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Homélie pour le 4ème dimanche du temps ordinaire 2018 (EA).

La virginité consacrée.

Par cette obligation du célibat, bien loin de perdre entièrement le privilège de la paternité, le prêtre l’accroît à l’infini, car la postérité qu’il ne suscite pas à cette vie terrestre, il l’engendre à la vie céleste et éternelle.

Les vierges et tous les consacrés sont un signe vivant qui nous parle de la vie éternelle, qui nous donne la possibilité de penser à l’éternité en sortant pour un moment des réalités éphémères et transitoires du monde ici-bas.

En ce dimanche je voudrais profiter de l’enseignement de saint Paul que l’Église nous propose dans la deuxième lecture pour que nous réfléchissions sur la vertu très importante qu’est la virginité consacrée.

Saint Paul, se souciant du plus grand bien spirituel des fidèles en cherchant à les aider à aimer le Christ davantage, commence par le but de son enseignement :
« Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci… afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage ».
C’est un appel à tous ceux qui aspirent à la plus haute perfection chrétienne, qui souhaitent suivre le Christ par le même chemin qu’Il a choisi. Tous, nous sommes appelés à la perfection, à être saints, à aimer Dieu au-delà de tout. Mais pas tous par la voie si étroite de la vie consacrée. En fait, comme l’explique l’apôtre, la virginité est le chemin le plus direct et le plus sûr, car elle évite les soucis de la famille humaine et du monde, et permet d’aimer Dieu d’un cœur entier, sans partage, voué totalement à son service.

« Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. C’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien, afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage ».

Saint Paul veut nous dire que ce qui est le plus important, c’est de ne se préoccuper que des choses du Seigneur. Il aimerait que les fidèles du Christ n’aient pas d’autres préoccupations humaines, qu’ils se consacrent uniquement au Seigneur. Et pour l’apôtre la virginité est, en soi, la situation la plus favorable pour cette finalité. Il faut cependant reconnaître qu’elle correspond à une vocation particulière. Il n’est pas donné à tous de vivre d’une manière si spirituelle et dans un don aussi généreux.

De toute façon je pense qu’il sera très utile pour tous de méditer sur la virginité consacrée. Pour quelques-uns, les prêtres, religieuses et laïcs consacrés cela les touche directement, pour d’autres, ceux qui sont mariés, c’est aussi très important, puisqu’ils reçoivent les bienfaits de leur consécration à Dieu, la paternité et la maternité spirituelles et enfin pour ceux qui n’ont pas encore choisi leur état de vie, ils peuvent être appelés à vivre ce don de la virginité.

Nous allons nous aider du très beau texte du Saint Père, Pie XII, “Sacra Virginitas”, la virginité sacrée.

Le document commence par : « La sainte virginité et cette parfaite chasteté, qui est consacrée au service de Dieu, sont sans aucun doute, un des plus précieux trésors que son Fondateur a laissé comme héritage à l’Église ».

Le pape affirme tout de suite qu’il est important de proclamer et défendre le don de la virginité consacrée, car aujourd’hui beaucoup exaltent tellement le mariage, au point de le préférer même à la virginité, qu’ils déprécient la chasteté consacrée à Dieu et le célibat ecclésiastique. Il faut garder de ces erreurs la vérité catholique.
Il nous déclare d’abord l’essence ou la signification de la virginité : « La multitude des fidèles qui, depuis le début de l’Église jusqu’à nos jours, ont consacré à Dieu leur chasteté, est incalculable : les uns en gardant intacte leur virginité, d’autres en lui vouant à la mort du conjoint leur veuvage, d’autres enfin, en regrettant leurs péchés, par le choix d’une vie parfaitement chaste ; mais tous se distinguent par cette résolution commune de s’abstenir pour Dieu, des plaisirs de la chair et cela pour toujours ».
Alors, on peut bien définir la virginité sacrée comme l’offrande totale de notre cœur à Dieu, par le renoncement libre et définitif du mariage et de tout plaisir de la chair.

