La sagesse divine est folie aux yeux des hommes. Elle consiste à se détacher de toute créature pour s’attacher seulement au Créateur et vivre pleinement en enfant de Dieu. Elle consiste encore à renoncer aux choses de ce monde pour avoir un trésor dans le ciel, un trésor éternel.
L’Evangile de ce dimanche nous présente un homme qui semble animé des bonnes intentions. Il veut savoir ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui indique le chemin : il faut observer les commandements. Le jeune homme dit : « Maître, j’ai observé tout cela (Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère….) depuis ma jeunesse».
Cette réponse plait à Jésus qui « posa son regard sur lui, et il l’aima ». Alors, par amour, il lui demande une chose bien plus difficile : «une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi ».
Pour suivre Jésus, il faut être prêt à tout laisser. Jésus s’avance, en effet, sur son chemin avec résolution et ceux qui sont alourdis par trop de poids ne peuvent réussir à le suivre. Jésus nous invite au détachement, au renoncement et à la générosité. Il dit au jeune homme : « Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ».
A ces paroles, le jeune homme s’en va triste. Plutôt que d’accueillir l’invitation de Jésus dans la confiance, comme l’ont fait les apôtres (saint Matthieu, par exemple…), il s’en va affligé car il a de grands biens.
Ce jeune homme est attaché à ses biens et ne peut accueillir la sagesse divine qui, comme le dit la première lecture, est plus précieuse que l’or et que l’argent : « Tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue ».
La sagesse divine est folie aux yeux des hommes. Elle consiste à se détacher de toute créature pour s’attacher seulement au Créateur et vivre pleinement en enfant de Dieu. Elle consiste encore à renoncer aux choses de ce monde pour avoir un trésor dans le ciel, un trésor éternel.
Les biens de ce monde, de par eux-mêmes ne peuvent pas combler le cœur humain. Si leur usage n’est pas ordonné à la gloire de Dieu et au salut de l’âme, ils ne font que remplir le cœur mais sans y susciter de la joie. Au contraire, ils le remplissent plutôt de préoccupations, d’angoisses, de tristesse.
Jésus ajoute ensuite une considération : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! ». Les disciples sont stupéfaits car l’Ancien Testament considère les richesses d’une manière très positive. Les biens matériels, la richesse sont souvent le signe des bénédictions divines. Ils sont promis à ceux qui vivent selon les préceptes de la loi du Seigneur. Les disciples ne comprennent donc pas comment les richesses, un don de Dieu, peuvent rendre difficile l’accès au royaume de Dieu.
Mais Jésus insiste : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Cette comparaison n’exprime pas une difficulté mais une impossibilité ! Pour un chameau, il n’est pas difficile de passer par le trou d’une aiguille, c’est impossible ! Or Jésus dit qu’il est encore plus difficile pour un homme riche d’entrer dans le royaume de Dieu. Ici le terme « riche » est synonyme d’ « attachement ». Et dans ce sens saint Jean de la Croix affirme : « Qu’importe qu’un oiseau soit attaché d’un fil mince ou d’une corde ? Car, pour fin que soit le fil, l’oiseau y demeurera attaché comme à la corde, tant qu’il ne le brisera pas pour voler. Il est vrai que le fil est plus facile à rompre, mais, pour facile que ce soit, s’il ne le rompt pas, il ne pourra prendre son essor ».
Pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut avoir le cœur libre, absolument libre. C’est pour cela qu’un pauvre, par le seul fait d’être pauvre, n’est pas non plus sauvé, si son cœur reste attaché à des biens de ce monde. Le salut ne dépend donc pas de la richesse ou de la pauvreté matérielle. « Heureux le pauvres de cœur car le royaume des Cieux est à eux ».
Impossible de servir deux maîtres : ou Dieu ou l’argent ; le Créateur qui rend libre ou la créature qui rend esclave.
A la fin du passage de l’Evangile d’aujourd’hui, le dialogue entre saint Pierre et Jésus vient renforcer cette idée : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre », dit saint Pierre ; et un ancien écrivain chrétien (Théophile) commente : « Pierre a quitté bien peu de chose (car il était pauvre), et cependant il dit : « Nous avons tout quitté », car il faut peu de chose pour nous rendre esclaves de la cupidité ; aussi on est heureux quand on a su le sacrifier ». Et saint Bède ajoute : Mais il ne suffit pas de tout abandonner ; il faut, comme dit saint Pierre, suivre Jésus. Voilà la perfection de la vie chrétienne.
Que par l’intercession de Notre Mère du ciel, Dieu nous accorde un cœur libre, capable de suivre le Bon Jésus.