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Homélie pour le 6ème dimanche du temps ordinaire 2019. L’Eucharistie (JGA).

Le sacrement de l’Eucharistie.

La très sainte Eucharistie conserve et accroît la vie de l’âme qui est la grâce, comme la nourriture matérielle soutient et accroît la vie du corps; elle remet les péchés véniels et préserve des péchés mortels; elle produit la consolation spirituelle; elle affaiblit nos passions et, en particulier, elle amortit en nous le feu de la concupiscence; elle accroît en nous la ferveur et nous aide à agir en conformité avec les désirs de Jésus-Christ; elle nous donne un gage de la gloire future et de la résurrection de notre corps.

Sources:

Saint Pie X, Grand Catéchisme.
Saint Jean Paul II, Catéchisme de l’Église Catholique.
Dominique Le Tourneau, L’Eucharistie (http://www.dominique-le-tourneau.fr)


«Adoro te devote, latens Deitas», «Je T’adore dévotement, Dieu caché». Un célèbre hymne eucharistique, composé par saint Thomas d’Aquin, commence par ces mots. Nous parlerons aujourd’hui du sacrement de l’Eucharistie, le sacrement de «Jésus caché», comme l’a appelé le bienheureux François de Fatima, présent de manière mystérieuse mais réelle parmi nous jusqu’à la fin du monde.

L’institution de l’Eucharistie.

« Tandis qu’il se livrait à la souffrance volontaire, pour détruire la mort et rompre les chaînes du diable, fouler aux pieds l’enfer, amener les justes à la lumière, fixer la règle [de la foi] et manifester la résurrection, prenant du pain, il te rendit grâce et dit :  » Prenez, mangez, ceci est mon Corps qui est rompu pour vous ». De même le calice en disant :  » Ceci est mon Sang qui est répandu pour vous. Quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi » », écrivait saint Hippolyte aux environs de l’année 225.

Quand Jésus-Christ a-t -institué le sacrement de l’Eucharistie?

Jésus-Christ a institué le sacrement de l’Eucharistie dans la dernière cène qu’il fit avec ses disciples, le soir qui précéda sa passion. Saint Jean souligne que Jésus, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), et le Catéchisme ajoute: « pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de le célébrer jusqu’à son retour,  » les établissant alors prêtres du Nouveau Testament  » » (concile de Trente cité par Catéchisme de l’Église catholique, n° 1337).

La nature de l’Eucharistie et la présence réelle de Jésus-Christ dans ce sacrement.

Qu’est-ce que le sacrement d’Eucharistie?

L’Eucharistie est un sacrement qui, par l’admirable changement de toute la substance du pain au Corps de Jésus-Christ et de celle du vin en son Sang précieux, contient vraiment, réellement et substantiellement le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité de Jésus-Christ notre Seigneur, sous les espèces du pain et du vin, pour être notre nourriture spirituelle. Dans l’Eucharistie, il y a vraiment le même Jésus-Christ qui est dans le ciel et qui est né de la très Sainte Vierge sur la terre. Présence réelle mais invisible. Nous la connaissons par la foi et, peut-on ajouter, par expérience aussi. C’est ce que disait le saint curé d’Ars : « Il n’y a pas sujet de doute que Notre Seigneur est dans la Sainte Eucharistie, on sait bien qu’il y est, on le sent bien » (Catherine Lassagne, Le curé d’Ars au quotidien par un témoin privilégié, Paris, 2003, p. 79).

Avant la consécration, l’hostie est du pain mais, après la consécration, l’hostie est le vrai Corps de notre Seigneur Jésus-Christ sous les espèces du pain. Dans le calice, avant la consécration, il y a du vin avec quelques gouttes d’eau mais après la consécration, dans le calice il y a le vrai Sang de notre Seigneur Jésus-Christ sous les espèces du vin.

