Année 2019-Homélie pour le 2ème dimanche de l’Avent. La confession (EA).

pape françois en confession 2

Plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

 

 


Les commandements de l’Eglise.

Avant de quitter la terre, Notre Seigneur a donné à ses Apôtres (qu’il a institués Chefs de l’Eglise) le droit de faire des lois religieuses en vue de nous aider à vivre en chrétiens sérieux et sincères.

Jésus a dit à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». (Mt 16, 18-19.)

Les Apôtres et leurs successeurs ont établi des lois, en particulier celles qu’on appelle les Commandements de l’Eglise. Ces lois, par la volonté de Jésus, ont valeur d’obligation, comme les Commandements de Dieu; on doit donc les respecter et les observer aussi longtemps que l’Eglise ne les change pas. Ce n’est pas par crainte qu’il faut obéir aux lois, mais parce qu’elles nous montrent le chemin à suivre et qu’elles nous rendent le service de nous maintenir plus sûrement dans la voie du vrai et du bien tels que Dieu les veut pour nous. Une loi peut être pénible et contrariante pour notre nature pécheresse, mais rien d’important ne se fait sans sacrifice, ou sans effort. Pour bien agir, il ne faut donc pas se baser sur le seul sentiment, mais sur l’intelligence et la volonté, éclairées et soutenues par la Foi.

 

La pénitence ou réconciliation.

Dimanche dernier nous avons vu le premier commandement de l’Eglise, sur la participation à la messe les dimanches et les fêtes de précepte. Aujourd’hui nous nous intéressons au 2ème commandement: « Tout fidèle est tenu par l’obligation de confesser ses péchés au moins une fois par an ». Si l’Eglise, au Nom de Jésus, nous ordonne de nous confesser au moins une fois par an, il est important de bien connaître ce sacrement de la pénitence ou réconciliation, afin de s’y préparer au mieux pour bien le recevoir et en profiter pleinement.

 

Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le baptême ?

Saint Paul affirme que par le baptême « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6,11).

La conversion au Christ, la nouvelle naissance du baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture nous ont rendu « saints et immaculés devant lui » (Ep 1, 4), comme l’Eglise elle-même, épouse du Christ, est « sainte et immaculée devant lui » (Ep 5, 27).

Cependant, la vie nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler.

La confession a pour but de nous aider dans ce combat contre le mal et de restaurer l’amitié avec Dieu perdue par le péché.

Le Catéchisme nous dit que le Christ a institué le sacrement de pénitence pour tous les membres pécheurs de son Eglise, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le sacrement de pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’Eglise présentent ce sacrement comme « la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la perte de la grâce» (Tertullien, pæn. 4, 2). Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême qui remet le péché originel et les péchés personnels des adultes. « Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés » (Ac 2,37-38) Mais pour ceux qui après le baptême retombent dans le péché, Dieu renouvelle son pardon par la confession.

 

L’Eglise a-t-elle vraiment pouvoir pour pardonner les péchés?

Certains contestent que l’Eglise ait le pouvoir de pardonner les péchés. En fait, Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7), car un péché est une offense contre Lui. Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : « Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre» (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin souvent dans l’Evangile : « Tes péchés sont pardonnés! », comme nous l’avons écouté plusieurs fois (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48).

Et aussi, pendant sa vie terrestre, Jésus a annoncé qu’il donnera à son Eglise, à Pierre et aux apôtres, le « pouvoir de lier et de délier » (Mt 16,19) c’est-à-dire d’admettre ou d’exclure, d’absoudre ou non les péchés. C’est après sa résurrection, lorsqu’il est apparu à ses disciples, qu’il leur a donné l’Esprit Saint et qu’il leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20, 22-23). Jésus leur a donné la mission de pardonner et c’est par le pouvoir de l’Esprit Saint qu’ils peuvent remettre les péchés. Jésus a donc donné à l’Eglise le pouvoir de pardonner les péchés.

 

Le nom de ce sacrement.

Conversion, pénitence, pardon, réconciliation, confession : chacun de ces mots peut d’une certaine façon être utilisé pour désigner ce sacrement ; mais il faut cependant noter qu’aucun à lui seul ne peut l’exprimer de façon adéquate.

Conversion marque d’abord le changement radical d’orientation de toute vie.

Pénitence exprime l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie.

Pardon renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde.

Réconciliation désigne surtout le but, et le résultat de toute la démarche : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

Il est appelé encore par le terme confession, puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre, est un élément essentiel de ce sacrement.

 

Les effets de ce sacrement

Toute l’efficacité de la pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une véritable amitié. Le but et l’effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur contrit et dans une disposition religieuse, il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation spirituelle. En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable résurrection spirituelle, une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32). Nous retrouvons ainsi notre véritable nature, abîmée par le péché, qui est d’être image du Dieu Trinité (Gen 1, 27). Nous améliorons aussi le monde, car même en confessant notre péché personnel, nous participons au travail de sainteté de toute l’Église dont chaque baptisé est membre et dont le Christ est la tête (Ep 1, 22). Ce sacrement affine notre conscience et nous invite à nous appuyer sur la Miséricorde de Dieu, en même temps qu’il nous donne l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien. (CEC nº1496-7).

Sainte Faustine, dans son journal, nous a laissé de très belles paroles de la part de Jésus : « Dis aux âmes qu’elles doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les plus grands miracles se renouvellent sans cesse… Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de la Divine Miséricorde se manifestera dans toute sa plénitude. Même si cette âme était comme un cadavre en décomposition et même si, humainement parlant, il n’y avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il n’en est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à cette âme dans toute sa plénitude. Oh ! Malheureux qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Divine Miséricorde, en vain vous appelle­rez, il sera déjà trop tard ! » (PJ 1448)

 

Quand devons-nous nous confesser et pourquoi avec un prêtre ?

Comme nous l’avons dit au début de cette homélie, l’Eglise nous demande de nous confesser au minimum une fois par an. C’est une obligation grave. Celui qui ne le fait pas, soit par mépris ou par négligence commet déjà un péché grave, mortel, qui l’empêche de communier, car en méprisant l’autorité de l’Eglise, on méprise aussi le Christ qui l’a fondée. C’est le minimum. Mais nous devons nous confesser quand nous en avons besoin, lorsque nous avons brisé l’amitié avec Dieu par un acte délibéré gravement contraire à son Amour et à sa Volonté, afin de vivre toujours dans la grâce de Dieu et pouvoir nous approcher de la communion[1].

Cependant l’Eglise recommande de recevoir régulièrement ce sacrement puisque chaque fois que nous le recevons nous devenons meilleurs. Il est fortement conseillé de se confesser tous les quinze jours ou tous les mois : plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

Pourquoi confesser nos péchés à un prêtre et non pas directement à Dieu ?

