Apprécions l’immense grâce de trouver le Christ pour qu’Il fasse sa demeure en nous. Si on ne le trouve pas, on n’a rien trouvé dans la vie, car Lui seul est le Sauveur : trouver Jésus c’est trouver la Vie. Et, sans Lui, rien ne vaut la peine.
En célébrant cette fête de l’Epiphanie du Seigneur je voudrais vous proposer un parallélisme entre le chemin qu’ont suivi les mages de l’Orient afin de trouver Jésus et le chemin spirituel que chacun de nous doit parcourir.
D’abord le point de départ. Les Rois Mages en Orient ont vu une étoile. Très probablement cette étoile a été vue aussi par beaucoup d’autres. Les Mages ont découvert sa signification. Les autres la contemplent comme quelque chose qui leur parait admirable, mais qui ne les affecte pas. Et, ainsi ces derniers ne réagissent pas. Les Mages par contre se rendent compte que par elle, Dieu leur envoie un message important qui vaut la peine de passer par les désagréments de laisser de côté des choses sûres et de s’aventurer dans un voyage incertain : l’espérance de trouver le Roi les amène à suivre cette étoile qu’avaient annoncée les prophètes et que le peuple d’Israël avait attendue depuis des siècles.
Pour nous le point de départ a été le baptême. C’est là que la lumière de la foi s’est allumée dans notre âme. Aussi pour nous, il est incertain et mystérieux le chemin par lequel Dieu nous conduit. On ne voit pas le destin, mais on croit. C’est l’espérance de trouver Jésus Christ, l’espérance du Ciel, qui nous fait réagir, qui met en œuvre notre charité.
Deuxième point. La route.
On l’a déjà dit : les mages s’aventurent dans un long et incertain voyage. Ils quittent leurs commodités et assurances pour répondre à cette étoile qui les appelle. C’est le désert qui les attend, ils le savent.
Au bout de quelque temps ils arrivent à Jérusalem, la capitale des juifs. Ils pensent que là on saura leur indiquer le lieu précis où est né son Roi. Effectivement, on leur dira : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète » (Mt 2,5). La nouvelle de l’arrivée des Mages et leur question se propagea par tout Jérusalem en peu de temps : Jérusalem était alors une petite ville et la présence des Mages avec leur suite a dû être remarquée par tous les habitants, en effet « le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3), nous dit l’Evangile.
Le chemin de la foi que nous devons suivre nous invite aussi constamment à quitter nos commodités et assurances humaines afin de nous attacher uniquement à Dieu, à sa Parole. Pour nous aussi il y aura le désert : la désaffection pour la prière et les pratiques de dévotions, un manque d’envie au moment d’accomplir nos tâches quotidiennes, etc… Tout comme les mages, nous rencontreront aussi des mauvais exemples : des gens qui ne se soucient pas d’accomplir leurs devoirs, spécialement ceux qui concernent la foi et les œuvres de miséricordes.
Jésus-Christ en effet croise la vie de beaucoup de personnes, qui ne s’intéressent pas à lui. Un petit effort aurait changé leurs vies, ils auraient rencontré le Roi de la joie et de la paix. Cela requiert de la bonne volonté de le chercher, de bouger, de demander sans nous décourager, comme les Mages, de sortir de notre apathie, de notre routine, d’apprécier l’immense grâce de trouver le Christ pour qu’Il fasse sa demeure en nous. Si on ne le trouve pas, on n’a rien trouvé dans la vie, car Lui seul est le Sauveur : trouver Jésus c’est trouver la Vie. Et, sans Lui, rien ne vaut la peine.
Troisième point. L’arrivée.
Le fruit de nos efforts, le fruit de la réponse généreuse à l’appel de Dieu.
Saint Alfonse-Marie de Liguori décrit ainsi cette étape finale du chemin : « Les mages trouvent une pauvre jeune fille avec un pauvre enfant couvert de pauvres langes… mais, en entrant dans cette grotte, ils ressentent une joie qu’ils n’ont jamais éprouvée… L’Enfant divin prend un air joyeux : signe de la satisfaction affectueuse avec laquelle il les accueille comme les premières conquêtes de son œuvre rédemptrice. Les saints rois regardent ensuite Marie, qui ne parle pas ; elle se tient en silence ; mais son visage qui reflète la joie et respire une douceur céleste, prouve qu’elle leur fait bon accueil et qu’elle les remercie d’être venus les premiers reconnaître son Fils pour ce qu’il est : leur souverain Maître, [leur Dieu]. ».
Voilà les efforts des rois mages pleinement comblés par la rencontre avec l’Enfant, sa mère et son père… Voilà aussi comment seront comblés nos propres efforts. Rien de plus désirable que la joie et la paix qui viennent de Dieu.
Je finis avec encore un texte de Saint Alfonse-Marie où il parle de l’offrande que, comme les mages, nous devons faire à Jésus :
« Enfant digne d’amour, je te vois dans cette grotte, couché sur la paille, très pauvre et très méprisé ; mais la foi m’enseigne que tu es mon Dieu descendu du ciel pour mon salut. Je te reconnais pour mon souverain Seigneur et mon Sauveur ; je te proclame tel mais je n’ai rien à t’offrir. Je n’ai pas l’or de l’amour, puisque j’ai aimé les choses de ce monde ; je n’ai aimé que mes caprices, au lieu de t’aimer toi, infiniment digne d’amour. Je n’ai pas l’encens de la prière, puisque j’ai malheureusement vécu sans penser à toi. Je n’ai pas la myrrhe de la mortification, puisque, pour ne m’être pas abstenu de plaisirs misérables, j’ai tant de fois contristé ta bonté infinie. Que t’offrirai-je donc ? Mon Jésus, je t’offre mon cœur, tout souillé, tout dénué qu’il est : accepte-le et change-le, puisque tu es venu ici-bas laver dans ton sang nos cœurs coupables et nous transformer ainsi de pécheurs en saints. Donne-moi donc cet or, cet encens, cette myrrhe qui me manquent. Donne-moi l’or de ton saint amour ; donne-moi l’encens, l’esprit de prière ; donne-moi la myrrhe, le désir et la force de me mortifier en tout ce qui te déplaît.
Ô Vierge sainte, tu as accueilli les pieux rois mages avec une vive affection et tu les as comblés ; daigne aussi m’accueillir et me consoler, moi qui viens, à leur exemple, faire visite et m’offrir à ton Fils ».
Ainsi soit-il.