« Je suis avec vous depuis si longtemps et vous ne me connaissez pas encore ? Qui me voit, Philippe, voit le Père »
A l’approche des fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte la liturgie nous fait méditer un passage de l’Evangile de saint Jean. Il s’agit des paroles prononcées par notre Seigneur Jésus Christ au cours de la dernière Cène.
Jésus dit aux disciples : « En vérité, je vous le dis : si vous demandez quelque chose au Père en mon Nom, il vous l’accordera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon Nom. Demandez, et vous recevrez, pour que votre joie soit parfaite » (Jn 16, 23-24).
Saint Augustin se demande : pourquoi le Seigneur adresse cette observation à ses disciples : «Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon Nom ». N’est-ce pas ici ces mêmes disciples qu’il a envoyés avec le pouvoir de prêcher l’Evangile et de faire des miracles, et qui sont revenus vers lui tout transportés de joie et s’écriant : « Seigneur, voici qu’on votre nom les démons nous sont soumis ? » (Lc 10, 17,20). Comment alors accorder ces deux textes : «Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon Nom ; Seigneur, voici qu’on votre nom les démons mêmes nous sont soumis ? ».
Jésus savait ce qui pouvait rassasier l’âme humaine, cette intelligence et volonté créées à l’image de Dieu ; il savait qu’il ne leur fallait rien moins que lui-même et il savait qu’elles n’en étaient point encore remplies .
Ailleurs, mais en exprimant la même vérité, saint Augustin s’exclame : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi » (Les confessions, 1).
Comment goûter alors les divines douceurs, les perfections du ciel, esclaves que nous sommes de la loi charnelle, de la loi opposée à la loi de l’Esprit ?
Les anges s’abreuvent de ces douceurs qui nous sont inconnues et ce sont les chaines de notre esclavage (nos imperfections volontaires, nos péchés) qui nous empêchent d’atteindre jusques là.
Jésus veut réveiller en nous le désir de lui-même, et à l’approche de l’Ascension et de la Pentecôte, le désir du Ciel et du Saint Esprit. « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux» chante le psaume (23,9). Il devient doux pour notre âme, une fois notre âme libérée par la grâce de Dieu.
Nous tous, comme les apôtres, nous avons déjà demandé à Dieu des choses… Si on est malade on demande la santé ; la délivrance quand on est pris par des angoisses ; le courage devant une épreuve, la réussite face à un examen, etc… et tout cela on le demande au nom du Christ, et pourtant ce n’est rien… et ce n’est même pas un vrai motif de joie ; comme ne l’était pas pour les apôtres le fait d’avoir chassé les démons. Jésus en effet répond à ses disciples : «Ne vous réjouissez point de ce que les démons vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ».
Que faut-il donc demander ? Jésus ne le précise pas ici. On pourrait se rapporter à la prière du « Notre Père »… Mais dans tous les cas, en ce qui nous concerne aujourd’hui Jésus remarque une chose : « demandez afin que votre joie soit pleine/parfaite » ; c’est-à-dire demandons afin d’être rassasiés complètement et non pas afin d’éprouver des délectations provisoires. Demandons, insiste Saint Augustin, ce qui peut nous contenter pleinement ; disons avec l’apôtre Philippe : « Seigneur montre-nous le Père, cela nous suffit » ; et le Seigneur nous répondra : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et vous ne me connaissez pas encore ? Qui me voit, Philippe, voit le Père ».
Que le Seigneur nous délivre de nos infirmités, qu’il délivre nos cœurs des chaines qui les attachent à ce monde, afin qu’ils puissent être remplis de sa divinité.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure »(Jn 14, 23).
Que la Vierge Marie, Cœur Immaculé et demeure du Saint-Esprit, intercède pour nous.
Ainsi soit-i