Plusieurs réponses peuvent nous aider à répondre à cette question. Tout d’abord, parce que c’est la Volonté de Dieu. Nous l’avons vu, Jésus l’a institué ainsi. Et il y a, bien sûr, des bons motifs. Dieu veut que nous (confessions) nous accusions de nos péchés à un prêtre pour nous aider à être humbles. Ensuite Dieu veut que le prêtre nous aide par ses conseils et ses recommandations à ne pas recommencer à pécher. Il est bon d’avoir les conseils de quelqu’un qui puisse nous aider. Enfin le prêtre nous aide concrètement pour la réparation. Il faut savoir que le prêtre n’est pas surpris par le péché que nous allons lui annoncer quel que soit ce péché. Enfin, il faut savoir que le prêtre est tenu au secret[2] et qu’il ne répétera pas à qui que ce soit le péché qu’on lui confesse.

 

Comment nous confesser ? Les conditions pour faire une bonne confession.

Le saint curé d’Ars disait, en parlant des dispositions intérieures de notre cœur pour nous approcher de la confession d’une manière fructueuse : « Pour recevoir le sacrement de la pénitence, il faut trois choses : la foi qui nous découvre Dieu présent dans le prêtre; l’espérance qui nous fait croire que Dieu nous donnera la grâce du pardon; la charité qui nous porte à aimer Dieu et qui met au cœur le regret de l’avoir offensé ».

Le sacrement de la pénitence est constitué par l’ensemble des trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution du prêtre. Les actes du pénitent sont : le repentir, la confession des péchés au prêtre et le ferme propos de ne plus pécher et d’accomplir la réparation ou pénitence.

Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des motifs qui relèvent de la foi. La contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (Cc. Trente : DS 1676). Si le repentir est conçu par amour de charité envers Dieu, on le dit “parfait” ; s’il est fondé sur d’autres motifs, comme la crainte de l’enfer, on l’appelle ” imparfait “.

Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des Evangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).

La confession proprement dite. Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec l’Eglise, doit confesser au prêtre tous les péchés graves qu’il n’a pas encore confessés et dont il se souvient après avoir examiné soigneusement sa conscience. Même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus gravement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous.

Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre par l’intermédiaire du prêtre. Car « si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu’elle ignore (Saint Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096).

Sans être en soi nécessaire, la confession des fautes vénielles[3] (moins graves) est néanmoins vivement recommandée par l’Eglise.

Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains actes de satisfaction ou de pénitence, en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les bonnes habitudes, celles propres à un enfant de Dieu et disciple du Christ. (CEC 1491-1495).

Pourquoi satisfaire? Quel en est le besoin?

Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire son possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit satisfaire de manière appropriée ou expier ses péchés[4]. Et en plus, cette pénitence nous aide à réduire la peine temporelle due à nos péchés, celle que nous devrions subir au purgatoire, où elle serait bien plus lourde.

 

Histoire. Si le diable pouvait se confesser[5]

Le vieux curé était resté au confessionnal jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce que le dernier pécheur eût quitté l’église. Cependant, il décida d’attendre encore un peu, au cas où un pénitent en retard se présenterait encore.

Il était fatigué et malgré lui ses paupières se fermaient.

Tout à coup, il sursauta. La porte de l’église avait bougé ; peut-être n’était-ce qu’un coup de vent car la tempête faisait rage autour de la maison de Dieu. Mais une silhouette se détachait sur le mur : un homme s’avançait. Son pas résonnait de façon étrange sur les dalles, comme s’il avait une jambe de bois. Il avait relevé le col de son manteau, et à travers les grilles du confessionnal, le prêtre ne put distinguer du visage que deux yeux au regard sombre. L’étranger entra dans le confessionnal après une brève hésitation et s’agenouilla.

« Quand vous êtes-vous confessé pour la dernière fois ? » demanda le prêtre.

« Je n’ai encore jamais reçu ce sacrement » répliqua l’homme d’une voix étouffée.

« Jamais, dites-vous ? »

« Jamais. »

« Quel âge avez-vous donc ? »

« Je ne sais pas, il y a beau temps que j’ai cessé de compter les années. »

« Mais vous devez bien savoir à peu près votre âge ? »

« Une demi-éternité. »

« Bien, disons alors soixante-dix ans ! De quoi vous accusez-vous ? »

« J’ai été orgueilleux » répliqua le pécheur.

« Rien d’autre ? » insista le prêtre, étonné. « Vous n’avez été orgueilleux qu’une seule fois durant toutes ces années ? »

« Oui, une seule fois seulement. »

« Et rien d’autre ? »

« J’ai été envieux. »

« Envieux ? »

« Oui, envieux. J’étais jaloux de tout le monde. »

« De tout le monde ? »

« Oui, de tout le monde. »

« Et pourtant, il y a tant de pauvres humains qui ont à peine de quoi pour vivre. Et il y a des malades qui souffrent terriblement, des aveugles, des lépreux, des fous. Vous ne pouvez tout de même pas envier tous ceux-là ? »

« Pourtant, je les envie tellement. »

« Étrange » dit le prêtre, en hochant la tête, « Qu’avez-vous encore fait, à part cela ? »

« J’ai tenté les autres et me suis réjoui lorsqu’ils maudissaient Dieu. »

« Combien en avez-vous séduits, et à quels péchés ? » « Des foules ! à tous les péchés qui existent ! Ce qui me réjouissait le plus, c’est quand j’arrivais à faire tomber une âme d’enfant dans le péché mortel ».

« Mais c’est épouvantable ! » gémit le prêtre. « Avez-vous encore quelque chose à confesser ? Avez-vous volé ? »

« Non, jamais ! »

« Menti ? »

« Oui, très souvent. »

« Juré ? »

« Toujours. »

« Manqué la sainte messe ? »

« Je ne peux supporter la vue de l’Hostie ou du calice. »

« Dans ce cas, vous n’avez sans doute pas été souvent dans une église ? »

« Si, très souvent. »

« Qu’avez-vous donc fait, à l’église ? »

« J’ai séduit les gens. »

« A l’église ? »

« Oui, à l’église. »

« Mais à quoi donc ? »

« Au confessionnal, je leur ai conseillé de passer sous silence les péchés graves. »

« Avez-vous péché contre le sixième commandement ? » « Non, jamais » répondit  l’homme avec un sourire de mépris.

« En pensées non plus ? »

« Non, jamais. »

« Étrange. Avez-vous tué ? »

« Non ! J’ai seulement incité les autres au crime et à l’assassinat. C’est de ma faute aussi que beaucoup d’humains aient perdu la vie de la grâce. »

« Avez-vous péché contre votre mère ? »

« Je n’ai jamais eu de mère. »

« Mais chaque homme a une mère ! Peut-être la vôtre est-elle morte peu après votre naissance ? »

« Non, je n’ai jamais eu de mère. »

« J’ai à faire à un fou ! » pensa le prêtre, que cet étrange pénitent commençait par inquiéter. Qu’allait-il pouvoir lui dire ?

