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Année 2020-Homélie pour la solennité de la Pentecôte (JA).

Le respect de la Sainte Eucharistie : un effet de la Pentecôte.
Dès les débuts de son existence, l’Eglise a connu ses périodes les plus fructueuses lorsqu’elle a rendu une profonde vénération et adoration à la Très Sainte Eucharistie. A chacun de ces moments a été visible l’authentique effet de la Pentecôte.

Source: Mgr Athanasius Schneider  « Corpus Christi ».

 


L’Eglise, dans son pèlerinage vers le Ciel, croit et est édifiée à travers l’action de l’Esprit-Saint, spécialement au moyen de la crainte de Dieu (Act IX, 31), des œuvres surnaturelles de foi, d’espérance et de charité et des actes concrets d’adoration du Dieu incarné dans Ses manifestations visibles, en particulier par Sa présence sous les voiles du sacrement de l’Eucharistie.
Dès les débuts de son existence, l’Eglise a connu ses périodes les plus fructueuses lorsqu’elle a rendu une profonde vénération et adoration à la Très Sainte Eucharistie. A chacun de ces moments a été visible l’authentique effet de la Pentecôte.

La sainte liturgie de l’Eglise, tout particulièrement à travers la liturgie du sacrifice eucharistique, la Sainte Messe, est la continuation de la prière que le Christ, Souverain Prêtre, a offerte à Dieu sur la terre et continue de lui offrir au Ciel avec un profond respect (Hébr V, 7).
Les prières et les gestes accomplis avec grand respect et dévotion, donc avec la sainte crainte de Dieu, recouvrent véritablement un caractère lié à la Pentecôte, parce que la crainte de Dieu est un don de l’Esprit Saint. « Elle est en effet la conséquence non de l’angoisse [ou de la peur] mais de l’amour : il s’agit de la crainte de faire de la peine à l’Etre aimé, de détruire par notre faute les fondements de l’amour. Celui qui aime Dieu sait que la seule angoisse, le seul malheur est d’être séparé de Lui » ( Ludovic Lécuru: Les sept dons du Saint-Esprit). Cette crainte est essentielle à notre vie spirituelle, et d’une manière particulière elle est indispensable quand nous célébrons les saints mystères.
Ainsi les principaux moments de la Sainte Messe, à savoir la consécration (où Jésus-Dieu se fait réellement présent dans l’hostie) et la communion (où les fidèles s’unissent sacramentalement à Jésus), doivent précisément revêtir ce caractère de référence à la Pentecôte et être pleinement imprégnés de la présence de l’Esprit-Saint, qui inspire la crainte de Dieu et la piété.
La Lettre aux Hébreux (XII, 28-29) nous invite à rendre « à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte (cum metu et reverentia) car notre Dieu est aussi un feu dévorant ». Ce feu dévorant est l’Esprit-Saint.

Donc plus la prière, le style, les rituels et les gestes de la Sainte Messe exprimeront de respect et de crainte de Dieu, plus une telle liturgie pourra se dire en harmonie avec la Pentecôte, c’est-à-dire emplie des fruits de l’Esprit-Saint.
La liturgie en effet ne véhicule une authentique utilité spirituelle que lorsqu’elle est conforme à la Sainte Écriture et à l’exemple des premiers chrétiens, lorsque l’effet de la présence du feu dévorant qu’est l’Esprit-Saint est le plus fort, Lui qui inspire le saint amour qui porte en lui la crainte de Dieu.
Par conséquent lorsque dans les moments les plus saints et importants de la Messe on observe moins de respect et de crainte de Dieu, alors on peut prévoir sans hésiter qu’il y aura moins de fruits de l’Esprit-Saint, moins de Pentecôte, moins de progrès spirituel mais qu’il y aura, au contraire, une régression dans la foi et dans la piété chrétienne.
La façon dont les fidèles reçoivent la Sainte Communion révèle si celle-ci est pour eux non seulement la réalité la plus sacrée mais aussi, et avant tout, la personne la plus aimée et sainte. La réception du corps du Christ dans l’humble hostie exige tout à la fois une foi profonde, un cœur pur et des gestes d’adoration sans équivoque. Cela a été la caractéristique constante des catholiques de toutes les époques, depuis les premiers chrétiens, les contemporains des Pères de l’Église, jusqu’à nos parents et grands-parents.
Le Concile Vatican II nous a rappelé cette vérité : « L’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen gentium, 11) et « La sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Eglise » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique III, q. 65, a. 3 à 1), «à savoir le Christ lui-même » (Presbyterorum ordinis, 5).
Si, comme l’affirme le concile Vatican II, « l’Eucharistie est le sommet et la source de la vie de l’Eglise » ; si « l’Eglise vit de l’Eucharistie », comme l’a enseigné le pape Jean Paul II (Encyclique « Ecclesia de Eucharistia » et testament spirituel) et que l’Eucharistie est le cœur battant de l’Eglise, il est donc évident que la crise actuelle de l’Eglise garde nécessairement une relation avec la façon dont cette source et ce cœur sont traités concrètement .

