Année 2025-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Apprends-nous à prier.
Aujourd’hui, les apôtres demandent à Jésus: «apprends-nous à prier» et Jésus leur répond avec le «Notre Père», la prière la plus parfaite. A travers le commentaire lumineux de saint Thomas d’Aquin, prononcé lors du Carême 1273 à Naples, nous découvrons la profondeur de cette oraison, qui guide nos cœurs vers Dieu et ordonne nos désirs selon sa volonté. Que l’Esprit-Saint nous éclaire pour accueillir ces enseignements et faire de cette prière le cœur de notre vie spirituelle.
________________________________________________________Une prière pour le salut.
Saint Thomas, le docteur angélique, nous rappelle que le Notre Père est une catéchèse complète pour notre salut. Elle nous enseigne ce qu’il faut croire, désirer et accomplir, comme il l’expliquait en prêchant sur le Credo, les commandements et les prières fondamentales. Le Notre Père est un trésor divin, composé par le Fils de Dieu, qui nous unit à Lui et sanctifie nos âmes.
Les cinq qualités du Notre Père.
Saint Thomas commence par souligner que toute prière doit être confiante, droite, ordonnée, dévote et humble. Le Notre Père incarne excellemment ces qualités.
Confiante, car elle est l’œuvre de Jésus, notre avocat auprès du Père (1 Jn 2, 1).
Comme le dit saint Cyprien, en reprenant les paroles du Christ, nous prions avec assurance, certains d’être exaucés (Ps 90, 15). Cette confiance nous libère des péchés véniels, selon saint Augustin, et fortifie notre foi.
Droite, car elle demande des biens convenables, comme l’enseigne saint Jean Damascène. Nous ne savons pas toujours ce qu’il faut désirer (Rm 8, 26), mais Jésus nous guide pour demander ce qui est juste, évitant les vaines prières dont parle saint Jacques (Jc 4, 3).
Ordonnée, car elle privilégie les biens spirituels, comme le royaume de Dieu, avant les besoins temporels (Mt 6, 33). Cet ordre reflète la sagesse divine, alignant nos désirs sur les réalités éternelles.
Dévote, par sa brièveté et sa ferveur, évitant la prolixité condamnée par Jésus (Mt 6, 7). Saint Augustin nous exhorte à bannir l’abondance des paroles, mais à supplier avec ardeur. Cette prière manifeste notre charité pour Dieu, que nous appelons « Père », et pour le prochain, en disant « notre » Père.
Humble, car elle repose sur la puissance divine, comme le publicain de l’Evangile (Lc 18, 14). Cette humilité assure l’exaucement, car Dieu regarde la prière des humbles (Ps 101, 18).
Ainsi, le Notre Père est la prière par excellence, modèle de toute oraison, qui nous élève vers Dieu avec une parfaite disposition du cœur.
Les effets de la prière.
Saint Thomas identifie trois fruits précieux de la prière.
Premièrement, elle est un remède contre les maux. Elle nous délivre des péchés, comme le larron sur la croix (Lc 23, 43), et nous libère des craintes et persécutions, comme le Psalmiste l’affirme : « Au lieu de m’aimer, on me fait du tort, mais moi, je prie » (Ps 108, 4).
Deuxièmement, elle exauce nos désirs, si nous prions avec persévérance et selon la volonté divine (Mc 11, 24). Saint Augustin note que Dieu, dans sa bonté, nous donne ce qui est meilleur, même si nos demandes sont imparfaites, comme saint Paul l’expérimenta (2 Co 12, 8).
Troisièmement, elle nous rend familiers de Dieu, nous unissant à Lui comme un encens odorant (Ps 140, 2). Le Notre Père réalise pleinement ces effets, nous guérissant, nous comblant et nous rapprochant de notre Père céleste.
Quatre devoirs.
En disant « Notre Père », nous reconnaissons Dieu comme notre Créateur, qui nous a faits à son image (Dt 32, 6), notre providence, qui nous gouverne avec sollicitude (Sg 14, 3), et notre Père adoptif, qui nous fait héritiers de son royaume (Rm 8, 15-17). Cette paternité nous impose quatre devoirs :
L’honneur, par la louange sincère (Ps 49, 23), la pureté du corps (1 Co 6, 20) et la justice envers le prochain (Ps 98, 4).
L’imitation, dans l’amour (Ep 5, 1-2), la miséricorde (Lc 6, 36) et la perfection (Mt 5, 48).