« Regrettez-vous au moins vos péchés ? » demanda-t-il.

« Dieu m’a lourdement puni pour ma première faute. »

« Vous regrettez donc ? »

« Parce que j’ai été puni. »

« Et non pas par amour de Dieu ? »

« Non, pas par amour. Je ne peux pas aimer. »

« Vous ne pouvez pas aimer ? »

« Non, cela m’est impossible. Je hais tous les hommes et les anges. Je hais toute la création. Et je hais Dieu par-dessus tout. »

« Vous haïssez Dieu ? » balbutia le prêtre, bouleversé.

« Oui, je le hais. Mais si vous me donnez l’absolution de mes péchés, je vais l’aimer et ne cesserai plus de chanter ses louanges. »

« Il faut d’abord que vous aimiez ! Car si vous n’aimez pas Dieu, je ne peux vous donner l’absolution. »

« Donnez-moi une très dure pénitence, je veux bien la faire. Je suis prêt à donner beaucoup d’argent pour les pauvres, autant de millions que vous voulez ! Je vous construirai une nouvelle église, une cathédrale plus splendide que Saint Pierre de Rome ! »

« Aucun homme ne possède cette fortune. »

« Moi, si. »

« Oui, c’est bien un fou », pensa le curé. Puis il dit :

« Même si vous déposiez tous les trésors du monde à mes pieds, je ne peux vous donner l’absolution, parce que vous n’aimez pas Dieu. Pourquoi le haïssez-vous ainsi ? Dieu est pourtant si bon et si juste ! »

« Je le sais. »

« Son Fils est mort pour nous sur la croix. »

« Je sais. »

« Pourquoi donc haïssez-vous Dieu ? »

« Je voulais être comme Dieu ! Et Il me repoussa. »

« Qui êtes-vous ? » sursauta le prêtre. « Ce que vous venez de dire là, un seul peut le dire : le diable. »

« Je suis le diable ! S’il vous plaît, donnez-moi l’absolution. »

« Je ne peux pas te donner l’absolution. Je peux absoudre le plus grand pécheur, mais pas toi. »

« J’en avais le pressentiment. C’est cela mon malheur. »

« Quoi ? »

« De ne pouvoir me confesser. Oh !monsieur le Curé, » dit Satan, respirant avec difficulté « comme j’envie les hommes de pouvoir le faire. Comme j’échangerais volontiers mon sort avec celui du dernier des mendiants, avec n’importe quel assassin condamné à mort. Tous ceux-là peuvent se confesser ! Moi, je ne le peux pas ! C’est pourquoi je les envie ! C’est pourquoi j’exhorte les hommes, se préparant à la confession, à cacher leurs plus gros péchés et comme je me réjouis alors, quand j’y réussis, car alors j’ai trouvé quelqu’un que je n’ai plus besoin d’envier. Tous les cent ans j’essaie une fois de me confesser, mais jamais encore aucun prêtre ne m’a donné l’absolution. Je vais donc continuer ma route, haïssant Dieu et les hommes. »

 

Confions-nous tous à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de miséricorde, car Mère du Sauveur. Qu’elle nous accorde la grâce de bien vouloir profiter de l’infinie Miséricorde de Dieu, pas seulement en accomplissant le minimum que nous demande l’Eglise en confessant nos péchés une fois par an, mais en nous approchant très souvent de la source du pardon et de la réconciliation.

Que pendant ce temps de l’Avent nous puissions tous redécouvrir ce grand cadeau de l’amour de Dieu, le sacrement très précieux de la Confession.

Ainsi soit-il.

[1] Celui qui a conscience d’avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s’il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1647 ; 1661),

[2] Secret. CEC 1467 Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, l’Église déclare que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC, can. 1388, §1 ; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions, s’appelle le ” sceau sacramentel “, car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste ” scellé ” par le sacrement.

[3] CEC. 1458 Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l’Église (cf. Cc. Trente : DS 1680 ; CIC, can. 988, § 2 ). En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Lc 6, 36)

[4] CEC 1460 La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3, 25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité, ” puisque nous souffrons avec lui ” (Rm 8, 17 ; cf. Cc. Trente : DS 1690).

[5] Auteur : Hunermann, Père Guillaume | Ouvrage : Les lèvres scellées ou le sacrement de pénitence raconté aux jeunes . https://www.maintenantunehistoire.fr/si-le-diable-pouvait-se-confesser/

Publié le 09 décembre 2019

Année 2019-Homélie pour le 2ème dimanche de l’Avent. La confession (EA).

Plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

 

 


Les commandements de l’Eglise.

Avant de quitter la terre, Notre Seigneur a donné à ses Apôtres (qu’il a institués Chefs de l’Eglise) le droit de faire des lois religieuses en vue de nous aider à vivre en chrétiens sérieux et sincères.

Jésus a dit à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». (Mt 16, 18-19.)

Les Apôtres et leurs successeurs ont établi des lois, en particulier celles qu’on appelle les Commandements de l’Eglise. Ces lois, par la volonté de Jésus, ont valeur d’obligation, comme les Commandements de Dieu; on doit donc les respecter et les observer aussi longtemps que l’Eglise ne les change pas. Ce n’est pas par crainte qu’il faut obéir aux lois, mais parce qu’elles nous montrent le chemin à suivre et qu’elles nous rendent le service de nous maintenir plus sûrement dans la voie du vrai et du bien tels que Dieu les veut pour nous. Une loi peut être pénible et contrariante pour notre nature pécheresse, mais rien d’important ne se fait sans sacrifice, ou sans effort. Pour bien agir, il ne faut donc pas se baser sur le seul sentiment, mais sur l’intelligence et la volonté, éclairées et soutenues par la Foi.

 

La pénitence ou réconciliation.

Dimanche dernier nous avons vu le premier commandement de l’Eglise, sur la participation à la messe les dimanches et les fêtes de précepte. Aujourd’hui nous nous intéressons au 2ème commandement: « Tout fidèle est tenu par l’obligation de confesser ses péchés au moins une fois par an ». Si l’Eglise, au Nom de Jésus, nous ordonne de nous confesser au moins une fois par an, il est important de bien connaître ce sacrement de la pénitence ou réconciliation, afin de s’y préparer au mieux pour bien le recevoir et en profiter pleinement.

 

Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le baptême ?

Saint Paul affirme que par le baptême « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6,11).

La conversion au Christ, la nouvelle naissance du baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture nous ont rendu « saints et immaculés devant lui » (Ep 1, 4), comme l’Eglise elle-même, épouse du Christ, est « sainte et immaculée devant lui » (Ep 5, 27).

Cependant, la vie nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler.

La confession a pour but de nous aider dans ce combat contre le mal et de restaurer l’amitié avec Dieu perdue par le péché.

