujourd’hui nous pouvons nous mettre à la place des rois mages, et faire la même démarche qu’eux; notre feuille de route est tracée.
Je vous invite donc aujourd’hui mes chers frères et sœurs à suivre le parcours spirituel qui à conduit les trois mages jusqu’à l’Enfant Jésus.
La venue des Mages.
Voici les Mages, ils sont partis de loin, ils arrivent à Jérusalem et disent tout haut : où est le roi des Juifs qui vient de naitre ? Les mages, prémices du monde païen, étaient à notre image. Nous aussi, nous sommes venus de loin, nous avons été tirés de cette région ténébreuse qui se nomme le péché originel ; nous sommes arrivés à Jérusalem, nous voilà dans l’Eglise, en cette petite place que Dieu nous y a préparée, nous disons : «Où est le roi des Juifs qui vient de naitre ? Où est le Roi ? Où est Jésus ? ». Ici, nous chantons le saint cantique : «O toi que mon âme aime, fais-moi savoir où tu gardes ton troupeau, où tu reposes sur le midi ?» (Cantique des cantiques, ch. I, 6). Hélas ! Jésus, voyez ici ses âmes qui sont à vous qui vous cherchent, qui vous appellent, qui vous réclament : «Où est-il l’unique Roi, l’unique Bien-aimé, l’unique Epoux, l’unique Jésus ?». Il est dans son Ciel, il est dans l’Eucharistie, il est vivant dans nos cœurs. Partout où il est, partout il nous aime. Venez, aimons-le; venez, adorons-le: Venite adoremus.
L’étoile des Mages.
«Nous avons vu son étoile, disent les Mages, et nous sommes venus l’adorer». Ils n’ont point hésité, point différé; ils ne savaient pas au juste où ils allaient; ils ne mesurèrent pas l’immense danger qu’il y avait à aller demander à Hérode roi des Juifs où était Jésus, qu’ils appellent roi des Juifs. La foi qui les éclaire, le saint désir qui les anime, les délivrent de toute crainte, de toute hésitation, de toute défiance; ils cherchent Jésus, cela suffit pour n’avoir à craindre de rien. La splendeur éternelle était tellement voilée sous l’enveloppe de notre chair, que pour la faire connaitre il fallait une étoile. Oh ! combien grand est l’aveuglement des hommes ! Il faut qu’on leur dise : C’est ici qu’est la lumière. Mais quelle douce miséricorde du Rédempteur ! Il a fait luire à nos yeux son étoile ! Son étoile, c’est la foi. La foi nous a fait connaitre Jésus, la foi nous mène à Jésus. Quel don ! quelle grâce ! Ce don, nous le tenons; cette grâce, elle nous a été faite. Que l’obéissance des Mages est admirable ! «Nous avons vu, disent-ils, et nous sommes venus». Pour eux, voir et venir c’est tout un. Ceci nous enseigne l’obéissance. Nous entendons un mot, allons ! Un signe nous est fait, marchons ! Pas d’hésitation, pas d’explication, pas de mais ! Obéissons aux signes de Dieu : nous trouverons Jésus avec Marie sa mère, comme l’ont trouvé les Mages.
Hérode.
Considérons maintenant Hérode. C’est la parfaite image de l’hypocrite. Il pense une chose, il en dit une autre ; il enseigne aux Mages où est Jésus, il les envoie, et lui-même n’y va pas. Mais il promet qu’il ira. Ce qu’il veut c’est faire mourir Jésus; ce qu’il dit, c’est qu’il ira l’adorer. Oh ! Que cette hypocrisie est détestable ! Mais qu’elle est commune sur la terre ! Elle est au cœur de presque tous les hommes qui veulent faire le mal qui leur plait et jouir de l’estime des bons en se donnant des airs de faire le bien. Supplions Dieu de nous mettre à tout jamais au cœur l’amour de son éternelle vérité.
Les Mages à Jérusalem.
Quand les Mages arrivèrent à Jérusalem, l’étoile disparut. Quand ils eurent quitté la cour d’Hérode, ils la revirent et en furent comblés de joie. Qu’est que cela nous enseigne, sinon l’immense danger qui se trouve dans la société des méchants ? Quand on est auprès d’eux, la lumière surnaturelle diminue, s’efface : on n’y voit plus, on est comme perdu, on est trop souvent tout à fait perdu. Mais, si l’on se trouve avec eux qu’en passant, sans que le cœur soit engagé, on s’en sépare le plus tôt possible; alors la lumière divine reparait, la joie renait au fond de l’âme. Que l’on est bien loin du monde; que l’on est bien là où on ne cherche que Jésus ! Quittons la cour d’Hérode; reprenons, sous la conduite de l’étoile, en silence, en paix, en joie, le chemin de Bethléem.
Les Mages à Bethléem.
Les Mages arrivèrent à Bethléem, ils y trouvèrent l’Enfant avec Marie sa mère, et ils lui offrirent des présents : or, encens et myrrhe. Voyons les Mages entrant dans l’étable, ils la trouvent plus resplendissante que leurs palais; ils trouvent là un Roi plus grand que les rois, une mère plus douce que toutes les mères. Ils entrent, ils se prosternent, ils adorent, heureux moment, heureux terme de leur pèlerinage ! Ils offrent l’or, emblème de leur amour, l’encens image de leur prière, la myrrhe symbole de leur pénitence. De plus, en offrant l’or, ils reconnaissent en Jésus leur roi; en offrant l’encens, ils honorent Dieu; en offrant la myrrhe, ils confessent la mort future du Sauveur qu’ils adorent. Et nous aussi offrons à Jésus l’or, l’encens et la myrrhe, fuyons le monde et n’aspirons plus qu’à voir au Ciel Celui qui nous est apparu dans l’étable.
Mes chers frères et sœurs, aujourd’hui nous pouvons nous mettre à la place des rois mages, et faire la même démarche qu’eux; notre feuille de route est tracée: chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), rencontrer le Messie, lui offrir le trésor de notre vie, de notre liberté, de notre amour et repartir chez nous transformés par un autre chemin. L’Epiphanie du Christ aux trois Mages montre clairement que les païens peuvent rencontrer le Christ, et revenir chez eux « par un autre chemin », c’est-à-dire profondément transformés par cette rencontre.
Ainsi soit-il.