L’obéissance, à l’exemple du Christ, obéissant jusqu’à la mort (Ph 2, 8), et pour notre propre bien (2 R 6, 21).
La patience, acceptant les corrections divines comme un fils aimé (Pr 3, 11-12).
L’expression « qui es aux cieux » inspire une triple confiance: en la puissance de Dieu, maître des cieux matériels (Ps 102, 19); en son amitié, car Il habite les saints, ces « cieux » spirituels (Jr 14, 9); et en la convenance de notre demande, orientée vers les biens éternels (Col 3, 1). Ces paroles nous préparent à prier avec foi, contemplant la gloire céleste et aspirant à y parvenir.
Les sept demandes : Un chemin vers la béatitude.
Saint Thomas structure le Notre Père autour de sept demandes, chacune liée à un don de l’Esprit-Saint et à une béatitude, guidant notre âme vers Dieu.
« Que ton nom soit sanctifié ». Cette demande, inspirée par le don de crainte, nous invite à proclamer le nom de Dieu, admirable par ses œuvres (Mc 16, 17), aimable pour notre salut (Ac 4, 12), vénérable dans toutes les créatures (Ph 2, 10) et inexprimable, figuré par des images comme le rocher, le feu ou la lumière (Dt 4, 24 ; Ps 17, 29). « Saint » signifie ferme, comme les bienheureux du ciel (Ap 7, 14), détaché des choses terrestres (Ph 3, 8) et purifié par le sang du Christ. En priant ainsi, nous désirons que la sainteté de Dieu rayonne en nous et à travers nous, nous conduisant à la béatitude des pauvres en esprit (Mt 5, 3).
« Que ton règne vienne ». Guidée par le don de piété, cette demande exprime une tendre affection pour notre Père. Elle a trois sens : la soumission totale à Dieu à la fin des temps, avec la conversion des justes, la punition des pécheurs et la destruction de la mort (1 Co 15, 25-26) ; la gloire du paradis, où s’accomplit pleinement la volonté divine (Mt 13, 41) ; et le règne de Dieu dans nos cœurs, chassant le péché (Rm 6, 12). Ce royaume est désirable pour sa justice (Is 60, 21), sa liberté parfaite (Rm 8, 21) et son abondance de biens (Is 64, 4). Cette prière nous rend doux, réservant la vengeance à Dieu et acceptant les pertes terrestres avec joie (Mt 5, 4).
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Inspirée par le don de science, cette demande nous enseigne à ne pas nous fier à notre propre jugement, mais à conformer notre volonté à celle de Dieu (Pr 3, 5). Dieu veut pour nous la vie éternelle (Jn 6, 40), l’observance de ses commandements (Mt 19, 17) et le rétablissement de notre dignité originelle, où la chair était soumise à l’esprit (1 Th 4, 3). Cette volonté s’accomplit dans les justes (le « ciel ») mais pas encore dans les pécheurs (la « terre »). Elle exige la grâce divine et notre coopération, comme le dit saint Augustin : « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » Cette prière nous fait pleurer nos exils et nos combats spirituels, nous préparant à la consolation des affligés (Mt 5, 5).
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Portée par le don de force, cette demande nous donne le courage de demander les biens nécessaires sans crainte (Is 40, 29). Le « pain » désigne les besoins temporels, le pain eucharistique (Jn 6, 51) et la parole de Dieu (Mt 4, 4). Elle nous garde de cinq vices: l’ambition démesurée, l’injustice, la sollicitude excessive, la voracité et l’ingratitude (Pr 30, 8 ; Eccl 29, 28). En demandant le « nôtre » et le «quotidien», nous reconnaissons que tout vient de Dieu (1 Ch 29, 14) et évitons l’attachement aux richesses, qui peuvent nuire (Eccl 6, 1-2). Cette prière aiguise notre faim de justice, nous menant à la béatitude des affamés (Mt 5, 6).
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés». Inspirée par le don de conseil, cette demande nous enseigne à implorer le pardon avec humilité et espérance (1 Jn 1, 8). Nos péchés sont des dettes envers Dieu, car nous préférons notre volonté à la sienne. La contrition, avec le propos de se confesser, remet la faute (Ps 31, 5), tandis que la confession et les indulgences, par le pouvoir des clefs (Jn 20, 23), effacent la peine temporelle. Cependant, Dieu conditionne son pardon à notre miséricorde envers autrui (Lc 6, 37). Refuser de pardonner, c’est mentir en priant, car nous prions au nom de l’Eglise. Cette demande nous rend miséricordieux, nous préparant à la béatitude des compatissants (Mt 5, 7).