Le Catéchisme nous dit que le Christ a institué le sacrement de pénitence pour tous les membres pécheurs de son Eglise, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le sacrement de pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’Eglise présentent ce sacrement comme « la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la perte de la grâce» (Tertullien, pæn. 4, 2). Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême qui remet le péché originel et les péchés personnels des adultes. « Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés » (Ac 2,37-38) Mais pour ceux qui après le baptême retombent dans le péché, Dieu renouvelle son pardon par la confession.

 

L’Eglise a-t-elle vraiment pouvoir pour pardonner les péchés?

Certains contestent que l’Eglise ait le pouvoir de pardonner les péchés. En fait, Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7), car un péché est une offense contre Lui. Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : « Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre» (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin souvent dans l’Evangile : « Tes péchés sont pardonnés! », comme nous l’avons écouté plusieurs fois (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48).

Et aussi, pendant sa vie terrestre, Jésus a annoncé qu’il donnera à son Eglise, à Pierre et aux apôtres, le « pouvoir de lier et de délier » (Mt 16,19) c’est-à-dire d’admettre ou d’exclure, d’absoudre ou non les péchés. C’est après sa résurrection, lorsqu’il est apparu à ses disciples, qu’il leur a donné l’Esprit Saint et qu’il leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20, 22-23). Jésus leur a donné la mission de pardonner et c’est par le pouvoir de l’Esprit Saint qu’ils peuvent remettre les péchés. Jésus a donc donné à l’Eglise le pouvoir de pardonner les péchés.

 

Le nom de ce sacrement.

Conversion, pénitence, pardon, réconciliation, confession : chacun de ces mots peut d’une certaine façon être utilisé pour désigner ce sacrement ; mais il faut cependant noter qu’aucun à lui seul ne peut l’exprimer de façon adéquate.

Conversion marque d’abord le changement radical d’orientation de toute vie.

Pénitence exprime l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie.

Pardon renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde.

Réconciliation désigne surtout le but, et le résultat de toute la démarche : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

Il est appelé encore par le terme confession, puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre, est un élément essentiel de ce sacrement.

 

Les effets de ce sacrement

Toute l’efficacité de la pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une véritable amitié. Le but et l’effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur contrit et dans une disposition religieuse, il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation spirituelle. En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable résurrection spirituelle, une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32). Nous retrouvons ainsi notre véritable nature, abîmée par le péché, qui est d’être image du Dieu Trinité (Gen 1, 27). Nous améliorons aussi le monde, car même en confessant notre péché personnel, nous participons au travail de sainteté de toute l’Église dont chaque baptisé est membre et dont le Christ est la tête (Ep 1, 22). Ce sacrement affine notre conscience et nous invite à nous appuyer sur la Miséricorde de Dieu, en même temps qu’il nous donne l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien. (CEC nº1496-7).

Sainte Faustine, dans son journal, nous a laissé de très belles paroles de la part de Jésus : « Dis aux âmes qu’elles doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les plus grands miracles se renouvellent sans cesse… Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de la Divine Miséricorde se manifestera dans toute sa plénitude. Même si cette âme était comme un cadavre en décomposition et même si, humainement parlant, il n’y avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il n’en est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à cette âme dans toute sa plénitude. Oh ! Malheureux qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Divine Miséricorde, en vain vous appelle­rez, il sera déjà trop tard ! » (PJ 1448)

 

Quand devons-nous nous confesser et pourquoi avec un prêtre ?

Comme nous l’avons dit au début de cette homélie, l’Eglise nous demande de nous confesser au minimum une fois par an. C’est une obligation grave. Celui qui ne le fait pas, soit par mépris ou par négligence commet déjà un péché grave, mortel, qui l’empêche de communier, car en méprisant l’autorité de l’Eglise, on méprise aussi le Christ qui l’a fondée. C’est le minimum. Mais nous devons nous confesser quand nous en avons besoin, lorsque nous avons brisé l’amitié avec Dieu par un acte délibéré gravement contraire à son Amour et à sa Volonté, afin de vivre toujours dans la grâce de Dieu et pouvoir nous approcher de la communion[1].

Cependant l’Eglise recommande de recevoir régulièrement ce sacrement puisque chaque fois que nous le recevons nous devenons meilleurs. Il est fortement conseillé de se confesser tous les quinze jours ou tous les mois : plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

Pourquoi confesser nos péchés à un prêtre et non pas directement à Dieu ?

Plusieurs réponses peuvent nous aider à répondre à cette question. Tout d’abord, parce que c’est la Volonté de Dieu. Nous l’avons vu, Jésus l’a institué ainsi. Et il y a, bien sûr, des bons motifs. Dieu veut que nous (confessions) nous accusions de nos péchés à un prêtre pour nous aider à être humbles. Ensuite Dieu veut que le prêtre nous aide par ses conseils et ses recommandations à ne pas recommencer à pécher. Il est bon d’avoir les conseils de quelqu’un qui puisse nous aider. Enfin le prêtre nous aide concrètement pour la réparation. Il faut savoir que le prêtre n’est pas surpris par le péché que nous allons lui annoncer quel que soit ce péché. Enfin, il faut savoir que le prêtre est tenu au secret[2] et qu’il ne répétera pas à qui que ce soit le péché qu’on lui confesse.

 

Comment nous confesser ? Les conditions pour faire une bonne confession.

Le saint curé d’Ars disait, en parlant des dispositions intérieures de notre cœur pour nous approcher de la confession d’une manière fructueuse : « Pour recevoir le sacrement de la pénitence, il faut trois choses : la foi qui nous découvre Dieu présent dans le prêtre; l’espérance qui nous fait croire que Dieu nous donnera la grâce du pardon; la charité qui nous porte à aimer Dieu et qui met au cœur le regret de l’avoir offensé ».

Le sacrement de la pénitence est constitué par l’ensemble des trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution du prêtre. Les actes du pénitent sont : le repentir, la confession des péchés au prêtre et le ferme propos de ne plus pécher et d’accomplir la réparation ou pénitence.

Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des motifs qui relèvent de la foi. La contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (Cc. Trente : DS 1676). Si le repentir est conçu par amour de charité envers Dieu, on le dit “parfait” ; s’il est fondé sur d’autres motifs, comme la crainte de l’enfer, on l’appelle ” imparfait “.

Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des Evangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).

La confession proprement dite. Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec l’Eglise, doit confesser au prêtre tous les péchés graves qu’il n’a pas encore confessés et dont il se souvient après avoir examiné soigneusement sa conscience. Même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus gravement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous.

Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre par l’intermédiaire du prêtre. Car « si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu’elle ignore (Saint Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096).

Sans être en soi nécessaire, la confession des fautes vénielles[3] (moins graves) est néanmoins vivement recommandée par l’Eglise.

Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains actes de satisfaction ou de pénitence, en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les bonnes habitudes, celles propres à un enfant de Dieu et disciple du Christ. (CEC 1491-1495).

Pourquoi satisfaire? Quel en est le besoin?

Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire son possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit satisfaire de manière appropriée ou expier ses péchés[4]. Et en plus, cette pénitence nous aide à réduire la peine temporelle due à nos péchés, celle que nous devrions subir au purgatoire, où elle serait bien plus lourde.

 

Histoire. Si le diable pouvait se confesser[5]

Le vieux curé était resté au confessionnal jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce que le dernier pécheur eût quitté l’église. Cependant, il décida d’attendre encore un peu, au cas où un pénitent en retard se présenterait encore.

Il était fatigué et malgré lui ses paupières se fermaient.

Tout à coup, il sursauta. La porte de l’église avait bougé ; peut-être n’était-ce qu’un coup de vent car la tempête faisait rage autour de la maison de Dieu. Mais une silhouette se détachait sur le mur : un homme s’avançait. Son pas résonnait de façon étrange sur les dalles, comme s’il avait une jambe de bois. Il avait relevé le col de son manteau, et à travers les grilles du confessionnal, le prêtre ne put distinguer du visage que deux yeux au regard sombre. L’étranger entra dans le confessionnal après une brève hésitation et s’agenouilla.

« Quand vous êtes-vous confessé pour la dernière fois ? » demanda le prêtre.

« Je n’ai encore jamais reçu ce sacrement » répliqua l’homme d’une voix étouffée.

« Jamais, dites-vous ? »

« Jamais. »

« Quel âge avez-vous donc ? »

« Je ne sais pas, il y a beau temps que j’ai cessé de compter les années. »

« Mais vous devez bien savoir à peu près votre âge ? »

« Une demi-éternité. »

« Bien, disons alors soixante-dix ans ! De quoi vous accusez-vous ? »

« J’ai été orgueilleux » répliqua le pécheur.

« Rien d’autre ? » insista le prêtre, étonné. « Vous n’avez été orgueilleux qu’une seule fois durant toutes ces années ? »

« Oui, une seule fois seulement. »

« Et rien d’autre ? »

« J’ai été envieux. »

« Envieux ? »

« Oui, envieux. J’étais jaloux de tout le monde. »

« De tout le monde ? »

« Oui, de tout le monde. »

« Et pourtant, il y a tant de pauvres humains qui ont à peine de quoi pour vivre. Et il y a des malades qui souffrent terriblement, des aveugles, des lépreux, des fous. Vous ne pouvez tout de même pas envier tous ceux-là ? »

« Pourtant, je les envie tellement. »

« Étrange » dit le prêtre, en hochant la tête, « Qu’avez-vous encore fait, à part cela ? »

« J’ai tenté les autres et me suis réjoui lorsqu’ils maudissaient Dieu. »

« Combien en avez-vous séduits, et à quels péchés ? » « Des foules ! à tous les péchés qui existent ! Ce qui me réjouissait le plus, c’est quand j’arrivais à faire tomber une âme d’enfant dans le péché mortel ».

« Mais c’est épouvantable ! » gémit le prêtre. « Avez-vous encore quelque chose à confesser ? Avez-vous volé ? »

« Non, jamais ! »

« Menti ? »

« Oui, très souvent. »

« Juré ? »

« Toujours. »

« Manqué la sainte messe ? »

« Je ne peux supporter la vue de l’Hostie ou du calice. »

« Dans ce cas, vous n’avez sans doute pas été souvent dans une église ? »

« Si, très souvent. »

« Qu’avez-vous donc fait, à l’église ? »

« J’ai séduit les gens. »

« A l’église ? »

« Oui, à l’église. »

« Mais à quoi donc ? »

« Au confessionnal, je leur ai conseillé de passer sous silence les péchés graves. »

« Avez-vous péché contre le sixième commandement ? » « Non, jamais » répondit  l’homme avec un sourire de mépris.

« En pensées non plus ? »

« Non, jamais. »

« Étrange. Avez-vous tué ? »

« Non ! J’ai seulement incité les autres au crime et à l’assassinat. C’est de ma faute aussi que beaucoup d’humains aient perdu la vie de la grâce. »

« Avez-vous péché contre votre mère ? »

« Je n’ai jamais eu de mère. »

« Mais chaque homme a une mère ! Peut-être la vôtre est-elle morte peu après votre naissance ? »

« Non, je n’ai jamais eu de mère. »

« J’ai à faire à un fou ! » pensa le prêtre, que cet étrange pénitent commençait par inquiéter. Qu’allait-il pouvoir lui dire ?

« Regrettez-vous au moins vos péchés ? » demanda-t-il.

« Dieu m’a lourdement puni pour ma première faute. »

« Vous regrettez donc ? »

« Parce que j’ai été puni. »

« Et non pas par amour de Dieu ? »

« Non, pas par amour. Je ne peux pas aimer. »

« Vous ne pouvez pas aimer ? »

« Non, cela m’est impossible. Je hais tous les hommes et les anges. Je hais toute la création. Et je hais Dieu par-dessus tout. »

« Vous haïssez Dieu ? » balbutia le prêtre, bouleversé.

« Oui, je le hais. Mais si vous me donnez l’absolution de mes péchés, je vais l’aimer et ne cesserai plus de chanter ses louanges. »

« Il faut d’abord que vous aimiez ! Car si vous n’aimez pas Dieu, je ne peux vous donner l’absolution. »

« Donnez-moi une très dure pénitence, je veux bien la faire. Je suis prêt à donner beaucoup d’argent pour les pauvres, autant de millions que vous voulez ! Je vous construirai une nouvelle église, une cathédrale plus splendide que Saint Pierre de Rome ! »

« Aucun homme ne possède cette fortune. »

« Moi, si. »

« Oui, c’est bien un fou », pensa le curé. Puis il dit :

« Même si vous déposiez tous les trésors du monde à mes pieds, je ne peux vous donner l’absolution, parce que vous n’aimez pas Dieu. Pourquoi le haïssez-vous ainsi ? Dieu est pourtant si bon et si juste ! »

« Je le sais. »

« Son Fils est mort pour nous sur la croix. »

« Je sais. »

« Pourquoi donc haïssez-vous Dieu ? »

« Je voulais être comme Dieu ! Et Il me repoussa. »

« Qui êtes-vous ? » sursauta le prêtre. « Ce que vous venez de dire là, un seul peut le dire : le diable. »

« Je suis le diable ! S’il vous plaît, donnez-moi l’absolution. »

« Je ne peux pas te donner l’absolution. Je peux absoudre le plus grand pécheur, mais pas toi. »

« J’en avais le pressentiment. C’est cela mon malheur. »

« Quoi ? »