Ensuite, il est important de souligner les motifs qui font de la virginité un état de vie si parfait et digne d’éloge.
Evidement la première raison est celle qu’a enseignée l’apôtre saint Paul : être plus libre pour aspirer uniquement aux choses divines et diriger vers elles son esprit et son cœur ; vouloir plaire à Dieu en toutes choses ; penser à lui intensément et lui consacrer totalement son esprit et son corps.
« On comprend dès lors facilement pourquoi ceux qui désirent s’adonner au service de Dieu embrassent l’état de vie virginale comme une libération, c’est-à-dire pour pouvoir plus pleinement servir Dieu et se dévouer de toutes leurs forces au bien du prochain. Comment, par exemple un missionnaire de l’Évangile comme saint François Xavier, un père des pauvres comme saint Vincent de Paul, un éducateur de la jeunesse comme saint Jean Bosco, une  » mère des émigrés  » comme sainte Françoise-Xavier Cabrini auraient-ils pu accomplir des œuvres aussi grandes et aussi pénibles s’ils avaient dû pourvoir aux besoins matériels et spirituels d’un conjoint et de plusieurs enfants ? ».
Deuxième raison : être plus capables et mieux disposés pour la contemplation de Dieu, pour vivre dans l’intimité de Dieu plus aisément.
« C’est ce qu’affirment les saints Pères, quand ils traitent des avantages que peuvent trouver ceux qui s’abstiennent de ces plaisirs du corps pour mieux goûter les élévations de la vie spirituelle ».
Comme l’écrit le docteur angélique, l’usage du mariage « occupe l’âme et l’empêche de s’adonner entièrement au service de Dieu » (Saint Thomas d’Aquin Sum. theol. IIa- IIæ, q CLXXXVI, a. 4).
Troisième raison, pour l’honneur et la révérence dus à l’Eucharistie, le Corps et le Sang de Jésus-Christ.
« Il faut de plus observer que les ministres sacrés s’abstiennent complètement du mariage, non seulement pour qu’ils s’acquittent de leur charge apostolique, mais également parce qu’ils servent à l’autel. Pour ce qui regarde cette continence parfaite des prêtres, saint Pierre Damien observe sous une forme interrogative :  » Si donc notre Rédempteur a tant aimé cette fleur de la chasteté parfaite, au point non seulement de naître du sein d’une Vierge, mais encore de recevoir les soins d’un nourricier vierge, et cela alors que tout enfant il vagissait dans la crèche, à qui, dites-moi, veut-il confier son corps maintenant qu’il règne immense dans les cieux ?  » (Saint Pierre Damien, De cœlibatu sacerdotum, c. III ; P.L., CXLV, 384) ».
En quatrième lieu la virginité consacrée permet et crée la paternité et la maternité spirituelles, c’est à dire, ne pas avoir sa propre famille charnelle permet d’engendrer des milliers d’enfants pour Dieu :
« Que dirions-Nous pour louer en tout point les hérauts de la parole de Dieu, qui, loin de leur patrie supportent les plus accablants labeurs pour convertir des multitudes d’infidèles à la foi chrétienne ? Que dire des épouses sacrées du Christ qui leur donnent le secours de leur collaboration très précieuse ? Pour chacun et pour tous, Nous répétons ces mots que Nous écrivions dans Notre Exhortation apostolique Menti Nostræ : « … Par cette obligation du célibat, bien loin de perdre entièrement le privilège de la paternité, le prêtre l’accroît à l’infini, car la postérité qu’il ne suscite pas à cette vie terrestre, il l’engendre à la vie céleste et éternelle.  » (A.A.S., XLII 1950 p 663) ».
Enfin, une cinquième raison qui nous montre la nécessité de la virginité dans ce monde est la capacité de prophétie qui lui est associée. Les consacrés sont pour les chrétiens des lumières, des prophètes qui prêchent et témoignent tout le temps de la vie éternelle : c’est ce qu’assure saint Cyprien, en écrivant à des vierges : « Ce que nous serons plus tard, vous commencez vous à l’être déjà. Vous jouissez déjà en ce siècle de la gloire de la résurrection ; vous passez dans le siècle sans en souffrir la contamination. En persévérant dans la chasteté et la virginité vous êtes égales aux anges de Dieu.  » (Saint Cyprien : de habitu virginum, 22 : P.L. IV 462).
Les vierges et tous les consacrés sont un signe vivant qui nous parle de la vie éternelle, qui nous donne la possibilité de penser à l’éternité en sortant pour un moment des réalités éphémères et transitoires du monde ici-bas.
C’est pour cela que tous ceux qui ont été appelés à suivre Jésus-Christ dans la virginité constituent la joie et la gloire de l’Église. Et nous, nous devons nous réjouir intensément pour le grand don de Dieu pour tous ceux qui sont consacrés et en même temps, il faut nous engager à les soutenir, par notre prière, nos sacrifices et notre générosité.

J’aimerais terminer par une exhortation qu’a faite le pape aux parents au sujet de la vocation des enfants : « Nous exhortons en outre — comme la conscience de Notre charge apostolique Nous en fait un devoir — les pères et les mères de famille pour qu’ils consentent volontiers à offrir au service du Seigneur ceux de leurs enfants qui s’y sentent appelés. Que les parents pensent au grand honneur qui rejaillit sur eux avec un fils qui reçoit la prêtrise ou une fille qui consacre sa virginité au divin Époux. Parlant des vierges sacrées, saint Ambroise, évêque de Milan disait :  » Parents, vous avez entendu… la vierge est un don de Dieu, une oblation de son père, le sacerdoce de la chasteté. La vierge est l’hostie de sa mère, dont le sacrifice quotidien apaise la colère de Dieu » . (Saint Ambroise : De virginibus L Ier c. VII, n. 32 ; P.L., XVI).

Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église, protège tous les consacrés et qu’Elle suscite et guide, parmi nous, de nombreuses vocations à la virginité pour le royaume du Ciel.

Amen.

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