« Et ne nous soumets pas à la tentation ». Guidée par le don d’intelligence, cette demande nous apprend à résister à la tentation, qui éprouve notre vertu en nous incitant au mal (Jc 1, 14). La chair nous tente par ses convoitises et son poids (Sg 9, 15); le diable, par sa ruse, nous détourne subtilement vers le péché (1 P 5, 8); le monde, par la cupidité et la peur (1 Tm 6, 10). Nous ne prions pas pour éviter les épreuves, mais pour ne pas y succomber, car la victoire sur la tentation mérite la couronne de gloire (Jc 1, 12). La charité et la lumière divine nous protègent (Ct 8, 7). Cette prière purifie notre cœur, nous conduisant à voir Dieu (Mt 5, 8).
« Mais délivre-nous du mal. Amen ». Inspirée par le don de sagesse, cette demande générale nous protège de tous les maux: péchés, maladies et afflictions. Dieu nous délivre en écartant parfois les épreuves (Ap 3, 8), en nous consolant dans l’adversité (2 Co 7, 6), en transformant le mal en bien par la patience (Rm 5, 3) et en nous conduisant à la paix éternelle, où toute larme sera essuyée (Ap 7, 16-17). La patience, vertu des sages, ordonne le mal au bien (Pr 19, 11), nous rendant semblables à Dieu, à qui rien ne nuit. Cette prière nous fait pacifiques, fils de Dieu (Mt 5, 9). Le « Amen » scelle notre assentiment à toutes les demandes.
Saint Thomas conclut que le Notre Père contient tout ce qu’il faut désirer et éviter. Nous désirons la gloire de Dieu (« Que ton nom soit sanctifié »), la vie éternelle (« Que ton règne vienne »), la justice (« Que ta volonté soit faite ») et les biens nécessaires (« Donne-nous notre pain »), comme le résume Jésus: « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Nous fuyons le péché (« Pardonne-nous »), la tentation («Ne nous soumets pas ») et les adversités (« Délivre-nous »), car ils s’opposent à ces biens. Ainsi, cette prière est une carte du salut, ordonnant nos vies vers la béatitude.
Conclusion : Vivre le Notre Père.
Le Notre Père est plus qu’une prière: c’est une école de sainteté. Saint Thomas nous invite à la réciter avec confiance, humilité et ferveur, en imitant le Christ et en aimant nos frères. Chaque demande nous rapproche de Dieu, nous purifie et nous prépare à la gloire céleste. Faisons nôtre cette oraison, laissons-la façonner nos cœurs et guider nos actions. Que le Seigneur nous donne la grâce de prier comme des fils, aimant notre Père et aspirant aux cieux.
Amen.
Publié le 31 juillet 2025
Année 2025-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JGA).
Apprends-nous à prier.
Aujourd’hui, les apôtres demandent à Jésus: «apprends-nous à prier» et Jésus leur répond avec le «Notre Père», la prière la plus parfaite. A travers le commentaire lumineux de saint Thomas d’Aquin, prononcé lors du Carême 1273 à Naples, nous découvrons la profondeur de cette oraison, qui guide nos cœurs vers Dieu et ordonne nos désirs selon sa volonté. Que l’Esprit-Saint nous éclaire pour accueillir ces enseignements et faire de cette prière le cœur de notre vie spirituelle.
________________________________________________________Une prière pour le salut.
Saint Thomas, le docteur angélique, nous rappelle que le Notre Père est une catéchèse complète pour notre salut. Elle nous enseigne ce qu’il faut croire, désirer et accomplir, comme il l’expliquait en prêchant sur le Credo, les commandements et les prières fondamentales. Le Notre Père est un trésor divin, composé par le Fils de Dieu, qui nous unit à Lui et sanctifie nos âmes.
Les cinq qualités du Notre Père.
Saint Thomas commence par souligner que toute prière doit être confiante, droite, ordonnée, dévote et humble. Le Notre Père incarne excellemment ces qualités.
Confiante, car elle est l’œuvre de Jésus, notre avocat auprès du Père (1 Jn 2, 1).