« De ne pouvoir me confesser. Oh !monsieur le Curé, » dit Satan, respirant avec difficulté « comme j’envie les hommes de pouvoir le faire. Comme j’échangerais volontiers mon sort avec celui du dernier des mendiants, avec n’importe quel assassin condamné à mort. Tous ceux-là peuvent se confesser ! Moi, je ne le peux pas ! C’est pourquoi je les envie ! C’est pourquoi j’exhorte les hommes, se préparant à la confession, à cacher leurs plus gros péchés et comme je me réjouis alors, quand j’y réussis, car alors j’ai trouvé quelqu’un que je n’ai plus besoin d’envier. Tous les cent ans j’essaie une fois de me confesser, mais jamais encore aucun prêtre ne m’a donné l’absolution. Je vais donc continuer ma route, haïssant Dieu et les hommes. »

 

Confions-nous tous à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de miséricorde, car Mère du Sauveur. Qu’elle nous accorde la grâce de bien vouloir profiter de l’infinie Miséricorde de Dieu, pas seulement en accomplissant le minimum que nous demande l’Eglise en confessant nos péchés une fois par an, mais en nous approchant très souvent de la source du pardon et de la réconciliation.

Que pendant ce temps de l’Avent nous puissions tous redécouvrir ce grand cadeau de l’amour de Dieu, le sacrement très précieux de la Confession.

Ainsi soit-il.

[1] Celui qui a conscience d’avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s’il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1647 ; 1661),

[2] Secret. CEC 1467 Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, l’Église déclare que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC, can. 1388, §1 ; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions, s’appelle le ” sceau sacramentel “, car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste ” scellé ” par le sacrement.

[3] CEC. 1458 Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l’Église (cf. Cc. Trente : DS 1680 ; CIC, can. 988, § 2 ). En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Lc 6, 36)

[4] CEC 1460 La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3, 25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité, ” puisque nous souffrons avec lui ” (Rm 8, 17 ; cf. Cc. Trente : DS 1690).

[5] Auteur : Hunermann, Père Guillaume | Ouvrage : Les lèvres scellées ou le sacrement de pénitence raconté aux jeunes . https://www.maintenantunehistoire.fr/si-le-diable-pouvait-se-confesser/

Publié le 09 décembre 2019

Année 2019-Homélie pour le 2ème dimanche de l’Avent. La confession (EA).

pape françois en confession 2

Plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

 

 


Les commandements de l’Eglise.

Avant de quitter la terre, Notre Seigneur a donné à ses Apôtres (qu’il a institués Chefs de l’Eglise) le droit de faire des lois religieuses en vue de nous aider à vivre en chrétiens sérieux et sincères.

Jésus a dit à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». (Mt 16, 18-19.)

Les Apôtres et leurs successeurs ont établi des lois, en particulier celles qu’on appelle les Commandements de l’Eglise. Ces lois, par la volonté de Jésus, ont valeur d’obligation, comme les Commandements de Dieu; on doit donc les respecter et les observer aussi longtemps que l’Eglise ne les change pas. Ce n’est pas par crainte qu’il faut obéir aux lois, mais parce qu’elles nous montrent le chemin à suivre et qu’elles nous rendent le service de nous maintenir plus sûrement dans la voie du vrai et du bien tels que Dieu les veut pour nous. Une loi peut être pénible et contrariante pour notre nature pécheresse, mais rien d’important ne se fait sans sacrifice, ou sans effort. Pour bien agir, il ne faut donc pas se baser sur le seul sentiment, mais sur l’intelligence et la volonté, éclairées et soutenues par la Foi.

 

La pénitence ou réconciliation.

Dimanche dernier nous avons vu le premier commandement de l’Eglise, sur la participation à la messe les dimanches et les fêtes de précepte. Aujourd’hui nous nous intéressons au 2ème commandement: « Tout fidèle est tenu par l’obligation de confesser ses péchés au moins une fois par an ». Si l’Eglise, au Nom de Jésus, nous ordonne de nous confesser au moins une fois par an, il est important de bien connaître ce sacrement de la pénitence ou réconciliation, afin de s’y préparer au mieux pour bien le recevoir et en profiter pleinement.

 

Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le baptême ?

Saint Paul affirme que par le baptême « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6,11).

La conversion au Christ, la nouvelle naissance du baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture nous ont rendu « saints et immaculés devant lui » (Ep 1, 4), comme l’Eglise elle-même, épouse du Christ, est « sainte et immaculée devant lui » (Ep 5, 27).

Cependant, la vie nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler.

La confession a pour but de nous aider dans ce combat contre le mal et de restaurer l’amitié avec Dieu perdue par le péché.

Le Catéchisme nous dit que le Christ a institué le sacrement de pénitence pour tous les membres pécheurs de son Eglise, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le sacrement de pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’Eglise présentent ce sacrement comme « la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la perte de la grâce» (Tertullien, pæn. 4, 2). Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême qui remet le péché originel et les péchés personnels des adultes. « Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés » (Ac 2,37-38) Mais pour ceux qui après le baptême retombent dans le péché, Dieu renouvelle son pardon par la confession.

 

L’Eglise a-t-elle vraiment pouvoir pour pardonner les péchés?

Certains contestent que l’Eglise ait le pouvoir de pardonner les péchés. En fait, Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7), car un péché est une offense contre Lui. Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : « Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre» (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin souvent dans l’Evangile : « Tes péchés sont pardonnés! », comme nous l’avons écouté plusieurs fois (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48).

Et aussi, pendant sa vie terrestre, Jésus a annoncé qu’il donnera à son Eglise, à Pierre et aux apôtres, le « pouvoir de lier et de délier » (Mt 16,19) c’est-à-dire d’admettre ou d’exclure, d’absoudre ou non les péchés. C’est après sa résurrection, lorsqu’il est apparu à ses disciples, qu’il leur a donné l’Esprit Saint et qu’il leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20, 22-23). Jésus leur a donné la mission de pardonner et c’est par le pouvoir de l’Esprit Saint qu’ils peuvent remettre les péchés. Jésus a donc donné à l’Eglise le pouvoir de pardonner les péchés.

 

Le nom de ce sacrement.

Conversion, pénitence, pardon, réconciliation, confession : chacun de ces mots peut d’une certaine façon être utilisé pour désigner ce sacrement ; mais il faut cependant noter qu’aucun à lui seul ne peut l’exprimer de façon adéquate.

Conversion marque d’abord le changement radical d’orientation de toute vie.

Pénitence exprime l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie.

Pardon renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde.

Réconciliation désigne surtout le but, et le résultat de toute la démarche : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

Il est appelé encore par le terme confession, puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre, est un élément essentiel de ce sacrement.

