Tous les saints.
Le pécheur tend la main au saint, donne la main au saint , puisque le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l’un par l’autre, l’un tirant l’autre, ils remontent jusqu’à Jésus, ils font une chaine qui remonte jusqu’à Jésus.
L’Eglise nous invite aujourd’hui à célébrer la solennité de la Toussaint, fête où nous célébrons les mérites de tous nos frères et sœurs, une multitude que l’on ne peut pas compter, qui sont déjà au Ciel. Notre Eglise est l’Eglise des saints. Heureux, trois fois heureux alors les êtres qui, loin de se scandaliser de la pauvreté d’une Eglise continuellement rongée par les principes du mal, nourrissent un amour assez pur et assez lucide pour apercevoir, au-delà de son vêtement humain souillé par le péché et par l’usure du temps, la splendeur adorable de son cœur habité par la gloire.
Fête de la Toussaint, fête de la communion de tous les saints. Depuis longtemps les scientifiques envoient des signaux dans le cosmos, dans l’attente de réponses de la part d’êtres intelligents vivant sur une planète perdue. Depuis toujours l’Eglise dialogue avec les habitants d’un autre monde, les saints. C’est ce que nous proclamons lorsque nous disons : « Je crois à la communion des saints ». Tout ce que les saints ont acquis par grâce, ils veulent le partager avec nous . C’est ce disait la petite Thérèse: « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». Les saints sont plus que des exemples à suivre, ils nous accompagnent, ils entendent nos prières et ils intercèdent pour nous.
L’Eglise nous présente aujourd’hui dans les lectures bibliques comme un aperçu du Ciel, nous ouvre un peu le mystère que nous souhaiterions déjà connaître ; que nous voudrions percer d’une certaine manière afin de savoir ce que le Bon Dieu prépare à ceux qu’il a choisis, à ses élus. Et dans l’Evangile, la Sainte Eglise nous rappelle que nous sommes encore ici-bas et que nous avons à suivre ce que l’on pourrait appeler le code de la route du Ciel, qui ne sont autres que ces magnifiques béatitudes suivies de tous les enseignements de Notre Seigneur, données sur la montagne.
L’Eglise s’efforce d’attirer nos regards vers le Ciel, afin d’y attirer nos cœurs et nos âmes. Car, en définitive, nous sommes bien des pèlerins du Ciel ; nous sommes bien dans l’état de voyageur et nous avons par conséquent à regarder le but vers lequel nous marchons. Que sera le Ciel ? Qu’est-ce que le Ciel pour ceux qui s’y trouvent, pour les élus? Saint Jean nous décrit ces foules immenses non seulement du peuple juif, mais venues de tous les horizons du monde, de toutes les nations et qui adorent le Seigneur et qui chantent ses louanges. Honneur, gloire, toute-puissance au Dieu Créateur dans les siècles des siècles.
Rappelons-nous la Transfiguration. Les apôtres sont comme projetés à terre par la splendeur que Notre Seigneur découvre à leurs yeux, splendeur plus belle que le soleil, disent-ils. Notre Seigneur, avant sa Passion, avant l’épreuve qu’allaient subir les apôtres, leur montre ce qu’il était en réalité, car Notre Seigneur aurait dû avoir cette splendeur et cette lumière d’une manière naturelle étant donné qu’il avait la vision béatifique, qu’il était dans le Ciel. Non pas seulement qu’il était dans le Ciel, mais qu’il est le Ciel. Notre Seigneur c’est le Ciel : Ubi Christus ibi Paradisus : « Où est le Christ, là est le Paradis ». Et par conséquent, il était normal que Notre Seigneur découvre ce qu’il était, qu’il était Dieu. Et les apôtres se sont trouvés ravis, tellement bien qu’ils ont demandé de dresser trois tentes pour demeurer dans cet endroit, pour l’éternité en quelque sorte. Ainsi, nous pouvons penser que tout est lumière là-haut ; tout est grandeur ; tout est splendeur.
Et puis nous savons aussi par les saints du Ciel, par la permission de Notre Seigneur , qui sont venus apparaître à des personnes choisies ici-bas, nous savons, que ces apparitions réelles, les apparitions reconnues par l’Eglise, ces personnes se sont trouvées elles aussi, ravies, en dehors de leurs sens. On se rappelle de Bernadette, voyant la très Sainte Vierge, elle ne sentait plus la douleur de la flamme que l’on approchait de ses mains et qui brûlait, en quelque sorte ses doigts. Eh bien, elle ne le sentait pas, parce qu’elle était ravie par la beauté et la sublimité de la très Sainte Vierge Marie. Ainsi donc nous pouvons penser que le Ciel est quelque chose qui nous ravira, qui sera tellement beau, tellement splendide, tellement émouvant que nous serons aussi transporté de joie et heureux d’approcher Celui qui est notre Dieu. S’approcher de Dieu ; c’est approcher de l’amour.
Mais il y a des conditions à remplir pour aller au Ciel et Notre Seigneur, dans son Sermon sur la montagne, n’oublie pas de nous dire que la voie est étroite. C’est dans ce Sermon sur la montagne qu’il nous rappelle que le chemin qui conduit au Ciel n’est pas un chemin facile et que tous malheureusement n’y parviennent pas. La première partie est celle des béatitudes. Et nous sommes stupéfaits par ces béatitudes qui contredisent l’esprit du monde. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! ». Les saints sont ceux qui ont eu faim et soif de justice, c’est-à-dire, dans le langage biblique, de sainteté. Ils ne se sont pas résignés à la médiocrité, ils ne se sont pas contentés de demies mesures.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous aider à marcher selon ce code de la perfection que Notre Seigneur a prêché sur la montagne. Demandons à tous les saints du Paradis d’intercéder pour nous qui vivons encore dans «cette vallée des larmes». Voici comment Péguy exprime cette mystérieuse suspension des pécheurs que nous sommes aux saints: « Celui qui ne donne pas la main, c’est celui-là qui n’est pas chrétien. Le pécheur tend la main au saint, donne la main au saint , puisque le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l’un par l’autre, l’un tirant l’autre, ils remontent jusqu’à Jésus, ils font une chaine qui remonte jusqu’à Jésus, une chaine aux doigts indéliables. Celui qui n’est pas chrétien, celui qui n’a aucune compétence en christianisme, en chrétienté en matière de chrétienté, c’est celui qui ne donne pas la main. » (Un nouveau théologien).
Ainsi, nous aurons l’espérance d’aller rejoindre ceux qui sont au Ciel.