Comme le dit saint Cyprien, en reprenant les paroles du Christ, nous prions avec assurance, certains d’être exaucés (Ps 90, 15). Cette confiance nous libère des péchés véniels, selon saint Augustin, et fortifie notre foi.
Droite, car elle demande des biens convenables, comme l’enseigne saint Jean Damascène. Nous ne savons pas toujours ce qu’il faut désirer (Rm 8, 26), mais Jésus nous guide pour demander ce qui est juste, évitant les vaines prières dont parle saint Jacques (Jc 4, 3).
Ordonnée, car elle privilégie les biens spirituels, comme le royaume de Dieu, avant les besoins temporels (Mt 6, 33). Cet ordre reflète la sagesse divine, alignant nos désirs sur les réalités éternelles.
Dévote, par sa brièveté et sa ferveur, évitant la prolixité condamnée par Jésus (Mt 6, 7). Saint Augustin nous exhorte à bannir l’abondance des paroles, mais à supplier avec ardeur. Cette prière manifeste notre charité pour Dieu, que nous appelons « Père », et pour le prochain, en disant « notre » Père.
Humble, car elle repose sur la puissance divine, comme le publicain de l’Evangile (Lc 18, 14). Cette humilité assure l’exaucement, car Dieu regarde la prière des humbles (Ps 101, 18).
Ainsi, le Notre Père est la prière par excellence, modèle de toute oraison, qui nous élève vers Dieu avec une parfaite disposition du cœur.
Les effets de la prière.
Saint Thomas identifie trois fruits précieux de la prière.
Premièrement, elle est un remède contre les maux. Elle nous délivre des péchés, comme le larron sur la croix (Lc 23, 43), et nous libère des craintes et persécutions, comme le Psalmiste l’affirme : « Au lieu de m’aimer, on me fait du tort, mais moi, je prie » (Ps 108, 4).
Deuxièmement, elle exauce nos désirs, si nous prions avec persévérance et selon la volonté divine (Mc 11, 24). Saint Augustin note que Dieu, dans sa bonté, nous donne ce qui est meilleur, même si nos demandes sont imparfaites, comme saint Paul l’expérimenta (2 Co 12, 8).
Troisièmement, elle nous rend familiers de Dieu, nous unissant à Lui comme un encens odorant (Ps 140, 2). Le Notre Père réalise pleinement ces effets, nous guérissant, nous comblant et nous rapprochant de notre Père céleste.
Quatre devoirs.
En disant « Notre Père », nous reconnaissons Dieu comme notre Créateur, qui nous a faits à son image (Dt 32, 6), notre providence, qui nous gouverne avec sollicitude (Sg 14, 3), et notre Père adoptif, qui nous fait héritiers de son royaume (Rm 8, 15-17). Cette paternité nous impose quatre devoirs :
L’honneur, par la louange sincère (Ps 49, 23), la pureté du corps (1 Co 6, 20) et la justice envers le prochain (Ps 98, 4).
L’imitation, dans l’amour (Ep 5, 1-2), la miséricorde (Lc 6, 36) et la perfection (Mt 5, 48).
L’obéissance, à l’exemple du Christ, obéissant jusqu’à la mort (Ph 2, 8), et pour notre propre bien (2 R 6, 21).
La patience, acceptant les corrections divines comme un fils aimé (Pr 3, 11-12).
L’expression « qui es aux cieux » inspire une triple confiance: en la puissance de Dieu, maître des cieux matériels (Ps 102, 19); en son amitié, car Il habite les saints, ces « cieux » spirituels (Jr 14, 9); et en la convenance de notre demande, orientée vers les biens éternels (Col 3, 1). Ces paroles nous préparent à prier avec foi, contemplant la gloire céleste et aspirant à y parvenir.
Les sept demandes : Un chemin vers la béatitude.
Saint Thomas structure le Notre Père autour de sept demandes, chacune liée à un don de l’Esprit-Saint et à une béatitude, guidant notre âme vers Dieu.
« Que ton nom soit sanctifié ». Cette demande, inspirée par le don de crainte, nous invite à proclamer le nom de Dieu, admirable par ses œuvres (Mc 16, 17), aimable pour notre salut (Ac 4, 12), vénérable dans toutes les créatures (Ph 2, 10) et inexprimable, figuré par des images comme le rocher, le feu ou la lumière (Dt 4, 24 ; Ps 17, 29). « Saint » signifie ferme, comme les bienheureux du ciel (Ap 7, 14), détaché des choses terrestres (Ph 3, 8) et purifié par le sang du Christ. En priant ainsi, nous désirons que la sainteté de Dieu rayonne en nous et à travers nous, nous conduisant à la béatitude des pauvres en esprit (Mt 5, 3).
