Une attitude humble est très importante car il nous faut renoncer à la quête effrénée des honneurs et nous contenter d’attendre ceux qui nous seront donnés, et il nous faut savoir recevoir de Dieu seul l’honneur et la gloire.
Jésus, dans l’Evangile de ce dimanche, nous exhorte, afin de progresser dans la sainteté, à toujours demeurer dans l’humilité et la générosité désintéressée qui sont, toutes deux, très importantes également pour notre relation avec les autres. Dans ce passage, nous pouvons admirer en outre la psychologie dont Jésus fait preuve ou, mieux, son habile pédagogie.
Jésus participe à un repas dans la maison d’un des chefs des pharisiens et, en observant la manière qu’ont les invités de prendre les premières places, il donne un conseil à l’aide d’une parabole.
« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place ». Il en indique ensuite la raison en se fondant sur la psychologie humaine : « Car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : » Cède-lui ta place « , et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place ».
Jésus nous donne un conseil qui vise à nous éviter une humiliation, à nous éviter la honte, mais pour l’éviter il nous conseille justement de nous humilier nous-mêmes : « Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : » Mon ami, avance plus haut « , et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi ».
Souvent il est, pour nous, difficile de suivre ce conseil de Jésus car nous cherchons toujours à occuper, autant que faire se peut, les premières places et nous n’acceptons pas volontiers de nous retrouver à la dernière. Mais cette attitude humble est très importante car il nous faut renoncer à la quête effrénée des honneurs et nous contenter d’attendre ceux qui nous seront donnés, et en particulier il nous faut savoir recevoir de Dieu seul l’honneur et la gloire.
Déjà dans l’Ancien Testament nous trouvons ce même enseignement. La première lecture nous dit en effet : « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser ».
La recherche d’honneur et gloire a fait tomber Lucifer au plus bas sans aucune possibilité de se relever. Et par contre, l’humiliation volontaire a fait mériter à Jésus l’exaltation. C’est ainsi que nous lisons dans la lettre aux Philippiens (2, 05-11) : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : «Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père».
Jésus veut que nous adoptions une attitude humble car l’humilité rend notre âme très agréable à Dieu. Notre Mère du Ciel nous le rappelle dans son Magnificat : Dieu a regardé l’humilité de sa servant et l’a comblée ensuite de ses bienfaits.
Jésus nous donne ensuite un autre exemple et nous conseille d’agir avec une générosité désintéressée. Il dit d’une manière surprenante : « Quand tu donnes un déjeuner ou un diner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ». Un tel conseil peut sembler bien étrange car, pour un déjeuner, on invite habituellement sa famille et ses amis. Pourquoi Jésus nous recommande-t-il d’agir ainsi ? La raison qu’il donne lui-même est assez surprenante : « sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour».
Quel mal peut-il y avoir à rendre une invitation ? Il est difficile de comprendre immédiatement le motif de ce conseil de Jésus. Mais il ajoute alors : « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre ».
Il est étonnant de trouver le bonheur dans le fait que nos débiteurs n’ont rien à nous rendre ! Mais Jésus nous donne à la fin la clé de tout ce discours : « Cela te sera rendu à la résurrection des justes». La récompense sera une récompense divine bien supérieure à tout ce que peuvent nous rendre les hommes.
Jésus nous invite ainsi à la générosité désintéressée pour nous ouvrir le chemin vers une joie d’une qualité bien supérieure : la joie d’imiter le bon Dieu, la joie d’être unis à Dieu dans une générosité désintéressée, la joie de vivre dans l’amour qui vient de Dieu et qui nous unit à lui.
Saint Jean Chrysostome dit : « Ne faisons donc jamais du bien aux autres, dans l’espérance qu’ils nous le rendent, c’est là une intention misérable ; aussi une amitié de ce genre perd-elle bientôt toute sa force ; si au contraire vous invitez les pauvres, vous aurez pour débiteur Dieu, qui ne vous oubliera jamais.
Soyons donc sans inquiétude, lorsque nous ne recevons pas la récompense de nos bienfaits ; soyons bien plutôt inquiets, quand nous la recevons, car alors nous n’avons plus rien à attendre ; mais si les hommes ne nous rendent rien, alors c’est Dieu lui-même qui nous le rendra » .
Que notre bon Jésus nous accorde de vivre en humilité et dans une générosité désintéressée.