L’hospitalité.
Nous ne devons pas nous illusionner en pensant que nous sommes importants, que notre service du Seigneur est essentiel et que sans nous il ne pourrait pas réaliser son œuvre. De telles pensées ne correspondent pas à la réalité. Nous devons plutôt nous préoccuper d’écouter le Seigneur, de l’accueillir en nos cœurs.
Il y a, entre l’Evangile de ce dimanche et la première lecture un rapport évident : les deux envisagent le thème de l’hospitalité vertu annexe de la charité.
Abraham se montre généreux envers trois hommes qui s’approchent de sa tente. Jésus reçoit l’hospitalité dans la maison de Marthe et Marie. Cependant il y a, entre ces deux épisodes, une différence profonde.
Dans le récit d’Abraham, ce qui est mis en avant, c’est la générosité du patriarche qui accueille ses invités. A peine les a-t-il vus s’approcher de sa tente, il va à leur rencontre, se prosterne et leur demande d’être ses hôtes, de lui faire cette grâce d’accepter son hospitalité : « Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur ».
Cette attitude d’Abraham est très impressionnante. Il fait preuve d’une promptitude et d’une disponibilité extraordinaire. Il se préoccupe de faire laver les pieds de ces personnes et de leur préparer une nourriture abondante en faisant tuer un jeune veau et en faisant préparer des galettes par Sarah. Son hospitalité est extraordinaire.
Le récit nous rapporte qu’Abraham, en accueillant ces trois personnes, a, en réalité, accueilli Dieu. Cet événement est très cher à la spiritualité de l’Eglise orientale. Nous connaissons tous la fameuse icône d’Andrei Roublev, qui le figure lui donnant une interprétation trinitaire. En accueillant ces trois personnes, Abraham leur dit : « Seigneur » au singulier. Les pères de l’Eglise y ont toujours vu un signe de la Trinité : trois personnes qui sont un seul Seigneur.
L’hospitalité dont il fait preuve est louée et portée à un très haut niveau car le récit nous suggère que, en la pratiquant, nous entrons directement en contact avec Dieu.
Et Dieu se montre généreux ! A la fin il fait à Abraham la promesse suivante : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sarah, ta femme, aura un fils ». Abraham et Sarah n’espéraient plus avoir de fils en raison de leur âge avancé, mais le Seigneur accomplit pour eux ce miracle pour les récompenser de leur hospitalité généreuse.
Nous retrouvons un exemple d’hospitalité généreuse dans l’Evangile dans la personne de Marthe qui est attentive à servir Jésus et à faire ce qui est possible pour qu’il se trouve à son aise dans sa maison.
Mais l’Evangile nous montre qu’il y a deux manières d’accueillir Jésus. On peut le faire de manière active, comme Marthe qui multiplie les attentions délicates envers lui ou bien comme Marie qui l’accueille en se mettant à ses pieds pour l’écouter.
Jésus nous fait comprendre que cette seconde manière est meilleure. L’autre est, certainement, nécessaire mais un hôte est plus honoré par ceux qui l’écoutent et cherchent à comprendre ce qu’il veut, ce qu’il dit et ce qu’il suggère. Cela est d’autant plus vrai dans le cas de Jésus que sa parole est la Parole de Dieu lui-même. Il peut donc dire : « Marie a choisi la meilleure part ». Elle a choisi d’être l’hôte, celle qui est reçue et accueillie par le Seigneur et qui se nourrit de sa parole. En ce sens, la relation d’hospitalité est réciproque.
Marthe ne le comprend pas et, affairée par ses multiples activités, elle fait une remarque à Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider ». Cette demande semble bien normale mais Jésus ne l’accueille pas. Il reproche à Marthe de se préoccuper de trop de choses et défend Marie qui a choisi la meilleure part : « elle ne lui sera pas enlevée ».
Nous voyons ici une autre manière de concevoir l’hospitalité, mais nous voyons surtout l’importance de l’écoute de la Parole de Dieu. Nous avons toujours besoin d’accueillir Jésus, d’accueillir sa parole et d’accueillir l’amour de son cœur.
Nous ne devons pas nous illusionner en pensant que nous sommes importants, que notre service du Seigneur est essentiel et que sans nous il ne pourrait pas réaliser son œuvre. De telles pensées ne correspondent pas à la réalité. Nous devons plutôt nous préoccuper d’écouter le Seigneur, de l’accueillir en nos cœurs. Telle est la manière juste de l’accueillir !
Il est certain que l’action est nécessaire mais nous devons être persuadés de la supériorité de l’accueil du Seigneur en nos cœurs. Ce qui est le plus important, c’est ce que le Seigneur fait pour nous, ce qu’il dit et ce qu’il accomplit. Nous sommes seulement ses modestes collaborateurs qui devons accueillir ses pensées et ses sentiments pour collaborer à son œuvre conformément à sa volonté.
Dans la seconde lecture, saint Paul fait montre de son zèle pour la Parole de Dieu. Il annonce le Christ en avertissant, en instruisant tout homme avec sagesse, afin d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ. L’apostolat consiste à convaincre les personnes d’accueillir le Christ, c’est-à-dire d’accueillir sa parole et sa grâce. La prédication de saint Paul s’adresse à toutes les nations, en particulier aux païens. Il montre combien le Christ est généreux : il accueille tous les hommes et veut tous les unir pour les faire entrer dans une même famille.
Sainte Thérèse d’Avila : « Donc, si contempler, faire oraison mentale ou vocale, soigner les malades, servir dans les emplois de la maison, assurer les travaux, même les plus vils, n’est autre chose que rendre ses devoirs à l’hôte divin qui vient loger, manger et se reposer chez nous, que nous importe de le servir d’une manière ou d’une autre ? ».