« Que ton règne vienne ». Guidée par le don de piété, cette demande exprime une tendre affection pour notre Père. Elle a trois sens : la soumission totale à Dieu à la fin des temps, avec la conversion des justes, la punition des pécheurs et la destruction de la mort (1 Co 15, 25-26) ; la gloire du paradis, où s’accomplit pleinement la volonté divine (Mt 13, 41) ; et le règne de Dieu dans nos cœurs, chassant le péché (Rm 6, 12). Ce royaume est désirable pour sa justice (Is 60, 21), sa liberté parfaite (Rm 8, 21) et son abondance de biens (Is 64, 4). Cette prière nous rend doux, réservant la vengeance à Dieu et acceptant les pertes terrestres avec joie (Mt 5, 4).
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Inspirée par le don de science, cette demande nous enseigne à ne pas nous fier à notre propre jugement, mais à conformer notre volonté à celle de Dieu (Pr 3, 5). Dieu veut pour nous la vie éternelle (Jn 6, 40), l’observance de ses commandements (Mt 19, 17) et le rétablissement de notre dignité originelle, où la chair était soumise à l’esprit (1 Th 4, 3). Cette volonté s’accomplit dans les justes (le « ciel ») mais pas encore dans les pécheurs (la « terre »). Elle exige la grâce divine et notre coopération, comme le dit saint Augustin : « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » Cette prière nous fait pleurer nos exils et nos combats spirituels, nous préparant à la consolation des affligés (Mt 5, 5).
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Portée par le don de force, cette demande nous donne le courage de demander les biens nécessaires sans crainte (Is 40, 29). Le « pain » désigne les besoins temporels, le pain eucharistique (Jn 6, 51) et la parole de Dieu (Mt 4, 4). Elle nous garde de cinq vices: l’ambition démesurée, l’injustice, la sollicitude excessive, la voracité et l’ingratitude (Pr 30, 8 ; Eccl 29, 28). En demandant le « nôtre » et le «quotidien», nous reconnaissons que tout vient de Dieu (1 Ch 29, 14) et évitons l’attachement aux richesses, qui peuvent nuire (Eccl 6, 1-2). Cette prière aiguise notre faim de justice, nous menant à la béatitude des affamés (Mt 5, 6).
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés». Inspirée par le don de conseil, cette demande nous enseigne à implorer le pardon avec humilité et espérance (1 Jn 1, 8). Nos péchés sont des dettes envers Dieu, car nous préférons notre volonté à la sienne. La contrition, avec le propos de se confesser, remet la faute (Ps 31, 5), tandis que la confession et les indulgences, par le pouvoir des clefs (Jn 20, 23), effacent la peine temporelle. Cependant, Dieu conditionne son pardon à notre miséricorde envers autrui (Lc 6, 37). Refuser de pardonner, c’est mentir en priant, car nous prions au nom de l’Eglise. Cette demande nous rend miséricordieux, nous préparant à la béatitude des compatissants (Mt 5, 7).
« Et ne nous soumets pas à la tentation ». Guidée par le don d’intelligence, cette demande nous apprend à résister à la tentation, qui éprouve notre vertu en nous incitant au mal (Jc 1, 14). La chair nous tente par ses convoitises et son poids (Sg 9, 15); le diable, par sa ruse, nous détourne subtilement vers le péché (1 P 5, 8); le monde, par la cupidité et la peur (1 Tm 6, 10). Nous ne prions pas pour éviter les épreuves, mais pour ne pas y succomber, car la victoire sur la tentation mérite la couronne de gloire (Jc 1, 12). La charité et la lumière divine nous protègent (Ct 8, 7). Cette prière purifie notre cœur, nous conduisant à voir Dieu (Mt 5, 8).
« Mais délivre-nous du mal. Amen ». Inspirée par le don de sagesse, cette demande générale nous protège de tous les maux: péchés, maladies et afflictions. Dieu nous délivre en écartant parfois les épreuves (Ap 3, 8), en nous consolant dans l’adversité (2 Co 7, 6), en transformant le mal en bien par la patience (Rm 5, 3) et en nous conduisant à la paix éternelle, où toute larme sera essuyée (Ap 7, 16-17). La patience, vertu des sages, ordonne le mal au bien (Pr 19, 11), nous rendant semblables à Dieu, à qui rien ne nuit. Cette prière nous fait pacifiques, fils de Dieu (Mt 5, 9). Le « Amen » scelle notre assentiment à toutes les demandes.