 

Les effets de ce sacrement

Toute l’efficacité de la pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une véritable amitié. Le but et l’effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur contrit et dans une disposition religieuse, il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation spirituelle. En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable résurrection spirituelle, une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32). Nous retrouvons ainsi notre véritable nature, abîmée par le péché, qui est d’être image du Dieu Trinité (Gen 1, 27). Nous améliorons aussi le monde, car même en confessant notre péché personnel, nous participons au travail de sainteté de toute l’Église dont chaque baptisé est membre et dont le Christ est la tête (Ep 1, 22). Ce sacrement affine notre conscience et nous invite à nous appuyer sur la Miséricorde de Dieu, en même temps qu’il nous donne l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien. (CEC nº1496-7).

Sainte Faustine, dans son journal, nous a laissé de très belles paroles de la part de Jésus : « Dis aux âmes qu’elles doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les plus grands miracles se renouvellent sans cesse… Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de la Divine Miséricorde se manifestera dans toute sa plénitude. Même si cette âme était comme un cadavre en décomposition et même si, humainement parlant, il n’y avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il n’en est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à cette âme dans toute sa plénitude. Oh ! Malheureux qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Divine Miséricorde, en vain vous appelle­rez, il sera déjà trop tard ! » (PJ 1448)

 

Quand devons-nous nous confesser et pourquoi avec un prêtre ?

Comme nous l’avons dit au début de cette homélie, l’Eglise nous demande de nous confesser au minimum une fois par an. C’est une obligation grave. Celui qui ne le fait pas, soit par mépris ou par négligence commet déjà un péché grave, mortel, qui l’empêche de communier, car en méprisant l’autorité de l’Eglise, on méprise aussi le Christ qui l’a fondée. C’est le minimum. Mais nous devons nous confesser quand nous en avons besoin, lorsque nous avons brisé l’amitié avec Dieu par un acte délibéré gravement contraire à son Amour et à sa Volonté, afin de vivre toujours dans la grâce de Dieu et pouvoir nous approcher de la communion[1].

Cependant l’Eglise recommande de recevoir régulièrement ce sacrement puisque chaque fois que nous le recevons nous devenons meilleurs. Il est fortement conseillé de se confesser tous les quinze jours ou tous les mois : plus on se confesse et plus on a envie de se confesser ; moins nous nous confessons et moins nous avons envie de nous confesser. Et cela nous fait toujours du bien. La confession ne peut avoir que de bons effets sur notre vie.

Pourquoi confesser nos péchés à un prêtre et non pas directement à Dieu ?

Plusieurs réponses peuvent nous aider à répondre à cette question. Tout d’abord, parce que c’est la Volonté de Dieu. Nous l’avons vu, Jésus l’a institué ainsi. Et il y a, bien sûr, des bons motifs. Dieu veut que nous (confessions) nous accusions de nos péchés à un prêtre pour nous aider à être humbles. Ensuite Dieu veut que le prêtre nous aide par ses conseils et ses recommandations à ne pas recommencer à pécher. Il est bon d’avoir les conseils de quelqu’un qui puisse nous aider. Enfin le prêtre nous aide concrètement pour la réparation. Il faut savoir que le prêtre n’est pas surpris par le péché que nous allons lui annoncer quel que soit ce péché. Enfin, il faut savoir que le prêtre est tenu au secret[2] et qu’il ne répétera pas à qui que ce soit le péché qu’on lui confesse.

 

Comment nous confesser ? Les conditions pour faire une bonne confession.

Le saint curé d’Ars disait, en parlant des dispositions intérieures de notre cœur pour nous approcher de la confession d’une manière fructueuse : « Pour recevoir le sacrement de la pénitence, il faut trois choses : la foi qui nous découvre Dieu présent dans le prêtre; l’espérance qui nous fait croire que Dieu nous donnera la grâce du pardon; la charité qui nous porte à aimer Dieu et qui met au cœur le regret de l’avoir offensé ».

Le sacrement de la pénitence est constitué par l’ensemble des trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution du prêtre. Les actes du pénitent sont : le repentir, la confession des péchés au prêtre et le ferme propos de ne plus pécher et d’accomplir la réparation ou pénitence.

Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des motifs qui relèvent de la foi. La contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (Cc. Trente : DS 1676). Si le repentir est conçu par amour de charité envers Dieu, on le dit “parfait” ; s’il est fondé sur d’autres motifs, comme la crainte de l’enfer, on l’appelle ” imparfait “.

Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des Evangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).

La confession proprement dite. Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec l’Eglise, doit confesser au prêtre tous les péchés graves qu’il n’a pas encore confessés et dont il se souvient après avoir examiné soigneusement sa conscience. Même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus gravement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous.

Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre par l’intermédiaire du prêtre. Car « si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu’elle ignore (Saint Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096).

Sans être en soi nécessaire, la confession des fautes vénielles[3] (moins graves) est néanmoins vivement recommandée par l’Eglise.

Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains actes de satisfaction ou de pénitence, en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les bonnes habitudes, celles propres à un enfant de Dieu et disciple du Christ. (CEC 1491-1495).

Pourquoi satisfaire? Quel en est le besoin?

Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire son possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit satisfaire de manière appropriée ou expier ses péchés[4]. Et en plus, cette pénitence nous aide à réduire la peine temporelle due à nos péchés, celle que nous devrions subir au purgatoire, où elle serait bien plus lourde.

 

Histoire. Si le diable pouvait se confesser[5]

Le vieux curé était resté au confessionnal jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce que le dernier pécheur eût quitté l’église. Cependant, il décida d’attendre encore un peu, au cas où un pénitent en retard se présenterait encore.

Il était fatigué et malgré lui ses paupières se fermaient.

Tout à coup, il sursauta. La porte de l’église avait bougé ; peut-être n’était-ce qu’un coup de vent car la tempête faisait rage autour de la maison de Dieu. Mais une silhouette se détachait sur le mur : un homme s’avançait. Son pas résonnait de façon étrange sur les dalles, comme s’il avait une jambe de bois. Il avait relevé le col de son manteau, et à travers les grilles du confessionnal, le prêtre ne put distinguer du visage que deux yeux au regard sombre. L’étranger entra dans le confessionnal après une brève hésitation et s’agenouilla.

« Quand vous êtes-vous confessé pour la dernière fois ? » demanda le prêtre.

« Je n’ai encore jamais reçu ce sacrement » répliqua l’homme d’une voix étouffée.

« Jamais, dites-vous ? »

« Jamais. »

« Quel âge avez-vous donc ? »

« Je ne sais pas, il y a beau temps que j’ai cessé de compter les années. »

« Mais vous devez bien savoir à peu près votre âge ? »

« Une demi-éternité. »

« Bien, disons alors soixante-dix ans ! De quoi vous accusez-vous ? »

« J’ai été orgueilleux » répliqua le pécheur.

