Croire, c’est participer à la vie divine. Croire signifie conformer notre pensée à celle de Dieu et s’identifier à la sienne.
La foi change notre mentalité, elle demande que nous mettions toujours Dieu en première place, que nous veillions à orienter toute notre vie vers lui, à interpréter le monde à la lumière divine.
Sources :
Tadeusz Dajczer, Méditations sur la foi, Paris 2006.
http://lectio-divina-rc.fr
En visite à Nazareth, Jésus s’étonne du manque de foi de ses compatriotes.
Le pape Benoît XVI fait ce commentaire :
« Ses concitoyens « étaient frappés » par sa sagesse et, le connaissant comme étant « le fils de Marie », le « charpentier » qui avait vécu parmi eux, ils se scandalisèrent de lui au lieu de l’accueillir avec foi (cf. Mc 6, 2-3). Ce fait est compréhensible car la familiarité, sur le plan humain, n’aide pas à aller plus loin et à s’ouvrir à la dimension divine. Que ce Fils d’un charpentier soit Fils de Dieu est difficile à croire pour eux. Jésus lui-même prend l’exemple de l’expérience des prophètes d’Israël qui, dans leur propre patrie, ont été victimes de mépris, et il s’identifie à eux. A cause de cette fermeture spirituelle, Jésus n’a pu accomplir à Nazareth « aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains » (Mc 6, 5). En effet, les miracles du Christ ne sont pas une démonstration de puissance, mais les signes de l’amour de Dieu qui agit là où il rencontre la foi de l’homme dans la réciprocité ».
Cette réaction des familiers de Jésus nous donne l’occasion aujourd’hui de parler de la foi.
Saint Thomas d’Aquin dit que la foi nous rapproche de la connaissance de Dieu. En effet, en participant à la vie divine, nous commençons à voir tout et à tout apprécier comme avec ses yeux – omnia quasi oculo Dei intuemur (Commentaires sur le Da Trinitate de Boèce).
La participation par la foi à la vie divine fait que nous devenons un homme nouveau, nous acquérons une nouvelle manière de comprendre la réalité, une vue nouvelle de Dieu et de la réalité temporelle ambiante. Nous commençons à percevoir dans cette réalité temporelle l’action de la cause première – Dieu. Nous percevons sa présence et son action autant en nous que dans l’univers de la nature ou dans l’histoire. Nous percevons qu’il est l’Auteur, qu’il est le Créateur de tout, que ce que nous connaissons humainement, sans plus, d’une manière profane, n’est pas la réalité complète ; ce n’est qu’une vue purement extérieure, une perception des seules causes secondaires dont Dieu se sert.
La foi est une vertu qui rend possible le contact avec Dieu et constitue le fondement de la vie surnaturelle. Puisqu’elle se trouve à la base de toute activité surnaturelle, tout s’accomplit par elle. Ce qui décide de l’activité de la vie surnaturelle, ce sont les qualités et les insuffisances de notre foi. Les difficultés de la vie surnaturelle viennent toujours de la faiblesse de notre foi. Elle est la vertu fondamentale, car elle nous donne la possibilité de participer à la vie divine. Elle est une participation à la pensée de Dieu : c’est, peut-on dire, la raison surnaturelle assise sur les facultés naturelles de l’âme. La foi nous rend aptes à penser comme Dieu, tant à notre personne qu’à l’égard de tout ce à quoi nous avons affaire. Croire signifie donc conformer notre pensée à celle de Dieu et s’identifier à la sienne.
La différence entre la connaissance naturelle et la connaissance par la foi n’est pas une différence de degré mais une différence de nature. La foi apporte l’union avec la pensée de Dieu, la participation intérieure à la lumière dans laquelle Dieu se connaît lui-même. En ce sens, elle mène à la contemplation, elle est une introduction à la connaissance future de Dieu dans l’éternité.
Puisque par la foi nous pénétrons dans la vie de Dieu, dans la vie de Jésus-Christ, par cette même foi Dieu engendre en nous sa propre vie. Le but de notre foi est que nous pensions comme Jésus Christ et que nous lui permettions, à lui qui vit en nous par la foi de se servir de nous, de penser en nous, de vivre en nous.
Grâce à la foi, peut s’accomplir en nous une entière transformation de notre manière de voir, de penser, de sentir, de vivre le monde et nous-mêmes. La foi change notre mentalité, elle demande que nous mettions toujours Dieu en première place, que nous veillions à orienter toute notre vie vers lui, à interpréter le monde à la lumière divine. A partir de ce moment, tous nos jugements, appréciations, désirs et attentes sont éclairés de sa lumière. Ainsi se réalise la communion de la foi qui n’atteindra sa plénitude que dans l’amour.
Le monde créé qui nous environne est une forme de la voix qui nous parle. Si notre foi est faible, cette voix provoque la distraction, nous détourne de Dieu et nous concentre sur nous. Avec l’accroissement de la foi, un processus inverse se produit. Le monde extérieur commence à nous parler de Dieu, nous concentre sur Dieu, nous attire à lui, devient un signe de sa présence, nous aide à prendre contact avec lui et devient pour nous un lieu de rencontre avec lui.
La foi te rend apte à dépasser les apparences, à percevoir la cause première au-delà des causes secondaires, à voir que ce qui se passe tout autour de toi n’est pas le fruit de la puissance de l’homme. La foi te permet de découvrir les traces de Dieu dans la création. Elle te permet de percevoir une expression de la volonté divine dans les phénomènes et les événements et de voir dans ces événements comme un passage de Dieu.
