Nous devons reconnaitre, et l’Eglise nous invite à le faire au début de chaque messe, que nous sommes pécheurs. Nous devons demander au Seigneur et chercher à accueillir la grâce de Dieu avec toujours plus de sincérité, à vivre une vie qui corresponde véritablement à notre profession de foi chrétienne.
Sources :
– Cardinal Albert Vanhoye.
– Sermon 46 de Saint Augustin
– https://levangileauquotidien.org/FR/gospel/2020-09-27
Le sujet qui est proposé à notre réflexion en ce dimanche, c’est le regret de nos péchés et la conversion. Le péché est condamné par Jésus, mais il désire fortement sauver le pécheur : « Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive ».
Un homme peut changer d’attitude : de bon, il peut devenir mauvais et de mauvais il peut devenir bon. Le prophète Ezékiel parle d’un homme juste qui s’éloigne de la justice puis d’un homme injuste qui abandonne l’injustice. Il dit, au nom de Dieu, que l’attitude assumée à la fin détermine la récompense ou le châtiment : l’homme juste qui s’éloigne de la justice afin de commettre l’iniquité meurt. L’injuste qui se départit de son injustice et agit avec droiture reçoit la vie.
Jésus redit différemment la même chose dans l’Evangile. Il raconte une parabole et donne tout de suite son application aussi dure et forte qu’elle soit. Un homme avait deux fils. Il dit au premier : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne ». Et celui-ci lui répond : « Je ne veux pas ». Il dit alors au second la même chose : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne ». Et celui-ci lui répond : « Oui, Seigneur ! » Mais ce ne sont que des paroles qui ne sont suivies d’aucune action : le fils, en réalité, ne va pas travailler à la vigne de son père. Dans le même temps, le premier se repent de son refus et va travailler.
Jésus demande aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « le premier ». La réponse est juste : il a commencé à refuser mais il s’est repenti et a donc réalisé ce que le père désire. Il a donc justement accompli la volonté du père.
Jésus adresse alors une sévère réprimande à ses auditeurs.
Saint Augustin voit dans une attitude comme celle-ci l’image du Bon Pasteur qui essaye de corriger la brebis égarée. C’est pour cela qu’il insiste à temps et à contretemps afin de sauver la brebis égarée. Il ne peut pas souffrir le fait de voir une de ses brebis marchant à la perdition.
« Amen, je vous le déclare –dit Jésus– : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu ». Les publicains et les prostituées sont des personnes qui, d’une certaine manière, font profession de pécher, qui n’agissent pas selon la volonté de Dieu. Ils sont assimilés au premier fils qui dit à son père : « Je ne veux pas ». Mais après avoir péché, ils se convertissent. Jésus dit : « Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole ».
Les publicains et les prostituées ont fait pénitence et ont changé de vie. Les grands prêtres et les anciens du peuple qui font profession d’adhérer généreusement à la volonté de Dieu, sont des personnes de bien et veulent être honorés et respectés. Ils n’ont pas, en revanche, été dociles à la volonté de Dieu.
Les grands prêtres et les anciens du peuple n’ont en rien changé leur comportement et ont continué à vivre dans leur hypocrisie. Si leur apparence extérieure semblait impeccable, la réalité de leur âme était viciée de pensées de vaine gloire et de recherche de leur intérêt personnel.
Ces paroles de Jésus constituent pour nous un enseignement et nous invitent à nous repentir et à faire pénitence. Un moine cistercien (Isaac de l’Étoile) écrivait à ce sujet : « Frères, c’est le moment de sortir, chacun de nous pour sa part, du lieu de notre péché. Sortons de l’abîme de notre péché et acceptons de partir vers le Seigneur. Sortons de la volonté du péché et partons faire pénitence de nos péchés. Alors nous trouverons le Christ : lui-même a expié le péché qu’il n’avait absolument pas commis. Alors, celui qui sauve les pénitents nous accordera le salut : « Il fait miséricorde à ceux qui se convertissent »» (Si 12,3).
« Vous allez me dire : « Qui donc par lui-même peut sortir du péché ? » Oui, en vérité le plus grand péché c’est l’amour du péché, le désir de pécher. Sors donc de ce désir, hais le péché et te voilà sorti du péché. Si tu hais le péché, tu as rencontré le Christ là où il se trouve. A qui hait le péché, le Christ pardonne la faute en attendant d’ôter à la racine nos habitudes mauvaises ».
Nous, chrétiens, faisons souvent profession de suivre Jésus et recevons les sacrements. Extérieurement nous manifestons tous les signes d’une docilité à Dieu, mais cette docilité est-elle véritable, profonde ou bien superficielle et contredite par de nombreuses actions qui ne sont pas conformes à la volonté de Dieu ?
Nous devons reconnaitre, et l’Eglise nous invite à le faire au début de chaque messe, que nous sommes pécheurs. Nous devons demander au Seigneur et chercher à accueillir la grâce de Dieu avec toujours plus de sincérité, à vivre une vie qui corresponde véritablement à notre profession de foi chrétienne.
La seconde lecture nous montre quel devrait être notre comportement si nous étions conformes à notre vocation chrétienne. Saint Paul dit aux Philippiens : « Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus ». Quelles sont donc ces dispositions ? Ce sont des sentiments de totale générosité, d’acceptation des humiliations par obéissance à la volonté de Dieu : le Christ Jésus « lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ».
Jésus aurait pu prétendre à une vie d’honneur et de gloire conforme à tous les privilèges qui résultaient de sa filiation divine. « Mais au contraire, il se dépouilla lui-même, il a renoncé à tous ses privilèges par solidarité avec les pécheurs. Il a assumé la condition d’esclave, la condition de l’humanité pécheresse et est devenu semblable aux hommes pécheurs. Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix ». Ce comportement de Jésus doit aussi être le nôtre.
Que notre Seigneur nous accorde la grâce de haïr le péché afin d’aimer Dieu de tout notre cœur.
Ainsi soit-il.