Puisse la solennité de la Pentecôte revivifier les dons du Saint-Esprit reçus à notre confirmation, en particulier les dons de science et de force ; qu’à l’image des Apôtres nous ne soyons plus esclaves de la chair, du “qu’en-dira-t’on” et de l’esprit du monde, mais de véritables témoins du Christ, fiers de notre foi proclamant par nos langues et par nos vies les merveilles de la Miséricorde divine.
La solennité de la Pentecôte, que nous célébrons en ce dimanche, est ce jour où les Apôtres, réunis au Cénacle, reçurent en plénitude l’Esprit Saint, où ils reçurent le sacrement de Confirmation.
Je voudrais rappeler tout simplement que le sacrement de Confirmation, en infusant en nos âmes la plénitude de l’Esprit Saint, fait de nous des chrétiens adultes dans la foi ; il fait de nous le temple du Saint Esprit qui vient l’illuminer, l’animer et l’enseigner.
En effet l’Esprit-Saint est source de sanctification, il est comme un feu qui dévore, non pas pour détruire, consumer et faire souffrir : ça c’est l’enfer, mais pour purifier, transformer, clarifier, adoucir nos cœurs, pour les embraser de l’amour même de Dieu.
Au jour de notre confirmation, l’Esprit Saint ne vient pas les mains vides mais distribue largement ses sept dons sacrés en nos âmes afin que nous soyons de “parfaits chrétiens” responsables de la vitalité de l’Eglise. Ces sept dons sacrés sont les dons de crainte, de piété, de science, de force, de conseil, d’intelligence et de sagesse.
Bien sûr, ces dons sont étroitement reliés les uns aux autres, ils forment un tout cohérent comme les doigts d’une main qui fonctionnent en symbiose. Nous allons cependant nous arrêter sur deux d’entre eux, à défaut de pouvoir tous les décrire en une seule homélie.
Tout d’abord le don de science. Il ne s’agit pas de mathématiques ou de biologie, mais de cette aptitude que donne l’Esprit Saint de rechercher ce qui conduit à Dieu et de rejeter ce qui nous en éloigne. Le don de science, c’est comme la lumière des phares d’une voiture : cela dissipe la nuit de l’erreur, fait découvrir le chemin à suivre, aide à dissiper le brouillard des doutes. Par le don de science, le Saint Esprit répand en nous sa lumière qui nous conduit sur le chemin de la sainteté, il requiert cependant le don de piété ainsi qu’un minimum de connaissance afin de pouvoir mettre en œuvre ses potentialités, afin de pouvoir irriguer notre âme.
En effet , si nous avons peu confiance en Dieu, préférant compter sur nous-mêmes, si nous ne sommes pas, en réalité, des “mendiants de Dieu” implorant le secours de sa Miséricorde, si nous ne sortons pas de notre paresse spirituelle par le don de piété jamais nous ne pourrons rester fidèles à Dieu, le don de science étant alors comme prisonnier de notre paresse spirituelle, du peu de cas que nous faisons de Dieu et de notre salut : les phares sont allumés, mais la boue les recouvre, leur lumière ne peut plus nous guider.
D’autre part, si le don de science n’est pas une question de capacité intellectuelle (il est clair que toute personne sortant de l’ENA n’a pas le don de science), la volonté de marcher sur le chemin de l’amour de Dieu requiert une connaissance proportionnée à nos capacités. La foi du charbonnier est bonne, oui, mais uniquement pour le charbonnier et il est anormal qu’on arrive à bac + 3, +5, + 10 avec un bagage catéchétique de CE2, de 6ème ou même, ce qui est rare, de terminale ! Comment prétendre avancer sur la route si on n’allume pas les phares ! L’analphabétisme religieux nous fait vivre dans un matérialisme pratique et un relativisme non moins à la mode, à moins qu’il ne nous fasse basculer dans une secte ou dans l’Islam, la nature ayant horreur du vide !
Le deuxième don de l’Esprit Saint dont nous allons dire quelques mots est le don de force. En effet, une fois sur le chemin, les phares allumés, que de tentations ! Au milieu des épreuves, des difficultés, au milieu de la faiblesse, pour résister, pour supporter, pour témoigner, l’Esprit Saint nous donne la force de triompher de tout ce qui pourrait arrêter notre marche. Le don de la force est à notre âme ce que le moteur est à la voiture. Appuyé sur la patience et la persévérance avec le carburant du don de soi, le don de force permet d’être fidèle dans un environnement hostile et d’aller de l’avant. Le don de force est d’autant plus important à notre époque que les difficultés sont nombreuses dans notre monde occidental.
Le Cardinal Ratzinger écrivait il y a vingt ans ( “Le sel de la terre” ) : « Il y a des domaines de la vie, et pas des moindres, où il faut avoir de nouveau du courage pour se déclarer chrétien aujourd’hui… Le danger d’une dictature de l’opinion grandit, et celui qui ne suit pas est exclu, si bien que même des gens de valeur n’osent plus faire profession d’un tel non-conformisme. Cette dictature antichrétienne sera sans doute à l’avenir beaucoup plus subtile… » et le Pape François le 12 avril dernier rappelait qu’à côté des persécutions sanglantes il existe des « persécutions en gants blancs, des persécutions culturelles, celles qui te confinent dans un recoin de la société, qui en viennent à te faire perdre ton travail si tu n’adhères pas aux lois qui vont contre Dieu créateur. C’est une persécution “éduquée”…Les puissances font des lois qui obligent à aller sur cette voie, et une nation qui ne suit pas ces lois modernes en vient à être accusée, à être persécutée “poliment” ».
D’où cet appel du Pape François : « N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, lorsque l’on vous propose des valeurs avariées comme peuvent l’être les aliments, ayez cette fierté d’aller à contre-courant pour ne pas renier la voix de la Vérité !.. Soyez courageux et soyez en fiers ! ».
Il est vrai que le poisson bien vivant est celui qui remonte le courant et non pas celui qui, le ventre en l’air en surface, se laisse aller au gré du courant. L’avenir appartient à qui reste bien vivant spirituellement, culturellement et pour cela il nous faut accueillir et collaborer au don de force.
Puisse la solennité de la Pentecôte revivifier les dons du Saint-Esprit reçus à notre confirmation, en particulier les dons de science et de force ; qu’à l’image des Apôtres nous ne soyons plus esclaves de la chair, du “qu’en-dira-t’on” et de l’esprit du monde, mais de véritables témoins du Christ, fiers de notre foi proclamant par nos langues et par nos vies les merveilles de la Miséricorde divine.
Amen.