Saint Thomas conclut que le Notre Père contient tout ce qu’il faut désirer et éviter. Nous désirons la gloire de Dieu (« Que ton nom soit sanctifié »), la vie éternelle (« Que ton règne vienne »), la justice (« Que ta volonté soit faite ») et les biens nécessaires (« Donne-nous notre pain »), comme le résume Jésus: « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Nous fuyons le péché (« Pardonne-nous »), la tentation («Ne nous soumets pas ») et les adversités (« Délivre-nous »), car ils s’opposent à ces biens. Ainsi, cette prière est une carte du salut, ordonnant nos vies vers la béatitude.
Conclusion : Vivre le Notre Père.
Le Notre Père est plus qu’une prière: c’est une école de sainteté. Saint Thomas nous invite à la réciter avec confiance, humilité et ferveur, en imitant le Christ et en aimant nos frères. Chaque demande nous rapproche de Dieu, nous purifie et nous prépare à la gloire céleste. Faisons nôtre cette oraison, laissons-la façonner nos cœurs et guider nos actions. Que le Seigneur nous donne la grâce de prier comme des fils, aimant notre Père et aspirant aux cieux.
Amen.
Publié le 31 juillet 2025
Année 2025-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Apprends-nous à prier.
Aujourd’hui, les apôtres demandent à Jésus: «apprends-nous à prier» et Jésus leur répond avec le «Notre Père», la prière la plus parfaite. A travers le commentaire lumineux de saint Thomas d’Aquin, prononcé lors du Carême 1273 à Naples, nous découvrons la profondeur de cette oraison, qui guide nos cœurs vers Dieu et ordonne nos désirs selon sa volonté. Que l’Esprit-Saint nous éclaire pour accueillir ces enseignements et faire de cette prière le cœur de notre vie spirituelle.
________________________________________________________Une prière pour le salut.
Saint Thomas, le docteur angélique, nous rappelle que le Notre Père est une catéchèse complète pour notre salut. Elle nous enseigne ce qu’il faut croire, désirer et accomplir, comme il l’expliquait en prêchant sur le Credo, les commandements et les prières fondamentales. Le Notre Père est un trésor divin, composé par le Fils de Dieu, qui nous unit à Lui et sanctifie nos âmes.
Les cinq qualités du Notre Père.
Saint Thomas commence par souligner que toute prière doit être confiante, droite, ordonnée, dévote et humble. Le Notre Père incarne excellemment ces qualités.
Confiante, car elle est l’œuvre de Jésus, notre avocat auprès du Père (1 Jn 2, 1).
Comme le dit saint Cyprien, en reprenant les paroles du Christ, nous prions avec assurance, certains d’être exaucés (Ps 90, 15). Cette confiance nous libère des péchés véniels, selon saint Augustin, et fortifie notre foi.
Droite, car elle demande des biens convenables, comme l’enseigne saint Jean Damascène. Nous ne savons pas toujours ce qu’il faut désirer (Rm 8, 26), mais Jésus nous guide pour demander ce qui est juste, évitant les vaines prières dont parle saint Jacques (Jc 4, 3).
Ordonnée, car elle privilégie les biens spirituels, comme le royaume de Dieu, avant les besoins temporels (Mt 6, 33). Cet ordre reflète la sagesse divine, alignant nos désirs sur les réalités éternelles.
Dévote, par sa brièveté et sa ferveur, évitant la prolixité condamnée par Jésus (Mt 6, 7). Saint Augustin nous exhorte à bannir l’abondance des paroles, mais à supplier avec ardeur. Cette prière manifeste notre charité pour Dieu, que nous appelons « Père », et pour le prochain, en disant « notre » Père.
Humble, car elle repose sur la puissance divine, comme le publicain de l’Evangile (Lc 18, 14). Cette humilité assure l’exaucement, car Dieu regarde la prière des humbles (Ps 101, 18).
Ainsi, le Notre Père est la prière par excellence, modèle de toute oraison, qui nous élève vers Dieu avec une parfaite disposition du cœur.
Les effets de la prière.
Saint Thomas identifie trois fruits précieux de la prière.
