Martyre ou apostasie, il faut choisir!
Dieu, qui montre aux égarés la lumière de ta vérité pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom et de rechercher ce qui lui fait honneur.
Source : Père José María Iraburu.
infocatolica.com/blog/reforma.php/1607040126-382-elija-por-favor-imartirio.
Aujourd’hui la première lecture me donne une excellente occasion de vous présenter l’enseignement de l’Eglise sur le martyre.
En 166 av J.C. sur l’ordre du roi Antiochos IV Epiphane les sept frères Maccabée sont massacrés en même temps que leur mère, après que le vieux scribe Éléazar, leur précepteur, eut déjà été exécuté. Par leur mort, ils témoignèrent de leur fidélité à la foi du Seigneur et de leur espérance dans la résurrection des morts. Les premiers Chrétiens eurent en grande admiration ces martyrs d’Israël, ils les tinrent pour précurseurs des martyrs chrétiens et pour modèles dans la foi.
Excusez moi mon père mais moi, je n’ai pas la vocation de martyre.
Eh bien, vous devriez aller à la paroisse et demander d’écrire dans votre acte de baptême : apostat.
Le Concile Vatican II dit que « un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l’a dit, jusqu’au dernier jour » (Gaudium et spes, 37b).
Malheureusement la plupart des baptisés ne savent même pas que cette bataille existe, mais dans cette « lutte dramatique entre la lumière et les ténèbres » (ib. 13b), ou bien nous choisissons d’être avec les enfants de lumière par notre disposition au martyre, ou bien nous préférons rejoindre par l’apostasie les enfants des ténèbres. Il n’y a pas de troisième option.
Le martyr au début de l’église.
Notre Seigneur Jésus-Christ fut le premier des martyrs sur la Croix du Calvaire et donna la vocation de martyrs à tous les chrétiens : « Vous recevrez le Saint-Esprit et vous serez mes témoins (martyrs) » (Ac 1,8). Le Christ est venu dans le monde « pour témoigner de la vérité » (Jn 18,37), et ce sera la vocation et la mission de ses disciples. C’est pourquoi de lui beaucoup d’autres martyrs sont nés, jusqu’à nos jours.
Saint Etienne, diacre, est le premier martyr chrétien (an 34 : Ac 6,8-7,60). Des années plus tard, le roi Hérode envoya décapiter Jacques le majeur, frère de l’évangéliste Jean (an 44 : Ac 12,2), et Jacques le mineur, premier évêque de Jérusalem, mourut lapidé (vers l’an 62 ). La première grande persécution contre l’Eglise a été organisée par Néron à l’occasion de l’incendie de Rome. Un grand nombre de chrétiens, hommes, femmes et enfants ont été martyrisés dans les jardins impériaux au Vatican (an 64). A cette époque sont morts martyrs Saint Pierre et Saint Paul (64-67). Les Proto-martyrs de Rome ont donné à toute l’Église la première exégèse vivante, absolument fiable, de ces paroles terribles et énigmatiques du Christ : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous … S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront » (Jn 15,18-20). « Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il se nie lui même, porte sa croix chaque jour et me suive. Eh oui ! Qui voudra sauver sa vie la perdra. Mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Lc 9,23-24). Quiconque d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple » (14,33) : il doit même renoncer « à sa propre vie » (14,26). Nous connaissons bien cette persécution meurtrière que l’Elise de Rome a subie en l’an 64 cause des récits du pape saint Clément quatrième évêque de Rome (88-97) qui dans sa Lettre aux Corinthiens, donne l’exemple de la fidélité au Christ des chrétiens de Rome dans la persécution déclenchée contre l’Eglise par l’empereur Néron, après l’incendie de la ville de Rome : « A ces hommes [Pierre et Paul], maîtres d’une vie sainte, s’est ajoutée une grande multitude d’élus qui, après avoir subi beaucoup de supplices et tourments, sont devenus pour nous un exemple magnifique… beaucoup de femmes ont été persécutées… subissant des tortures graves et néfastes, elles ont couru jusqu’au bout de la difficile course de la foi et, surmontant la fragilité de leur sexe, elles ont obtenu un prix mémorable… Tout cela, très chers frères, nous vous l’écrivons pour vous rappeler non seulement votre obligation, mais également la nôtre, puisque nous sommes tous dans la même arène et que nous devons combattre la même bataille… Regardons de près le sang de Christ et réalisons à quel point il est précieux aux yeux de Dieu son Père, car versé pour notre salut, à tout le monde il a offert la grâce de la conversion ».