Le changement du pain au Corps et du vin au Sang de Jésus-Christ se fait au moment même où le prêtre, pendant la sainte messe, prononce les paroles de la consécration. La consécration est le renouvellement, par le ministère du prêtre, du miracle opéré par Jésus-Christ changeant à la dernière Cène le pain et le vin en son Corps et en son Sang adorables par ces mots: «Ceci est mon Corps; ceci est mon Sang». Le miraculeux changement qui s’opère chaque jour sur nos autels est appelé par l’Eglise «transsubstantiation». Il est loisible de parler aussi de conversion, comme le fait le Catéchisme de l’Église catholique (n° 1375) : « C’est par la conversion du pain et du vin au Corps et au sang du Christ que le Christ devient présent en ce sacrement. Les Pères de l’Église ont fortement affirmé la foi de l’Église en l’efficacité de la Parole du Christ et de l’action de l’Esprit Saint pour opérer cette conversion ».

Comme saint Thomas d’Aquin l’explique (Somme théologique, III, q. 75-77), « les substances du pain et du vin ne sont ni déplacées pour céder leur place à celles du corps et du sang (changement local), ni décomposées ou anéanties pour que leur soient substituées celles du corps et du sang, mais changées en celles du corps et du sang. Le Christ est présent tout entier (corps, sang, âme, divinité) soit sous l’espèce du pain, soit sous l’espèce du vin, qu’on prenne chacune en sa totalité ou en l’une quelconque de ses parties » (J. de Biaciocchi, « Eucharistie », Catholicisme hier, aujourd’hui, demain,col.649).

Le dogme de la transsubstantiation s’oppose donc aux théories de la «consubstantiation » et de l’«impanation », qui maintiennent que, « lors de la consécration du pain et du vin à la Cène, la substance du corps et celle du sang du Christ sont présentes « avec, dans et sous » les éléments du pain et du vin. La présence réelle est confessée, mais elle disparaît avec la dispersion de l’assemblée eucharistique » (D. Le Tourneau, « Consubstantiation », ouvrage cité, p. 177).

«Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce qu’Il offrait sous l’espèce du pain était vraiment son Corps, on a toujours eu dans l’Église cette conviction» (Concile de Trente, cité par le Catéchisme de l’Église catholique, n° 1376).

La matière du sacrement de l’Eucharistie est celle qui fut employée par Jésus-Christ, c’est-à-dire le pain de froment et le vin de la vigne. La forme consiste dans les paroles employées par Jésus-Christ: «Ceci est mon Corps; ceci est mon Sang».

Après la consécration, ne reste-t-il rien du pain et du vin? Il reste seulement les espèces du pain et du vin. On appelle «espèces» la quantité et les qualités sensibles du pain et du vin comme la forme, la couleur, la saveur. Les espèces du pain et du vin restent merveilleusement sans leur substance par la vertu du Dieu tout-puissant.

Jésus-Christ est tout entier aussi bien dans l’hostie que dans le calice parce que, dans l’Eucharistie, il est vivant et immortel comme dans le Ciel. Par conséquent, là où est son Corps, il y a aussi son Sang, son Ame et sa Divinité; et là où est son Sang, il y a aussi son Corps, son Ame et sa Divinité, car en Jésus-Christ tout cela est inséparable. Quand Jésus-Christ est dans l’hostie, il ne cesse pas d’être au Ciel, mais il se trouve en même temps au Ciel et dans le très Saint Sacrement dans toutes les hosties consacrées du monde par la toute-puissance de Dieu à qui rien n’est impossible. Quand on divise l’hostie, on ne divise pas le Corps de Jésus-Christ, on divise seulement les espèces du pain. Le Corps de Jésus-Christ reste tout entier dans toutes les parties en lesquelles l’hostie a été divisée. Dans une grande hostie comme dans la parcelle d’une hostie, c’est toujours le même Jésus-Christ.