Premièrement, elle est un remède contre les maux. Elle nous délivre des péchés, comme le larron sur la croix (Lc 23, 43), et nous libère des craintes et persécutions, comme le Psalmiste l’affirme : « Au lieu de m’aimer, on me fait du tort, mais moi, je prie » (Ps 108, 4).
Deuxièmement, elle exauce nos désirs, si nous prions avec persévérance et selon la volonté divine (Mc 11, 24). Saint Augustin note que Dieu, dans sa bonté, nous donne ce qui est meilleur, même si nos demandes sont imparfaites, comme saint Paul l’expérimenta (2 Co 12, 8).
Troisièmement, elle nous rend familiers de Dieu, nous unissant à Lui comme un encens odorant (Ps 140, 2). Le Notre Père réalise pleinement ces effets, nous guérissant, nous comblant et nous rapprochant de notre Père céleste.
Quatre devoirs.
En disant « Notre Père », nous reconnaissons Dieu comme notre Créateur, qui nous a faits à son image (Dt 32, 6), notre providence, qui nous gouverne avec sollicitude (Sg 14, 3), et notre Père adoptif, qui nous fait héritiers de son royaume (Rm 8, 15-17). Cette paternité nous impose quatre devoirs :
L’honneur, par la louange sincère (Ps 49, 23), la pureté du corps (1 Co 6, 20) et la justice envers le prochain (Ps 98, 4).
L’imitation, dans l’amour (Ep 5, 1-2), la miséricorde (Lc 6, 36) et la perfection (Mt 5, 48).
L’obéissance, à l’exemple du Christ, obéissant jusqu’à la mort (Ph 2, 8), et pour notre propre bien (2 R 6, 21).
La patience, acceptant les corrections divines comme un fils aimé (Pr 3, 11-12).
L’expression « qui es aux cieux » inspire une triple confiance: en la puissance de Dieu, maître des cieux matériels (Ps 102, 19); en son amitié, car Il habite les saints, ces « cieux » spirituels (Jr 14, 9); et en la convenance de notre demande, orientée vers les biens éternels (Col 3, 1). Ces paroles nous préparent à prier avec foi, contemplant la gloire céleste et aspirant à y parvenir.
Les sept demandes : Un chemin vers la béatitude.
Saint Thomas structure le Notre Père autour de sept demandes, chacune liée à un don de l’Esprit-Saint et à une béatitude, guidant notre âme vers Dieu.
« Que ton nom soit sanctifié ». Cette demande, inspirée par le don de crainte, nous invite à proclamer le nom de Dieu, admirable par ses œuvres (Mc 16, 17), aimable pour notre salut (Ac 4, 12), vénérable dans toutes les créatures (Ph 2, 10) et inexprimable, figuré par des images comme le rocher, le feu ou la lumière (Dt 4, 24 ; Ps 17, 29). « Saint » signifie ferme, comme les bienheureux du ciel (Ap 7, 14), détaché des choses terrestres (Ph 3, 8) et purifié par le sang du Christ. En priant ainsi, nous désirons que la sainteté de Dieu rayonne en nous et à travers nous, nous conduisant à la béatitude des pauvres en esprit (Mt 5, 3).
« Que ton règne vienne ». Guidée par le don de piété, cette demande exprime une tendre affection pour notre Père. Elle a trois sens : la soumission totale à Dieu à la fin des temps, avec la conversion des justes, la punition des pécheurs et la destruction de la mort (1 Co 15, 25-26) ; la gloire du paradis, où s’accomplit pleinement la volonté divine (Mt 13, 41) ; et le règne de Dieu dans nos cœurs, chassant le péché (Rm 6, 12). Ce royaume est désirable pour sa justice (Is 60, 21), sa liberté parfaite (Rm 8, 21) et son abondance de biens (Is 64, 4). Cette prière nous rend doux, réservant la vengeance à Dieu et acceptant les pertes terrestres avec joie (Mt 5, 4).
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Inspirée par le don de science, cette demande nous enseigne à ne pas nous fier à notre propre jugement, mais à conformer notre volonté à celle de Dieu (Pr 3, 5). Dieu veut pour nous la vie éternelle (Jn 6, 40), l’observance de ses commandements (Mt 19, 17) et le rétablissement de notre dignité originelle, où la chair était soumise à l’esprit (1 Th 4, 3). Cette volonté s’accomplit dans les justes (le « ciel ») mais pas encore dans les pécheurs (la « terre »). Elle exige la grâce divine et notre coopération, comme le dit saint Augustin : « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » Cette prière nous fait pleurer nos exils et nos combats spirituels, nous préparant à la consolation des affligés (Mt 5, 5).