Presque tous les papes des trois premiers siècles ont été martyrs. Des 31 évêques de Rome jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin (312-337), 25 papes sont martyrs . Quiconque acceptait d’être le successeur de Pierre et vicaire du Christ sur la terre savait déjà qu’il risquait d’être assassiné très vite. Par conséquent, tous étaient des martyrs, au moins spirituellement. Et tous étaient des saints.
De ces faits historiques, nous pouvons tirer trois conséquences fondamentales :
L’Eglise, au cours de ses trois premiers siècles, n’a aucune viabilité en tant que société religieuse. Elle est composée d’innombrables communautés présentes partout dans l’empire mais elle est fréquemment décimée par les persécutions. Son chef suprême, l’évêque de Rome, meurt presque toujours assassiné. Ce qui est également très fréquent chez les autres évêques et membres principaux des Eglises.
Le peuple chrétien n’est pas scandalisé ni découragé par cette terrible réalité. Il n’y a pas de plaintes ni de lamentations pessimistes dans les premiers écrits chrétiens. Au contraire, les « Actes des martyrs », nous offrent le témoignage de leur victoire, surprenants par leur espoir et leur joie. Tous considèrent comme “normales” les persécutions terribles et apparemment sans fin, car tous savent très bien qu’elles ont été clairement annoncées par Jésus-Christ, premier martyr.
A cette époque, l’Eglise grandit et se répand dans tout l’empire, confirmant ainsi la parole du Christ : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombée dans la terre ne meurt, il demeure seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). En 197, Tertullien écrivait : « Le sang [des martyrs] est semence de chrétiens » »( Apologeticum 50,13).
En même temps, il est écrit dans une lettre d’auteur anonyme au païen Diognète : « Ne vois-tu pas que l’on jette les chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des apostats ; vois s’ils se laissent vaincre ! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l’homme ; le doigt de Dieu est là » (VII).
Pourquoi l’empire romain persécute-t-il à mort les chrétiens quand dans l’immense empire il y a une grande diversité de peuples dont les lois et les religions sont tolérées sans difficulté ? Il y a de nombreuses raisons :
Les communautés chrétiennes confessent un Dieu unique, Seigneur et Maitre de toutes les nations et renient ainsi les dieux romains et toute autre religion.
En raison de leur activité missionnaire continue, ils essayent de répandre la foi en Jésus-Christ seul Sauveur de l’humanité dans le monde entier et affirment que cette foi est seule véritable au milieu d’une forêt d’erreurs et de mensonges.
Les chrétiens dénoncent par leur témoignage et aussi par leur parole les péchés honteux des hommes de leur temps, lesquels considéraient les pires vices comme d’excellentes vertus (Rm 1). Ils refusent de participer au culte officiel de l’empire : ils préfèrent la mort plutôt que de brûler de l’encens devant la statue de l’empereur. Ils n’admettent pas l’avortement, l’infanticide, le divorce, le concubinage, l’adultère, les spectacles indécents et cruels et se démarquent de mauvaises habitudes acceptées par tous.
Devenir chrétien par le baptême était alors une affaire sérieuse, le chrétien risquait vraiment sa vie. Mais malgré les persécutions l’Eglise défie le monde précisément parce qu’elle s’accroche à la Croix du Christ : « in hoc signo vinces ».
Le martyre dans l’Eglise actuelle.
Voyons d’abord trois données fondamentales.
L’Eglise de notre temps a eu d’innombrables martyrs. Sur les 40 millions de martyrs de toute l’histoire de l’Eglise, environ 27 millions sont du XXe siècle (Symposium « Témoins de la foi au XXe siècle », Rome 2000).
Et en même temps :
Au cours des vingt siècles de son histoire, l’Eglise n’a jamais connu une apostasie comparable à l’actuelle, à la fois en nombre et en extension. Au cours des dernières décennies d’innombrables chrétiens ont abandonné Jésus. En méprisant les commandements du Seigneur, ils ont accepté le sceau de la Bête sur le front et sur les mains – en pensées et en actions – (Ap 13, 16-17). Ils se sont massivement éloignés de l’Eucharistie et encore plus du sacrement de la confession. C’est-à-dire qu’ils ont abandonné l’union sacramentelle avec le Christ et la vie de la grâce. Ils ne peuvent plus, dans ces conditions, vivre la vie chrétienne, encore moins la transmettre à leurs enfants.