Dans la foi et la pratique habituelles de l’Eglise, le Christ, réellement présent dans l’Eucharistie, a toujours reçu une adoration exclusivement divine, manifestée aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Intérieurement par la pureté d’âme, l’absence de péché mortel et l’état de grâce sanctifiante. Extérieurement par les gestes corporels d’adoration : se prosterner.
Dans la Bible, l’acte d’adoration de Dieu consistait extérieurement à s’agenouiller puis à se pencher front contre terre, en un geste de prostration. Un tel geste était accompli par Jésus, par Sa Sainte Mère, par saint Joseph quand, chaque année, ils se rendaient en visite au Temple de Jérusalem.
Et c’est de la sorte qu’est vénéré le corps du Christ, le Dieu incarné. Tout d’abord par les mages venus d’Orient (Matt II, 11) ; puis par les nombreuses personnes guéries par Jésus (Matt VIII, 2 ; IX, 18; XV, 25) ; ensuite par les femmes qui virent le Seigneur ressuscité le matin de Pâques (Matt XXVIII, 9) ; enfin par les Apôtres lors de l’Ascension du corps de Jésus au Ciel (Matt 28, 17; Luc XXIV, 52). De même, l’Apocalypse nous fait voir les anges et tous les rachetés et glorifiés de la Jérusalem céleste se prosterner et adorer l’humanité glorifiée du Christ, symbolisée par l’Agneau (Ap V, 8).

Au fil des siècles précédents, l’Eglise n’a cessé de croître dans la profonde connaissance de la vérité du mystère eucharistique. Par conséquent, elle a trouvé des expressions toujours plus parfaites de vénération du corps eucharistique du Christ, spécialement quand le prêtre ou les fidèles s’en approchent. Pour rendre plus manifeste la vérité que la Sainte Communion n’est pas une nourriture commune mais réellement le Très Saint, la sainteté elle-même, à partir du VIIIe siècle, aussi bien dans les Eglises d’Occident que d’Orient, le prêtre prit l’habitude de déposer directement l’hostie dans la bouche des fidèles. Ce geste signifie que c’est le Christ dans la personne du prêtre qui nourrit les fidèles. En outre, ce geste entend nous rappeler à l’attitude d’humilité et à l’esprit d’enfance spirituelle que Jésus Lui-même exige de ceux qui veulent entrer dans le Royaume de Dieu (Matt XVIII, 3). Pendant la Sainte Communion, la Sainte Hostie est réellement le Royaume céleste car en Elle se trouve le Christ qui abrite en Son corps la plénitude de la divinité (Col II, 9).

En conséquence, l’attitude la plus appropriée pour entrer dans le Royaume de Dieu, comme un enfant, est celle-ci : se faire tout petit, s’agenouiller et se laisser nourrir comme un petit enfant, en ouvrant la bouche. Il ne fait pas de doute que le rituel de recevoir le corps divin du Christ durant la Sainte Communion à genoux et dans la bouche a pris forme dans l’Eglise au fil des siècles sous la conduite du Saint-Esprit, Esprit de sainteté, Esprit de crainte et de piété.

Demandons aujourd’hui que l’Esprit Saint vienne remplir nos cœurs. Qu’il les emplisse d’un saint respect et dévotion envers Jésus, le Très Saint, présent réellement dans la Sainte Hostie.
Ainsi soit -il.

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