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Portée par le don de force, cette demande nous donne le courage de demander les biens nécessaires sans crainte (Is 40, 29). Le « pain » désigne les besoins temporels, le pain eucharistique (Jn 6, 51) et la parole de Dieu (Mt 4, 4). Elle nous garde de cinq vices: l’ambition démesurée, l’injustice, la sollicitude excessive, la voracité et l’ingratitude (Pr 30, 8 ; Eccl 29, 28). En demandant le « nôtre » et le «quotidien», nous reconnaissons que tout vient de Dieu (1 Ch 29, 14) et évitons l’attachement aux richesses, qui peuvent nuire (Eccl 6, 1-2). Cette prière aiguise notre faim de justice, nous menant à la béatitude des affamés (Mt 5, 6).
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés». Inspirée par le don de conseil, cette demande nous enseigne à implorer le pardon avec humilité et espérance (1 Jn 1, 8). Nos péchés sont des dettes envers Dieu, car nous préférons notre volonté à la sienne. La contrition, avec le propos de se confesser, remet la faute (Ps 31, 5), tandis que la confession et les indulgences, par le pouvoir des clefs (Jn 20, 23), effacent la peine temporelle. Cependant, Dieu conditionne son pardon à notre miséricorde envers autrui (Lc 6, 37). Refuser de pardonner, c’est mentir en priant, car nous prions au nom de l’Eglise. Cette demande nous rend miséricordieux, nous préparant à la béatitude des compatissants (Mt 5, 7).
« Et ne nous soumets pas à la tentation ». Guidée par le don d’intelligence, cette demande nous apprend à résister à la tentation, qui éprouve notre vertu en nous incitant au mal (Jc 1, 14). La chair nous tente par ses convoitises et son poids (Sg 9, 15); le diable, par sa ruse, nous détourne subtilement vers le péché (1 P 5, 8); le monde, par la cupidité et la peur (1 Tm 6, 10). Nous ne prions pas pour éviter les épreuves, mais pour ne pas y succomber, car la victoire sur la tentation mérite la couronne de gloire (Jc 1, 12). La charité et la lumière divine nous protègent (Ct 8, 7). Cette prière purifie notre cœur, nous conduisant à voir Dieu (Mt 5, 8).
« Mais délivre-nous du mal. Amen ». Inspirée par le don de sagesse, cette demande générale nous protège de tous les maux: péchés, maladies et afflictions. Dieu nous délivre en écartant parfois les épreuves (Ap 3, 8), en nous consolant dans l’adversité (2 Co 7, 6), en transformant le mal en bien par la patience (Rm 5, 3) et en nous conduisant à la paix éternelle, où toute larme sera essuyée (Ap 7, 16-17). La patience, vertu des sages, ordonne le mal au bien (Pr 19, 11), nous rendant semblables à Dieu, à qui rien ne nuit. Cette prière nous fait pacifiques, fils de Dieu (Mt 5, 9). Le « Amen » scelle notre assentiment à toutes les demandes.
Saint Thomas conclut que le Notre Père contient tout ce qu’il faut désirer et éviter. Nous désirons la gloire de Dieu (« Que ton nom soit sanctifié »), la vie éternelle (« Que ton règne vienne »), la justice (« Que ta volonté soit faite ») et les biens nécessaires (« Donne-nous notre pain »), comme le résume Jésus: « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Nous fuyons le péché (« Pardonne-nous »), la tentation («Ne nous soumets pas ») et les adversités (« Délivre-nous »), car ils s’opposent à ces biens. Ainsi, cette prière est une carte du salut, ordonnant nos vies vers la béatitude.
Conclusion : Vivre le Notre Père.
Le Notre Père est plus qu’une prière: c’est une école de sainteté. Saint Thomas nous invite à la réciter avec confiance, humilité et ferveur, en imitant le Christ et en aimant nos frères. Chaque demande nous rapproche de Dieu, nous purifie et nous prépare à la gloire céleste. Faisons nôtre cette oraison, laissons-la façonner nos cœurs et guider nos actions. Que le Seigneur nous donne la grâce de prier comme des fils, aimant notre Père et aspirant aux cieux.
Amen.
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Publié le 31 juillet 2025