Jésus-Christ a institué la très sainte Eucharistie pour trois raisons principales:

a. pour qu’elle soit le sacrifice de la nouvelle loi;

b. pour qu’elle soit la nourriture de notre âme;

c. pour qu’elle soit un mémorial perpétuel de sa passion et de sa mort, et un gage précieux de son amour envers nous et de la vie éternelle.

Il a institué ce sacrement sous les espèces du pain et du vin, parce que l’Eucharistie devait être notre nourriture spirituelle et qu’il était par suite convenable qu’elle nous fût donnée sous forme d’aliment et de breuvage.

Les effets du sacrement de l’Eucharistie.

Il convient de souligner la différence de cette nourriture d’avec la nourriture du corps. Cette dernière produit dans le corps le bien de la vie physique, alors que l’Eucharistie produit son effet dans l’âme, d’une manière infiniment plus sublime, pour le bien de la vie spirituelle. Mais tandis que la nourriture se convertit en notre substance corporelle, en recevant la communion, c’est nous qui nous convertissons dans le Christ, comme Jésus disait à saint Augustin : « Tu ne me transformeras pas en toi, comme la nourriture en ta chair, mais tu te transformeras en Moi » (saint Augustin, Confessions 7, 10).

Voici les principaux effets que produit la très sainte Eucharistie en celui qui la reçoit dignement:

a. elle conserve et accroît la vie de l’âme qui est la grâce, comme la nourriture matérielle soutient et accroît la vie du corps;

b. elle remet les péchés véniels et préserve des péchés mortels;

c. elle produit la consolation spirituelle.

La très sainte Eucharistie produit encore en nous trois autres effets, à savoir:

d. elle affaiblit nos passions et, en particulier, elle amortit en nous le feu de la concupiscence;

e. elle accroît en nous la ferveur et nous aide à agir en conformité avec les désirs de Jésus-Christ;

f. elle nous donne un gage de la gloire future et de la résurrection de notre corps.

Les dispositions nécessaires pour bien communier.

Le sacrement de l’Eucharistie produit en nous ses merveilleux effets quand il est reçu avec les dispositions nécessaires. Seul le fidèle dûment disposé et préparé peut communier.

Cela veut dire:

a. qu’il doit s’agir d’un fidèle catholique (être baptisé et avoir fait la première communion);

b. en état de grâce;

c. être à jeun depuis une heure;

d. savoir ce qu’on va recevoir et s’approcher de la sainte communion avec dévotion.

Etre en état de grâce, c’est avoir la conscience pure de tout péché mortel. Celui qui sait être en état de péché mortel, doit, avant de communier, faire une bonne confession.

«Communier avec dévotion», c’est s’approcher de la sainte communion avec humilité et modestie, dans sa personne comme dans ses habits, et faire la préparation avant la sainte communion: s’arrêter quelques instants à considérer qui nous allons recevoir et qui nous sommes et à faire des actes de foi, d’espérance, de charité, de contrition, d’adoration, d’humilité et de désir de recevoir Jésus-Christ; et l’action de grâces après: rester dans le recueillement, honorant la présence du Seigneur en nous et renouvelant les actes de foi, d’espérance, de charité, d’adoration, de remerciement, d’offrande et de demande, demandant surtout les grâces qui nous sont le plus nécessaires à nous et à ceux pour lesquels nous sommes obligés de prier.

Combien de temps Jésus-Christ reste-t-il en nous après la sainte communion? Jésus-Christ reste en nous par sa grâce aussi longtemps que nous ne péchons pas mortellement; et par sa présence réelle il reste tant que les espèces sacramentelles ne sont pas consommées. Il est bon donc de s’entretenir avec le Seigneur, écrit Jean-Paul II (Encyclique Ecclesia de Eucharistia, n° 25) en faisant part de son expérience personnelle, et «penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jean 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son cœur. […] Comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement? Bien des fois […] j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! ».

