Identité et mission de Jésus.
La vraie foi se manifeste dans les œuvres, les œuvres d’amour. Une foi qui ne produit aucune œuvre est une foi morte. Nous devons nous attacher à avoir une foi qui nous libère toujours plus de notre égoïsme et nous met sur le chemin de la générosité et de l’amour.
D’après « Lectures bibliques des dimanches » du cardinal Albert Vanhoye.
En ce dimanche , la liturgie nous propose un passage particulièrement important des Evangiles : Jésus demande aux disciples ce que l’on pense de lui avant de leur demander ce qu’ils pensent de lui. Après la profession de foi de saint Pierre, il annonce sa Passion. Cette annonce est préparée par la première lecture qui est un oracle du prophète Isaïe sur le serviteur du Seigneur. La seconde lecture, extraite de la Lettre de saint Jacques parle de la foi qui doit se manifester dans des œuvres.
Ce passage de l’Evangile de saint Marc est vraiment très important, car il est bien au centre de toute l’activité de Jésus et il nous dévoile explicitement pour la première fois et son identité et sa mission. C’est un passage fondamental pour notre foi : Jésus est le Fils de Dieu, et sa mission est de souffrir la Passion et la mort sur la Croix pour nous sauver.
Après avoir prêché le royaume du Ciel et accompagné cette prédication par des nombreux miracles, qui étaient le sceau divin de sa prédication et de sa mission, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée de Philippe. Là, dans la solitude, chemin faisant, nous dit l’évangéliste, Il interrogeait ses disciples sur son identité.
Avant de révéler le mystère de la Croix et de la Passion, qui allait être l’épreuve, la plus grande pour continuer à sa suite, Jésus veut être sûr que ses disciples ont bien compris qui Il était, il veut vérifier qu’ils ont une vraie foi en Lui, en sa puissance et en son amour.
Malgré cette heureuse constatation de Notre Seigneur, nous voyons la grande difficulté à accepter le mystère de la Croix. Les disciples sont trop humains encore et il faudra la Venue de l’Esprit Saint pour les instruire de l’intérieur et leur donner le courage de vaincre la peur pour prendre eux-mêmes le chemin de la Croix à la suite du Christ.
En fait, saint Pierre, poussé par l’Esprit de Dieu, confesse la divinité et la messianité de Jésus, mais cela ne suffit pas pour le moment, lorsqu’il écoute parler de souffrance et d’humiliation, il ne veut rien savoir de cela et il va s’opposer au Christ ; c’est ce qui induit le nom de “Satan”, que lui donne Jésus.
Il reprend fermement Pierre et lui dit : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». Le prophète Isaïe nous avait déjà fait prendre conscience de la distance qui peut exister entre les pensées de Dieu et celles des hommes (Is 55,8-9 : car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées).
Jésus sait bien qu’il devra affronter une passion douloureuse et humiliante. Mais cette passion sera pour tous les hommes la source du salut, chose qui ne peut être obtenue par un triomphe militaire, par la force des armes. Il fallait offrir un sacrifice pour toute l’humanité et d’une valeur infinie, pour satisfaire la justice et obtenir la miséricorde.
Tel est bien le projet de Dieu. Il apparaissait déjà de manière implicite dans les prophéties, et en particulier dans les chants du Serviteur souffrant, mais Jésus explicite ce qui était voilé. Les oracles d’Isaïe annoncent le sort pénible du Serviteur du Seigneur : il doit présenter son dos aux flagellations, ses joues à ceux qui lui arrachent la barbe. Il est dit qu’il ne soustrait pas son visage aux insultes et aux crachats. Son sort est vraiment humiliant. Mais le Serviteur du Seigneur dit : « Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu ». Le Serviteur sait que, au milieu de ces humiliations, il sera assisté par Dieu, c’est pourquoi il ne perd pas courage et montre une extraordinaire fermeté.
L’enseignement que Jésus donne après l’annonce de sa passion vaut pour tous ceux qui veulent devenir ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Jésus nous montre que la Croix n’est pas seulement son Chemin à Lui pour nous sauver. Aussi, il est nécessaire que tous ceux qui veulent le suivre en prennent le même chemin. Jésus-Christ n’est pas uniquement notre Sauveur, il est aussi notre modèle. “Le Fils de Dieu est devenu fils de l’homme, pour apprendre aux hommes à devenir des fils de Dieu”. Ce chemin de croix, toutes ces souffrances ont pour but le salut, l’amour, la résurrection. C’est cela la confiance du Serviteur du Seigneur, et sa force pour pouvoir faire face à la terrible passion. Et pour nous il doit être de même.
Les lectures d’aujourd’hui nous enseignent le lien étroit qui existe entre notre foi et notre quotidien, entre ce que nous croyons et prions et ce que nous agissons et vivons.
Croire au Christ signifie vivre sa vie et donc vivre sa passion, son amour.
Saint Paul dans un passage de la Lettre aux Galates a le même enseignement que saint Jacques que nous avons lu dans la seconde lecture : « Dans le Christ Jésus, peu importe qu’on ait reçu ou non la circoncision : ce qui importe, c’est la foi agissant par la charité » (Gal 5,6).
La vraie foi se manifeste dans les œuvres, les œuvres d’amour. Une foi qui ne produit aucune œuvre est une foi morte. Et l’œuvre d’amour, la plus grande, a été la croix : « Il n’y a pas d’amour plus grand que de donner la vie pour ceux qu’on aime ». La foi doit agir pour qu’elle ne soit pas seulement une idéologie ou une théorie abstraite mais une dynamique qui transforme toute la vie.
Et, comme nous dit Jésus, la foi en Lui (suivre le Christ) nous appelle à perdre notre vie par amour car c’est ainsi que nous obtiendrons la vraie joie, le bonheur éternel. Les martyrs ont eu le courage de renoncer à leur vie par amour du Seigneur et ils ont ainsi obtenu la gloire divine.
Nous devons, nous aussi, nous attacher à faire de même en ayant une foi qui nous libère toujours plus de notre égoïsme et nous met sur le chemin de la générosité et de l’amour.
Que la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère à tous, nous accorde cette grâce.
Ainsi soit-il.