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Année 2024-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Réparation et Sainte Colère.

 

« Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas. Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ». Ce verset ne nous demande pas d’éviter la colère, encore moins de la refouler ou de l’ignorer, mais de l’exprimer avec justesse, sans pécher, au bon moment.

 


Entre les références sataniques, le défilé des invertis, l’exaltation des massacres révolutionnaires, la laideur et le mauvais goût, la cérémonie d’ouverture des JO a singé la Sainte Cène.

Face à de telles attaques, face à de tels blasphèmes nous avons un devoir de réparation. Ce n’était pas une offense aux sentiments religieux, ni à la fraternité universelle… c’était une offense à Dieu. C’est Dieu qui a été insulté. Il y a ceux qui offensent Notre Seigneur et il y a aussi ses amis qui cherchent à consoler le Cœur Sacré de Jésus.
A Paray-le- Monial Jésus a demandé lui même de vivre selon cet esprit de réparation. On n’insistera jamais assez pour rappeler que cette grande apparition ne consiste pas en ces seules paroles: « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes », suivies d’un point final, et qu’elle n’a pas pour but de demander une « simple » fête liturgique en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Notre-Seigneur Jésus-Christ vient préciser l’esprit dans lequel son divin Cœur doit être vénéré: cet esprit qui doit être l’âme de la dévotion à son Cœur, c’est celui de la réparation. La fête liturgique dont il demande l’institution, en précisant la date particulière à laquelle il veut la voir célébrée, doit être une fête réparatrice; la pratique de la sainte communion qu’il réclame, en particulier les premiers vendredis du mois, est une communion réparatrice; l’heure sainte dont il réclame l’observance toutes les nuits du jeudi au vendredi est une heure de prière réparatrice. Les apparitions de Paray-le-Monial sont la manifestation d’un amour outragé hier et aujourd’hui, d’un amour méprisé, d’un amour insulté, d’un amour qui n’est pas aimé comme il le faudrait, hier et aujourd’hui, nous en sommes témoins.
Alors mes chers frères et sœurs, jeûnons et prions, renouvelons notre dévotion à l’Eucharistie, au Sacré-Cœur et à la Vierge Marie. Que Jésus soit adoré et aimé dans tous les tabernacles du monde. Prions le Saint Rosaire et offrons des messes en réparation pour ces blasphèmes. Disons à Notre Seigneur tout notre amour et notre reconnaissance pour le don de sa Très Sainte Eucharistie.

Mais il y a une autre attitude dont nous devons demander la grâce de l’assumer. Notre Seigneur nous donne un exemple. Dans l’Evangile des marchands sont chassés par Jésus du Temple de Jérusalem (Jn 2, 13-25). La colère de Jésus, se faisant un fouet avec des cordes, est devenue légendaire au point d’incarner ce qu’on français on appelle « une sainte colère », en référence à celle de Jésus.
Au temple de Jérusalem les affaires avaient pris le dessus. «L’avidité est l’idolâtrie», dit la lettre aux Colossiens (cf. 3, 5). C’est l’idolâtrie que rencontre Jésus et face à laquelle il cite Isaïe: «Ma maison s’appellera maison de prière» (Mt 21, 13; cf. Is 56, 7) et Jérémie: «Or vous, vous en faites une caverne de bandits» (Mt 21, 13; cf. Jr 7, 11).