Saint Paul exhorte à un examen de conscience quand il écrit : « Quiconque mange ce pain ou boit cette coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même et qu’il mange alors de ce pain et boive de cette coupe; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il n’y discerne le Corps » (1 Corinthiens 11, 27-29).

La manière de communier.

Comment convient-il de recevoir la sainte communion ? Saint Augustin disait «que personne ne mange cette chair sans l’avoir adorée » (Enarrationes in Psalmum 118, 9). L’attitude d’adoration et de vénération se manifestera aussi « en fléchissant les genoux ou en nous inclinant profondément » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1378) en présence du Saint-Sacrement.

Lors de la messe de la Fête Dieu, le 22 mai 2008, le Pape Benoît XVI a dit : « S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu’en lui nous savons et nous croyons qu’est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l’a tant aimé au point de lui donner son Fils unique. La communion à genoux et dans la bouche est une tradition ancienne qui existe depuis des siècles, et, d’autre part, elle est un geste particulièrement expressif d’adoration, tout à fait approprié à manifester la vraie présence réelle et substantielle de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans les espèces consacrées » .

Et la communion dans la main ? Le Saint Pape Jean-Paul II disait: « je ne suis pas en faveur de cette pratique, et je ne la recommande pas non plus, n’ayez pas peur de vous agenouiller devant Dieu! Car adorer le Créateur ne diminue en rien l’homme, mais lui restitue sa pleine humanité et dignité ! ». On n’oubliera pas que « toucher les saintes espèces, les distribuer de ses mains, est un privilège de personnes ordonnées » (Instruction Redemptionis Sacramentum, n° 92).

Saint Cyrille de Jérusalem disait : « Sois vigilant pour ne rien perdre du corps du Seigneur. Si jamais tu laissais tomber quelque chose, tu devrais le regarder comme un membre de ton propre corps que tu aurais taillé. Dis-moi, je t’en prie, si quelqu’un te donnait des pépites d’or, ne le garderais-tu pas par hasard avec la plus grande précaution et le plus grand soin, attentif à ne rien perdre ? Ne devrais-tu pas soigner avec une attention et une vigilance encore plus grande le corps du Seigneur, afin que rien, pas même une parcelle, ne tombe à terre, puisque ce corps est infiniment plus précieux que l’or et les pierres précieuses? » .

Pour conclure, terminons cette homélie avec l’hymne eucharistique « Adorote devote » en demandant au Seigneur d’augmenter notre foi et notre amour envers Jésus-Eucharistie:

« Je T’adore dévotement, Dieu caché, Qui, sous ces apparences, vraiment prends corps, À Toi, mon cœur tout entier se soumet Parce qu’à Te contempler, tout entier il s’abandonne. La vue, le goût, le toucher, en Toi font ici défaut, Mais T’écouter seulement fonde la certitude de Foi. Je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu, Il n’est rien de plus vrai que cette Parole de Vérité. Sur la Croix se cachait Ta seule Divinité, Mais ici, en même temps, se cache aussi Ton Humanité. Toutes les deux, cependant, je les crois et les confesse, Je demande ce qu’a demandé le larron pénitent. Tes plaies, tel Thomas, moi je ne les vois pas, Mon Dieu, cependant, Tu l’es, je le confesse, Fais que, toujours davantage, en Toi je croie, Je place mon Espérance, je T’aime. Ô Mémorial de la mort du Seigneur, Pain vivant qui procure la Vie à l’homme, Procure à mon esprit de vivre de Toi Et de toujours savourer Ta douceur. Pieux pélican, Jésus mon Seigneur, Moi qui suis impur, purifie-moi par Ton Sang Dont une seule goutte aurait suffi à sauver Le monde entier de toute faute. Jésus, que sous un voile, à présent, je regarde, Je T’en prie, que se réalise ce dont j’ai tant soif, Te contempler, la face dévoilée, Que je sois bienheureux, à la vue de Ta Gloire ».

Ainsi soit-il.

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