Contre l’Eglise, la persécution du naturalisme libéral et du relativisme est à notre époque beaucoup plus forte et plus efficace que celle des premiers siècles. L’empire romain tuait les corps par la violence. Mais le monde apostat actuel, utilisant plus la séduction que la force, cherche la destruction de l’Eglise par la corruption des âmes, par la tromperie des mensonges, par la stimulation multiforme du péché, par la destruction du mariage et de la famille, par la dépravation des enfants, des adolescents et des jeunes pour le refus systématique de Dieu et la vie éternelle. La Bête apocalyptique du monde moderne, gardant une certaine discrétion dans ses modes d’action, poursuit sans relâche tout ce qui est chrétien avec la puissante complicité des grandes organisations internationales.
De nos jours des hommes d’Eglise se montrent ennemis de la Croix du Christ, ces hommes refusent l’idée du martyre comme attitude fondamentalement chrétienne. Ce refus de la Croix et du martyre a entrainé l’apostasie de l’Occident, il a été la cause principale de l’effondrement de la foi dans les vieilles nations riches et puissantes d’ancienne tradition catholique. Ces chrétiens ennemis de la Croix et du martyre essaient par tous les moyens d’être bien placés et adulés dans le monde, même si cela implique une complicité, au moins passive, d’abominations profanes. Il faudrait, selon eux, que l’Eglise et chaque chrétien évitent toute confrontation avec le monde… ils sont ainsi sous l’influence du père du mensonge. Lorsque les pires lois sont dictées par la majorité, le martyre leur paraît une option extrémisme, opposée au bien commun. Ces chrétiens ennemis de la Croix et du martyre placés dans le monde dans la situation de Jean Baptiste, se disent : « Je ne dirai pas la vérité au roi, car si je le fais, il me coupera la tête et je ne pourrai pas continuer à faire le bien ». Combien d’évêques, de prêtres, de parents, de politiciens, de professeurs, de missionnaires, de laïcs engagés et de paroissiens de toutes sortes pensent et agissent ainsi ! « Ne savez-vous pas que l’amitié avec le monde est une inimitié avec Dieu ? Si quelqu’un veut être un ami du monde, il devient un ennemi de Dieu » (Jacques 4,4). Ces chrétiens insensés pensent que l’Eglise qui évite le martyre, celle qui « sauve sa vie », celle qui se lie d’amitié avec le monde, celle qui se réconcilie avec lui, sera une Eglise prospère, moderne, beaucoup plus attrayante et plus joyeuse. Mais c’est tout le contraire.
La véritable Eglise du Christ sait que le salut du monde vient de Dieu, l’Eglise des martyrs dit et fait la vérité sans crainte d’être pauvre, marginalisée, persécutée, heureuse de partager le sort de son Divin Fondateur qui par la Croix a sauvé le monde.
Aujourd’hui, les chrétiens fidèles au Christ sont des martyrs du monde mais aussi des martyrs de cette Eglise déchristianisée et accommodée au monde. Les chrétiens fidèles à la messe dominicale, à la prière et aux sacrements (confession fréquente), à l’apostolat et à l’esprit de pauvreté (pas de dépenses superflues pour se souvenir des pauvres et de l’Eglise), qui combattent pour vivre la pureté pendant la jeunesse et la chasteté conjugale (qui exclut les contraceptifs), qui « ne se configurent pas à ce siècle » , c’est-à-dire au péché du monde (luxe, culte du corps, richesse, pouvoir politique, impudeur dans l’habillement, les spectacles, les occasions de péché, usage abusif des médias, etc.) mais qui au contraire essaient de « se transformer par le renouvellement de l’esprit en essayant de connaitre quelle est la volonté de Dieu » (Rm 12,2), sont doublement martyrs, car ils subissent la persécution du monde et celle d’une Eglise mondaine.
Terminons avec une prière : « Dieu, qui montre aux égarés la lumière de ta vérité pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom et de rechercher ce qui lui fait honneur » (prière du 15ème dimanche du T.O.).
Faisons notre choix : martyre ou apostasie ?
Ainsi soit-il.