La colère a mauvaise presse. Malheur aux parents qui corrigent leurs enfants ! Malheur aux professeurs qui corrigent leurs élèves ! (Une gifle peut conduire à la prison… même si l’avortement est un « droit »). On en fait un défaut, on dit qu’elle est mauvaise conseillère. On lui attribue un aveuglement fait de haine, de revanche, de violence, donc incompatible avec une vie moralement saine. Pourtant, dans l’histoire, bien des choses n’auraient pas changé s’il n’y avait pas eu quelques cris de colère devant l’injustice ou l’absurde, voyons par exemple Moïse brisant les tables de la Loi ou Clovis se vengeant du soldat qui avait cassé le vase de Soissons. Ces coups de gueule célèbres – et il y en a eu tant d’autres! – ont comme vertu de ne pas accepter l’inacceptable, de réveiller la conscience, d’enclencher une action immédiate. Voilà déjà de quoi nous faire voir la colère sous un jour plus sympathique! Chesterton dans son livre « Orthodoxie » a noté que le Christ est très souvent présenté comme un homme doux et bon, fondu dans la gentillesse et la douceur; mais quand après nous allons à l’Evangile nous rencontrons une personnalité forte et complète, voire impérieuse; et au lieu du style sirupeux que l’on attendait du « pâle Galiléen » de nos églises, avec les cheveux blonds séparés au milieu, la petite barbe et le visage d’une star de cinéma, on rencontre un style extraordinaire, plein de montagnes qui se déplacent et se jettent dans la mer, de chameaux qui passent ou ne passent pas par le trou d’une aiguille, des sultans qui ordonnent l’abattage d’une ville entière, des poutres enfoncées dans un œil comme des clous, du sel jeté dans le fumier, des rois qui se battent, des maisons qui s’effondrent, des tombes blanchies à la chaux, des riches maudits; et à côté des gestes bénins, comme embrasser un enfant, des gestes d’empire et même de colère. Le « doux Jésus » était donc capable de pousser lui aussi des coups de gueule fort dérangeants! Ici, c’est pour préserver la gratuité de la relation à Dieu, contre ceux qui font de la religion un trafic d’avantages. Mais ce n’est pas la seule fois, visiblement  ! Il se met en colère:   -contre l’endurcissement des pharisiens, dans l’épisode rapporté par Mc 3,5 : « Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : “Etends la main.” Il l’étendit, et sa main redevint normale » ; – contre l’hypocrisie, Jésus explose de colère avec ses « Malheureux êtes-vous ! » si rarement lus en liturgie (Mt 23,13-22) ; – contre le figuier qui ne produit pas de fruits alors qu’il est visité par le Messie: « il dit au figuier : “Que jamais plus personne ne mange de tes fruits !” Et ses disciples avaient bien entendu » (Mc 11, 12 14) ; – contre ceux qui veulent écarter les enfants de Jésus: « Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit: Laissez les enfants venir à moi… » (Mc 10, 14). Ces saintes colères n’ont évidemment rien à voir avec la haine, la revanche ou la volonté de faire du mal. C’est une preuve d’amour de pouvoir se mettre en colère ainsi: Jésus témoigne que Dieu est Dieu et qu’on ne se moque pas impunément de Lui. Ses colères utilisent bien la violence (verbale comme contre les pharisiens, ou même physique contre les marchands) pour sortir les concernés de leur torpeur morale ou spirituelle. Le royaume de Dieu ne demande-t-il pas qu’on emploie parfois ce type de violence afin qu’il advienne? « La Loi et les Prophètes vont jusqu’à Jean le Baptiste; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun met toute sa force (violence) pour y entrer » (Lc 16, 16). Jésus se révèle ainsi paradoxal: il est « doux et humble de cœur » et infiniment miséricordieux; il appelle à la non-violence : «heureux les doux ! »; mais il sait discerner quand la violence est utile, et quel type de violence. Il souligne que se mettre en colère contre son frère est très grave, passible du tribunal (Mt 5,22). Et pourtant il n’hésite pas à laisser éclater sa colère lorsqu’elle peut sauver l’autre en le réveillant. Il respecte infiniment le Temple de Jérusalem, au point de vouloir le purifier de ses trafics; et en même temps il le relativise au point d’annoncer qu’il n’en restera pas pierre sur pierre (Lc 21, 5-11), et que finalement le vrai Temple, c’est son corps, bientôt détruit par la croix, relevé au bout de trois jours par la résurrection. Impossible d’enfermer Jésus dans tel ou tel comportement seulement ! Ce qui devrait nous rassurer sur nous-mêmes.

Saint Paul en recueillera quelque chose dans son conseil dans la lettre aux Éphésiens 4,26 : « Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas. Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ». Ce verset ne nous demande pas d’éviter la colère, encore moins de la refouler ou de l’ignorer, mais de l’exprimer avec justesse, sans pécher, au bon moment, et de la mettre au service de la suite. Pour devenir « saintes », nos colères doivent se mettre au service d’une cause juste et grande et rester dans les limites de la justice, de la raison. Parvenir à la sainte colère du Christ est un long travail, pour chacun, avec beaucoup d’essais et d’erreurs. Mais rappelons nous que c’est une preuve d’amour de pouvoir se mettre en colère pour ce qui vaut la peine. Comment rester dans l’indifférence ou l’apathie devant le saccage de la Foi, les profanations de l’Eucharistie, le relativisme moral, la destruction de la famille, de l’amour, de l’innocence des enfants, de notre liberté.

Esprit de réparation et Sainte Colère, le Bon Dieu nous les accorde. Que le Mal ne nous trouve pas indifférents.

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