La foi est une participation à la vue de Dieu, or Dieu voit tout à fait autrement ta vie. Si tu crois, c’est comme si tu empruntais les yeux de Jésus, comme si tu regardais ta vie, chacun de tes jours avec ses yeux. Alors seulement tu apercevras cette chance ininterrompue de conversion et de sanctification. Alors tu commenceras aussi à comprendre la souffrance qui, à la lumière de la foi, est une croix, donc quelque chose qui te change intérieurement si tu l’acceptes. Quand tu reconnais une croix dans tes épreuves difficiles et, par là même, une chance de transformation, ces épreuves deviennent réellement pour toi un don. Si tu apercevais ces innombrables talents que Dieu t’octroie sans cesse, jamais tu ne serais triste. Alors des talents tels que le manque de santé, les situations conflictuelles, les insuccès, produiraient en ton cœur la joie d’être comblé par Dieu de quelque chose d’aussi précieux. Il te manifeste ainsi une extraordinaire confiance. Il a confiance dans le fait que tu n’enfouiras pas, ni ne rejetteras ses dons. Il compte sur ta foi, car ce n’est qu’à la lumière de la foi que tu identifieras les talents qu’il t’offre. Est un talent tout ce que tu as compris et retenu jusqu’à ce moment, mais est aussi un talent ta faible mémoire et le fait que tu oublies tant de choses, car tout apporte une grâce et, en ce sens tout est grâce.
Seul celui qui croit est capable d’être reconnaissant pour tout. Cette reconnaissance s’exprimera par la joie sur ton visage, ce sera bien de la joie car tout est un talent que l’on peut convertir en bien. Cette réflexion sur les talents renoue avec l’enseignement de Saint Paul et reprend la thèse de Saint Augustin qui a dit : « Pour ceux qui aiment Dieu tout tourne à bien, même les péchés ». Ainsi donc, même la chute, donc un grand échec qui est en même temps une blessure faite à Jésus, peut être une chance, et là aussi se cache quelque talent qui t’est imparti, une situation que tu peux mettre à profit. Il faut seulement que tu croies, que tu te convertisses à une foi telle, que tu puisses regarder avec les yeux de Jésus. Lui, quand il regarde ta vie peut-être remplie d’échecs, de soucis, de conflits, de projets manqués, de difficultés dans la vie extérieure et intérieure, il n’est jamais triste. Il regarde avec joie parce qu’il espère que tout cela portera des fruits, que tu l’utiliseras, que tu seras joyeux et reconnaissant pour tout ce qu’il te donne.
« Vous avez eu bien des peines aujourd’hui », dit Mère Agnès à Thérèse de l’Enfant Jésus, très malade. – « Oui, répondit-elle, mais puisque je les aime… J’aime tout ce que le bon Dieu me donne » (Le « Carnet jaune », 14.VIII.1897).
Toute la vie de Sainte Bernadette témoigne de sa reconnaissance à Dieu, pour tous les dons qu’elle a reçus. Marcelle Auclair s’est permis d’en rassembler les éléments dans une sorte de “testament” : Pour la misère de père et de mère, la ruine du moulin, le madrier de malheur, le vin de lassitude, les brebis galeuses, merci mon Dieu !
Bouche de trop à nourrir que j’étais, pour les enfants mouchés, les brebis gardées, merci !
Merci mon Dieu pour le procureur, le commissaire, les gendarmes, et les mots durs du Père Peyramale !
Pour les jours où vous êtes venue, Notre-Dame Marie, pour ceux où je vous ai attendue, je ne saurais vous rendre grâce qu’en paradis !
Mais pour la gifle de Mlle Pailhasson, les railleries, les outrages, pour ceux qui m’ont crue folle, pour ceux qui m’ont crue menteuse, pour ceux qui m’ont crue avide, merci, Dame Marie !
Pour l’orthographe que je n’ai jamais sue, la mémoire des livres que n’ai jamais eue, pour mon ignorance et ma sottise, merci !
Merci, merci ! Car s’il y avait eu sur terre fille plus ignorante et plus sotte, c’est elle que vous auriez choisie !
Pour ma mère morte au loin, pour la peine que j’ai eue quand mon père au lieu de tendre les bras à sa petite Bernadette m’appela “Sœur Marie-Bernard”, merci Jésus !
Merci d’avoir abreuvé d’amertume ce cœur trop tendre que vous m’avez donné !
Pour Mère Joséphine qui m’a proclamée bonne à rien, merci !
Pour Mère Maîtresse, sa voix dure, sa sévérité, ses moqueries, et le pain de l’humiliation, merci !
Merci d’avoir été celle à qui Mère Marie-Thérèse pouvait dire : « Vous n’en faites jamais d’autres ».
Merci d’avoir été cette privilégiée des semonces dont mes sœurs disaient : « quelle chance de n’être pas Bernadette ! ».
Merci pourtant d’avoir été Bernadette, menacée de prison parce qu’elle vous avait vue, regardée par les foules comme une bête curieuse, cette Bernadette si ordinaire qu’en la voyant on disait : C’est ça ! Pour ce corps piteux que vous m’avez donné, cette maladie de feu et de fumée, ma chair pourrie, mes os cariés, mes sueurs, ma fièvre, mes douleurs sourdes ou aiguës, merci mon Dieu !
Et pour cette âme que vous m’avez donnée, pour le désert des sécheresses intérieures, pour Votre nuit et Vos éclairs, pour Vos silences et Vos foudres, pour tout, pour Vous absent ou présent, merci Jésus ! (Bernadette – 1957- Ed. Bloud et Gay).