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Homélie pour le 7ème dimanche de Pâques 2018 (JA).

Le monde.

Prenons nous aussi la décision de devenir des saints et agissons en disciples de notre Seigneur Jésus Christ. Travaillons dans le monde sans appartenir au monde, n’ayant pas peur de montrer notre identité de chrétien.

Dans le passage de l’Evangile que nous venons d’entendre il y a un mot employé neuf fois par Jésus. C’est le mot : “monde” . Tout au long de l’Evangile selon saint Jean ce terme est souvent employé en prenant des significations très diverses. C’est pourquoi afin d’illuminer notre foi et par conséquent notre morale (c’est-à-dire pour éduquer notre conscience) il convient de nous concentrer au moins brièvement sur la compréhension de ce mot.

Revenons donc sur le passage de l’Evangile d’aujourd’hui. Jésus dit : « Et maintenant que je viens à toi [Il parle du retour au Père lors de l’Ascension], je parle ainsi, dans le monde… ».
Ce monde c’est le lieu physique, le monde créé bon par Dieu… «  Le monde était venu par lui [par le Verbe de Dieu] à l’existence  » (Jn 1,10). En tant que créature, il est bon. « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon  » (Gen 1,31). Jésus, le Verbe de Dieu, qui a créé le monde, est venu dans le monde, il s’est fait homme dans ce monde. Premier sens donc du mot monde : la terre, y compris spécialement les hommes.

En deuxième lieu, deuxième phrase à prendre en considération : « Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde  ». Jésus marque une différence nette entre lui et le monde et entre ses disciples et le monde. Le terme monde employé ici signale les personnes qui n’ont pas reçu Jésus, tous ceux qui ne voulant pas se convertir pour devenir disciples de Jésus, le cherchent pour le tuer et le faire disparaitre. Ce monde éprouve de la haine envers Jésus et ses disciples. Il s’agit de l’inimitié existante depuis le commencement.
Rappelons-nous la Genèse : « Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon » (Gen 3, 14-15).
Dans le monde, les disciples du Christ vont vivre ce que Jésus a vécu. En particulier, le monde va les haïr de même que le monde a haï Jésus. « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous » (Jn 15,18)
Voilà donc la deuxième signification du terme monde : les ennemis de Jésus, qui ont pour tête le diable, prince de ce monde. C’est avec ce monde mauvais que les disciples de Jésus ne peuvent pas négocier, ni se mettre d’accord, parce qu’ils n’appartiennent pas au monde : ils sont à Dieu.

En troisième lieu : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais  ». Ici on retrouve les deux sens déjà décrits : le monde physique, créé par Dieu et le monde perverti par l’influence du démon, duquel lui-même se proclame le prince.
Jésus prie pour que ses disciples (tous ceux qui l’ont reçu) tout en étant dans le monde, soient gardés de ce monde mauvais. Il ne s’agit pas pour les disciples de ne pas être dans le monde, mais de se garder du Mauvais. «  Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais  » (Jn 17,15). Ils ont été tirés du monde, au sens de tirés du péché (du domaine du diable), par une grâce d’élection de la part de Dieu, mais ils ne sont pas tirés du monde, au sens de la terre des hommes. On ne peut pas s’évader de ce monde ; au contraire, on est là pour rendre témoignage comme le Christ. C’est pour cela qu’il prie pour que ses disciples soient gardés du Mauvais, c’est-à-dire qu’ils ne se contaminent pas par le péché.
Le monde devient ainsi pour les disciples du Christ un lieu d’épreuve. Ils auront à souffrir dans le monde. « Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Cette épreuve qui attend les disciples du Christ ne doit pas les affoler s’ils la vivent avec Lui. Il a vaincu le monde.

En quatrième lieu et en continuité avec ce même sens, Jésus en s’adressant au Père ajoute : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde  ». Le monde étant un lieu d’épreuve est aussi le lieu de la mission de Jésus et ses disciples. Jésus a été envoyé par le Père pour sauver le monde, c’est-à-dire les hommes. «  Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Dieu aime les hommes parce qu’Il les a fait à son image. Cette image détruite à cause du péché, Dieu veut la restaurer. Il envoie donc son Fils unique, Jésus Christ.
Sa mission a été d’illuminer les hommes par ses paroles et ses exemples, de pardonner leurs péchés, de donner la vraie paix, de donner, en définitive, sa propre vie pour la vie du monde, don qui passe par le sacrifice de la croix.
A son tour Jésus envoie ses disciples continuer sa mission dans le monde. C’est un fait constatable depuis la venue de Jésus Christ, que les saints sont les hommes et les femmes qui ont travaillé le plus afin de bâtir un monde meilleur ici sur la terre, même s’ils étaient bien conscients que cette patrie était temporelle. Signalons parmi eux saint Benoît, qui a bâti la civilisation occidentale autour de ses monastères. C’est la charité qui a fait cela.

Prenons nous aussi la décision de devenir des saints et agissons en disciples de notre Seigneur Jésus Christ. Travaillons dans le monde sans appartenir au monde, n’ayant pas peur de montrer notre identité de chrétien.
Voilà le monde : le lieu de notre combat, notre champ de mission, les âmes à sauver.







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