Le précurseur et la conversion.
Jean prêche la conversion. Il parle de la part de Dieu, voilà pourquoi les gens sortent à sa rencontre. Il indique ainsi la manière précise de préparer la venue du Sauveur. Mais il nous prêche surtout par son exemple : vie de prière et de pénitence, parce que le Seigneur est proche.
Aujourd’hui encore, comme le dimanche dernier, l’Evangile met en scène la personne de saint Jean Baptiste, le précurseur du Seigneur, celui qui est chargé de préparer le chemin du Sauveur.
D’abord il est intéressant de remarquer que Jean développe sa mission de précurseur dans le désert. Lui, qui vient pour préparer la venue de Jésus, il prêche dans le désert. Ce serait peut-être beaucoup plus fructueux et il aurait beaucoup plus de réussite s’il prêchait au milieu de la ville ou dans le temple où l’on trouve des gens en multitude. Mais non! C’est le désert qu’il a choisi, ou plutôt où Dieu l’a envoyé pour qu’il y fasse sa prédication.
Mais pourquoi dans le désert? Qui peut entendre sa voix, sa prédication dans le désert? Le désert c’est le lieu propice pour entendre la voix de Dieu, car là-bas c’est le silence qui règne; on peut entendre la voix du Créateur et non pas celles des créatures. On n’a pas de quoi se distraire, là, au désert, il n’y a rien; où plutôt il y a tout ce qu’il faut afin de connaître la vérité sur nous-mêmes et sur Dieu, afin de reconnaître notre condition de créature.
La réalité du désert on la trouve très clairement tout au long de la Bible: Abraham, Moïse, le peuple d’Israël, le prophète Elie, Jean Baptiste, Jésus lui-même. Dieu conduit l’homme au désert par amour, car le désert est un don de Dieu. Le désert réalise ce que demandait saint Augustin quand il disait : « Seigneur, fais que je te connaisse et que je me connaisse ».
C’est donc dans le désert que l’on se prépare le mieux pour rencontrer et connaitre Dieu et découvrir sa volonté à notre égard. C’est là que l’on peut découvrir notre condition de pécheur aussi bien que l’amour miséricordieux de Dieu.
Il nous faut donc avoir des moments de désert dans notre vie. Il s’agit d’une étape nécessaire dans notre cheminement dans la foi si nous voulons avancer dans la sainteté.
Alors situons-nous dans le désert, prenons garde à nos sens et spécialement à notre imagination, afin d’entendre la prédication du précurseur du Seigneur. Quel est donc le message de saint Jean Baptiste ?
Dans l’Evangile d’aujourd’hui c’est Jésus lui-même qui répond à cette question, quand il demande à son tour :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert? Un roseau agité par le vent? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir? Un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi’ ».
Jean le Baptiste nous prêche par sa parole répétant le message qu’avait déjà donné déjà le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». Jean prêche ainsi la conversion. Il parle de la part de Dieu, voilà pourquoi les gens sortent à sa rencontre. Il indique ainsi la manière précise de préparer la venue du Sauveur. Mais il nous prêche surtout par son exemple : vie de prière et de pénitence, parce que le Seigneur est proche. L’Evangile nous dit «qu’il avait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de peau autour des reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage » (Mt 3,4).
Jean prêche spécialement par l’exemple de sa propre vie. Saint Maxime de Turin déclare à ce propos: « Jean lui-même a parfaitement tracé et ordonné sa voie pour l’arrivée du Christ, car il a été en tout point sobre, humble, pauvre et vierge. Quelle plus grande marque d’humilité que le mépris des vêtements moelleux pour se vêtir de poils rugueux? Quelle plus profonde marque de foi que d’être toujours prêt, les reins ceints, à tous les devoirs du service? Quelle marque de renoncement plus éclatante que de se nourrir de sauterelles et de miel sauvage? ».
Il est nécessaire donc de nous convertir. Et pour nous éviter de penser que la conversion conduit à une vie triste, cet Evangile est précédé par des exhortations à la joie: le prophète Isaïe nous dit : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie! On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu ».
La conversion implique la joie, parce qu’en effet on s’approche de Dieu, unique source de la vraie joie.
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur; je le redis : soyez dans la joie. Ne soyez inquiets de rien »insiste l’apôtre saint Paul qui avait mis pleinement sa confiance en Dieu le Père, et qui nous invite à faire de même.
N’ayons pas peur donc de nous convertir; seul le Bon Dieu peut nous donner la joie et la paix tant désirées par notre cœur.
Que Notre Dame de l’Avent, Elle qui attend dans la joie la naissance de l’Enfant Jésus, intercède pour nous en ce jour afin de nous convertir sincèrement au Seigneur, source de joie véritable.