« Rien d’autre ? » insista le prêtre, étonné. « Vous n’avez été orgueilleux qu’une seule fois durant toutes ces années ? »

« Oui, une seule fois seulement. »

« Et rien d’autre ? »

« J’ai été envieux. »

« Envieux ? »

« Oui, envieux. J’étais jaloux de tout le monde. »

« De tout le monde ? »

« Oui, de tout le monde. »

« Et pourtant, il y a tant de pauvres humains qui ont à peine de quoi pour vivre. Et il y a des malades qui souffrent terriblement, des aveugles, des lépreux, des fous. Vous ne pouvez tout de même pas envier tous ceux-là ? »

« Pourtant, je les envie tellement. »

« Étrange » dit le prêtre, en hochant la tête, « Qu’avez-vous encore fait, à part cela ? »

« J’ai tenté les autres et me suis réjoui lorsqu’ils maudissaient Dieu. »

« Combien en avez-vous séduits, et à quels péchés ? » « Des foules ! à tous les péchés qui existent ! Ce qui me réjouissait le plus, c’est quand j’arrivais à faire tomber une âme d’enfant dans le péché mortel ».

« Mais c’est épouvantable ! » gémit le prêtre. « Avez-vous encore quelque chose à confesser ? Avez-vous volé ? »

« Non, jamais ! »

« Menti ? »

« Oui, très souvent. »

« Juré ? »

« Toujours. »

« Manqué la sainte messe ? »

« Je ne peux supporter la vue de l’Hostie ou du calice. »

« Dans ce cas, vous n’avez sans doute pas été souvent dans une église ? »

« Si, très souvent. »

« Qu’avez-vous donc fait, à l’église ? »

« J’ai séduit les gens. »

« A l’église ? »

« Oui, à l’église. »

« Mais à quoi donc ? »

« Au confessionnal, je leur ai conseillé de passer sous silence les péchés graves. »

« Avez-vous péché contre le sixième commandement ? » « Non, jamais » répondit  l’homme avec un sourire de mépris.

« En pensées non plus ? »

« Non, jamais. »

« Étrange. Avez-vous tué ? »

« Non ! J’ai seulement incité les autres au crime et à l’assassinat. C’est de ma faute aussi que beaucoup d’humains aient perdu la vie de la grâce. »

« Avez-vous péché contre votre mère ? »

« Je n’ai jamais eu de mère. »

« Mais chaque homme a une mère ! Peut-être la vôtre est-elle morte peu après votre naissance ? »

« Non, je n’ai jamais eu de mère. »

« J’ai à faire à un fou ! » pensa le prêtre, que cet étrange pénitent commençait par inquiéter. Qu’allait-il pouvoir lui dire ?

« Regrettez-vous au moins vos péchés ? » demanda-t-il.

« Dieu m’a lourdement puni pour ma première faute. »

« Vous regrettez donc ? »

« Parce que j’ai été puni. »

« Et non pas par amour de Dieu ? »

« Non, pas par amour. Je ne peux pas aimer. »

« Vous ne pouvez pas aimer ? »

« Non, cela m’est impossible. Je hais tous les hommes et les anges. Je hais toute la création. Et je hais Dieu par-dessus tout. »

« Vous haïssez Dieu ? » balbutia le prêtre, bouleversé.

« Oui, je le hais. Mais si vous me donnez l’absolution de mes péchés, je vais l’aimer et ne cesserai plus de chanter ses louanges. »

« Il faut d’abord que vous aimiez ! Car si vous n’aimez pas Dieu, je ne peux vous donner l’absolution. »

« Donnez-moi une très dure pénitence, je veux bien la faire. Je suis prêt à donner beaucoup d’argent pour les pauvres, autant de millions que vous voulez ! Je vous construirai une nouvelle église, une cathédrale plus splendide que Saint Pierre de Rome ! »

« Aucun homme ne possède cette fortune. »

« Moi, si. »

« Oui, c’est bien un fou », pensa le curé. Puis il dit :

« Même si vous déposiez tous les trésors du monde à mes pieds, je ne peux vous donner l’absolution, parce que vous n’aimez pas Dieu. Pourquoi le haïssez-vous ainsi ? Dieu est pourtant si bon et si juste ! »

« Je le sais. »

« Son Fils est mort pour nous sur la croix. »

« Je sais. »

« Pourquoi donc haïssez-vous Dieu ? »

« Je voulais être comme Dieu ! Et Il me repoussa. »

« Qui êtes-vous ? » sursauta le prêtre. « Ce que vous venez de dire là, un seul peut le dire : le diable. »

« Je suis le diable ! S’il vous plaît, donnez-moi l’absolution. »

« Je ne peux pas te donner l’absolution. Je peux absoudre le plus grand pécheur, mais pas toi. »

« J’en avais le pressentiment. C’est cela mon malheur. »

« Quoi ? »

« De ne pouvoir me confesser. Oh !monsieur le Curé, » dit Satan, respirant avec difficulté « comme j’envie les hommes de pouvoir le faire. Comme j’échangerais volontiers mon sort avec celui du dernier des mendiants, avec n’importe quel assassin condamné à mort. Tous ceux-là peuvent se confesser ! Moi, je ne le peux pas ! C’est pourquoi je les envie ! C’est pourquoi j’exhorte les hommes, se préparant à la confession, à cacher leurs plus gros péchés et comme je me réjouis alors, quand j’y réussis, car alors j’ai trouvé quelqu’un que je n’ai plus besoin d’envier. Tous les cent ans j’essaie une fois de me confesser, mais jamais encore aucun prêtre ne m’a donné l’absolution. Je vais donc continuer ma route, haïssant Dieu et les hommes. »

 

Confions-nous tous à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de miséricorde, car Mère du Sauveur. Qu’elle nous accorde la grâce de bien vouloir profiter de l’infinie Miséricorde de Dieu, pas seulement en accomplissant le minimum que nous demande l’Eglise en confessant nos péchés une fois par an, mais en nous approchant très souvent de la source du pardon et de la réconciliation.

Que pendant ce temps de l’Avent nous puissions tous redécouvrir ce grand cadeau de l’amour de Dieu, le sacrement très précieux de la Confession.

Ainsi soit-il.

[1] Celui qui a conscience d’avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s’il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1647 ; 1661),

[2] Secret. CEC 1467 Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, l’Église déclare que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC, can. 1388, §1 ; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions, s’appelle le ” sceau sacramentel “, car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste ” scellé ” par le sacrement.

[3] CEC. 1458 Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l’Église (cf. Cc. Trente : DS 1680 ; CIC, can. 988, § 2 ). En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Lc 6, 36)

[4] CEC 1460 La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3, 25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité, ” puisque nous souffrons avec lui ” (Rm 8, 17 ; cf. Cc. Trente : DS 1690).

[5] Auteur : Hunermann, Père Guillaume | Ouvrage : Les lèvres scellées ou le sacrement de pénitence raconté aux jeunes . https://www.maintenantunehistoire.fr/si-le-diable-pouvait-se-confesser/

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Publié le 09 décembre 2019