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Année 2023-Homélie pour la veillée pascale (JGA).

Veillée Pascale.
Combien la compassion de Jésus doit être grande pour notre temps devant tous les grands discours derrière lesquels se cache en réalité un profond désarroi! Où devons-nous aller? Quelles sont les valeurs sur lesquelles nous pouvons nous régler?

Source : Benoit XVI, Homélie pour la Veillée Pascale (11 04 2009).


Avant-hier, le Christ crucifié s’est revêtu pour nous de malédiction; il est mort sur un gibet d’infamie, abandonné comme un coupable à la rage de l’enfer et à la haine de ses ennemis. Il est mort et avec lui est morte toute l’humanité; comme elle mourut une première fois à la sainteté et à l’innocence originelle à cause du péché d’Adam, ainsi, dans le Christ et par le Christ, elle meurt maintenant au péché. Le moment est enfin arrivé, et c’est maintenant, où cette pauvre humanité brisée et meurtrie en Jésus Crucifié va retrouver son ancien honneur. Jésus ressuscite à l’aube du troisième jour, mais comme il avait associé à son expiation toute l’humanité, ainsi unit-il à son triomphe son corps mystique tout entier, nous tous, sur lequel il répand, en qualité de Chef, la gloire de sa résurrection. Il est donc mort comme l’enseigne l’apôtre, à cause de nos péchés, et il est ressuscité pour en détruire les effets, nous restituant, avec la grâce et la justice, le droit à la gloire. La Pâque de Jésus est donc notre Pâque, puisque, si au soir de Vendredi nous sommes tous morts en lui sur la Croix, cette nuit, en lui encore, nous ressuscitons à une vie nouvelle selon Dieu.

Mais la résurrection, qu’est-ce que c’est? Cela n’entre pas dans le cadre de nos expériences et ainsi le message reste souvent, dans une certaine mesure, incompris, il apparaît comme quelque chose du passé. L’Eglise essaie de nous introduire à sa compréhension, en traduisant cet événement mystérieux par le langage des symboles dans lesquels nous pouvons en quelque manière contempler ce miracle. Dans la veillée pascale, elle nous montre la signification de ce jour essentiellement à travers trois symboles : la lumière, l’eau et le cantique nouveau de l’alléluia.

Il y a tout d’abord la lumière. La création de Dieu, dont nous venons d’entendre le récit biblique, commence par ces paroles : «Que la lumière soit ! » (Gn 1, 3). Là où il y a la lumière, la vie apparaît, le chaos peut se transformer en cosmos. Dans le message biblique, la lumière est l’image la plus immédiate de Dieu: Il est tout entier Clarté, Vie, Vérité, Lumière. Dans la veillée pascale, l’Eglise lit le récit de la création comme une prophétie. Dans la résurrection, ce que ce texte décrit comme le début de toutes choses, s’accomplit d’une manière plus sublime. Dieu dit à nouveau : « Que la lumière soit ! ». La résurrection de Jésus est une irruption de lumière. La mort a été vaincue, le sépulcre est grand ouvert. Le Ressuscité est lui-même la Lumière, la Lumière du monde. Avec la résurrection, le jour de Dieu entre dans les nuits de l’histoire. A partir de la résurrection, la lumière de Dieu se répand dans le monde et dans l’histoire. Le jour se lève. Seule cette Lumière, Jésus Christ, est la lumière véritable, bien plus que le phénomène physique de lumière. Il est la Lumière pure: Dieu lui-même, qui fait naître une nouvelle création au cœur de l’ancienne, transforme le chaos en cosmos.

Efforçons-nous de comprendre cela un peu mieux encore. Pourquoi le Christ est-il Lumière ? Dans la veillée pascale, l’Eglise représente le mystère de lumière du Christ par le signe du cierge pascal, dont la flamme est à la fois lumière et chaleur. Le symbolisme de la lumière est lié à celui du feu: luminosité et chaleur, luminosité et énergie de transformation contenue dans le feu, vérité et amour vont ensemble. Le cierge pascal brûle et ainsi il se consume: la Croix et la Résurrection sont inséparables. De la Croix, de l’auto-donation du Fils, naît la lumière, advient la vraie luminosité du monde. C’est au cierge pascal que tous nous allumons notre cierge, surtout celui des nouveaux baptisés, pour lesquels le Sacrement fait descendre dans les profondeurs de leur cœur la lumière du Christ. L’Eglise antique qualifiait le Baptême de fotismos, sacrement de l’illumination, communication de la lumière, et elle le reliait inséparablement à la Résurrection du Christ. Dans le baptême, Dieu dit à celui qui va recevoir le sacrement : « Que la lumière soit ! ». Celui-ci est alors introduit dans la lumière du Christ. Le Christ sépare alors la lumière des ténèbres. En Lui nous pouvons reconnaître ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est luminosité et ce qui est obscurité. Avec Lui, jaillit en nous la lumière de la vérité et nous commençons à comprendre. Lorsqu’un jour Jésus vit venir à lui les foules qui se rassemblaient pour l’écouter et qui attendaient de lui une orientation, il en eut pitié, car ils étaient comme des brebis sans berger (cf. Mc 6, 34). Au milieu des courants contraires de l’époque, ils ne savaient pas vers qui aller. Combien sa compassion doit être grande aussi pour notre temps devant tous les grands discours derrière lesquels se cache en réalité un profond désarroi! Où devons-nous aller? Quelles sont les valeurs sur lesquelles nous pouvons nous régler? Il est la Lumière. Le cierge du baptême est le symbole de l’illumination qui nous est communiquée par le Sacrement. C’est ainsi, qu’en cette heure, saint Paul nous parle d’une manière très directe. Dans la Lettre aux Philippiens, il dit qu’au sein d’une génération dévoyée et pervertie les chrétiens doivent briller comme des astres dans l’univers (cf. Ph 2, 15). Prions le Seigneur pour qu’au milieu de la confusion de ce temps, la petite flamme du cierge qu’Il a allumée en nous, la lumière délicate de sa parole et de son amour, ne s’éteigne pas en nous, mais qu’elle grandisse et devienne toujours plus lumineuse. Afin que nous soyons, avec Lui, des fils du jour, des foyers de lumière pour notre temps.

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia ! Saint Augustin très synthétiquement nous dit quelle signification a Pâques pour nous: « Resurrectio Domini, spes nostra – La résurrection du Seigneur est notre espérance » (Sermon 261, 1). Laissons-nous transformer intérieurement par la lumière de Jésus ressuscité. A lui, le Roi vainqueur, à Lui le Crucifié et le Ressuscité, nous crions avec joie notre Alléluia !

 

 

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