Solennité de sainte Jeanne d’Arc , patronne secondaire de la France.
Il est heureux que nous puissions honorer et vénérer la mémoire de sainte Jeanne d’Arc au cours d’une messe du dimanche. Le mois de mai est un mois important pour la patronne secondaire de la France : c’est notamment au cours du mois de mai qu’elle délivrera la ville d’Orléans (8 Mai 1429) et qu’elle sera exécutée ( 31 Mai 1431). Son exemple nous apprend que l’important est que chacun accomplisse son devoir d’état, là où il est, en fonction de ce qu’il est.
Beaucoup de choses ont été écrite sur sainte Jeanne d’Arc. Je voudrais simplement ce matin reprendre avec vous quelques points liés à sa vie qui peuvent nourrir notre réflexion et notre prière.
Jeanne d’Arc apparait tout d’abord comme une fille de Dieu et de la Patrie, comme le souligne la collecte de la messe qui invoque Jeanne d’Arc ainsi : « Dieu qui a suscité admirablement Jeanne pour défendre la foi et sa patrie».
Jeanne d’Arc est sainte parce qu’elle était une « fille de Dieu » comme l’appelaient les saints et saintes venue du ciel. Fille de Dieu, vivant en permanence de Dieu et avec Dieu, tel est le secret de son courage, de sa ténacité, de sa bravoure. Nous devons entendre le témoignage de sainte Jeanne lors de son procès à Rouen : « Dieu le commandait, il convenait de le faire ». « Dieu premier servi ». «La voix de Dieu m’a appris à bien me diriger».
Femme d’action, elle prenait le temps de prier longuement, de se confesser régulièrement, de participer à la messe aussi souvent que possible, tous les jours si c’était possible. Le secret de Jeanne est dans sa foi chrétienne, profonde, lumineuse et nourrie en permanence par sa relation à Dieu. Cette jeune fille de Lorraine a été choisie par Dieu pour un destin unique. Mais l’environnement dans lequel Jeanne a vécu et l’éducation qu’elle a reçue y ont contribué. Elle a reçu les sacrements de l’initiation chrétienne. Elle a appris à prier, à fréquenter l’église, à être en relation avec Dieu. Ses parents lui ont appris le travail bien fait, l’amour des pauvres, à tout « faire volontiers » selon le témoignage de ses contemporains. A 13 ans, elle entend des voix, qui vont l’initier à l’intériorité, à la vie surnaturelle, au silence, à la prière, à l’écoute de Dieu et à l’obéissance et elle fit le choix de n’être qu’à Dieu seul. Elle restera fidèle à Dieu tout au long de sa vie.
Comme le dit l’Evangile choisi pour sa fête, elle renonce à elle-même, elle prend sa croix et suit le Christ. Son état de vie déjà le dit : toute donnée à Dieu et à sa mission, Jeanne offrira sa virginité à Dieu. Son don est total. Comme Jésus, elle donne sa vie, elle l’offre en étant condamnée à mort. Mais d’autres aspects de sa vie la rapprochent de Jésus. Elle va être capturée par des Bourguignons, à l’origine Français, en 1430 à Compiègne, pour être vendue à des Anglais. Cela rappelle la trahison de Jésus par l’un des siens pour être vendu aux autorités religieuses. Son procès sera tout sauf un procès juste : on cherche et on produit de faux témoignages ; tout comme pour Jésus. On l’accusera d’être au service du démon, tout comme Jésus qui sera accusé d’être au service de Béelzeboul. On pourrait continuer à développer la conformité de sa vie avec celle de Jésus. De fille de Dieu, on pourrait dire qu’elle devient Epouse du Christ.
Jeanne est aussi fille de sa patrie. La France de l’époque est ravagée par une guerre d’épuisement contre les Anglais ; le pouvoir royal est décadent, bloqué dans une espèce de peur, de torpeur et d’immobilisme. Jeanne va remettre les choses à l’endroit, va faire sacrer le Roi Charles VII à Reims le 17 Juillet 1429, redonnant ainsi confiance aux Français et aux soldats. Elle rétablit le pouvoir politique en France, tout en ordonnant ce pouvoir terrestre au pouvoir céleste. Il y aurait bien de quoi réfléchir aujourd’hui, alors que nous voyons que le pouvoir politique terrestre ne cesse de s’affirmer en écartant, parfois en contestant ou en niant, le pouvoir qui vient de Dieu. Nos législations ne sont plus fondées sur Dieu, ni sur l’Evangile, et elles sont enracinées dans une laïcité qui combat les expressions religieuses.
Jeanne d’Arc est aussi une femme de combat. Prenant la tête des armées, elle délivrera la ville d’Orléans, conduit le Roi à Reims pour qu’il y soit sacré, inversant ainsi le cours de la guerre de 100 ans. En avant de l’armée, elle porte un étendard aux noms de « Jésus et Marie ». Elle aura surtout eu la grâce de ne tuer personne au cours de ces différents combats. Elle sera blessée, mais n’ôtera pas la vie. Sainte Jeanne d’Arc nous apprend que nos combats ne doivent jamais être menés sans Dieu, mais avec Lui. Et c’est Lui qui obtient la victoire. Si Jeanne d’Arc a accompli sa mission, c’est parce qu’elle a obéi à Dieu ; elle n’est pas partie d’elle-même, mettant après coup Dieu dans son projet. Réfléchissons nous-mêmes aux combats que nous menons : combats pour la foi, pour l’évangélisation, pour maintenir des principes chrétiens dans une société qui les rejette. Même si nos intentions sont bonnes, Dieu est-il à l’origine de nos œuvres ? Il est important de nous mettre à l’écoute de Dieu pour que nos entreprises réussissent. La parole du psaume est sage : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes ». Nous devons faire l’œuvre de Dieu.
Je souhaiterais terminer par une réflexion plus « sociétale » comme on dit aujourd’hui. Jeanne d’Arc, qui inverse le cours de la guerre de Cent ans, qui va faire sacrer le Roi à Reims, qui prend la tête des armées et remporte des victoires, est une femme ! Aujourd’hui on veut nous faire croire que les femmes n’ont jamais rien fait auparavant. Mais c’est une méconnaissance de l’histoire de France ! Déjà, sainte Geneviève délivrait, protégeait et nourrissait Paris de l’invasion des Huns. Je passe sur les régentes qui ont gouverné le royaume de France quand les Rois étaient trop petits ; je passe sur le rôle discret, mais non secondaire, des femmes dans l’exercice du gouvernement. Et nous avons Jeanne d’Arc ! Je crois que ces différents exemples nous protègent d’entrer dans des visions idéologiques, mais surtout nous apprennent que l’important est que chacun accomplisse son devoir d’état, là où il est, en fonction de ce qu’il est. Il est curieux que les différents courants féministes qui habitent notre société ne reconnaissent pas en Jeanne d’Arc un modèle éminent et moderne à la fois pour le statut de la femme. Mais il est vrai, qu’il faudrait alors intégrer le rapport fondamental à Dieu, qui est Celui qui donne toute liberté et reconnaître que la chrétienté a permis ce rôle premier des femmes.
Que sainte Jeanne d’Arc veille sur la France afin qu’elle demeure fidèle à Dieu et à la mission que Dieu lui a confiée au cours de son histoire.
Ainsi-soit-il.