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Homélie pour le 3ème dimanche du temps ordinaire 2019. Le baptême (JA).

Le sacrement du baptême.

Le baptême étant le premier des sacrements de l’initiation chrétienne et en quelque sorte le sacrement « fondateur » de la vie chrétienne, il est donc nécessaire pour le salut de tous les hommes. Le Seigneur en personne annonce la nécessité du baptême pour parvenir au salut, c’est-à-dire pour sauver son âme.

Sources : http://www.dominique-le-tourneau.fr… ; http://grand-catechisme-saintpie-x…. ; https://www.vaticancatholique.com/s….

Après l’introduction faite par le père José dimanche dernier sur les sacrements de l’Eglise, nous abordons aujourd’hui le premier qui est le baptême.

Le baptême est la porte qui donne accès à la vie chrétienne, à la vie en Dieu : de Dieu en nous et de nous en Dieu. Il est « le fondement de toute la vie chrétienne, la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements  » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1213). C’est « le sacrement de la régénération par l’eau et dans la parole » (Catéchisme de Trente). C’est le premier sacrement que l’on reçoit, celui qui fait de quelqu’un un chrétien, un enfant de Dieu.

A Rome, dans l’église du Gesù, sur un autel latéral est placé un reliquaire en argent dans lequel est conservé l’avant-bras droit de saint François-Xavier, le grand missionnaire jésuite, qui est devenu lui-même patron des missions. Ce bras qui a baptisé des milliers et des milliers de personnes, qui a donné à l’Eglise tant et tant d’enfants. Ce bras parfois tellement fatigué à cause des innombrables baptêmes qu’il devait être soutenu par les assistants du saint afin de poursuivre les baptêmes. Il s’agit d’une relique très significative pour le sujet qui nous occupe. Et l’on peut découvrir dans les lettres du saint l’importance qu’il accordait à ce sacrement :
« J’ai trouvé dans cette île sept villages habités par des chrétiens. J’ai baptisé les enfants que j’avais trouvés sans baptême ; beaucoup d’entre eux sont morts une fois baptisés et donc il semble que Dieu notre Seigneur les a gardés jusqu’à ce qu’ils soient mis sur le chemin du salut (mai 1546) ».
« Je vous recommande en premier lieu, dans les endroits qui sont confiés à votre culture, d’avoir le plus grand soin de baptiser les enfants nouveau-nés. Ne laissez, dans aucun village ou hameau que vous parcourrez, ne laissez aucun enfant sans l’avoir régénéré dans les eaux du baptême, fonction la plus importante, la plus salutaire de votre ministère. Cherchez, informez-vous, administrez par vous-mêmes cet important sacrement. Allez donc vous-mêmes, de porte en porte, demandez si depuis votre passage aucune femme n’a accouché ; si l’enfant a été baptisé, par qui et comment il l’a été. Vous aurez à peine posé toutes ces questions, qu’on vous présentera l’enfant ; alors, sans retard, faites-en un enfant de l’Eglise ; assurez le salut de son âme ; mettez-le hors du danger de perdre la vie éternelle (février 1548) ».

En nous aidant de cette parole ardente de st François Xavier, et sans pouvoir tout dire au sujet de ce sacrement, rappelons-nous quand même quelques enseignements.
1. La réalité du baptême institué par Jésus était déjà préfigurée dans l’Ancien Testament :
les eaux primitives de la création (selon l’enseignement de Tertullien) ;
le déluge (selon l’interprétation de saint Pierre 1 ;3,18-21) ;
la traversée de la Mer Rouge (saint Paul : 1 Corinthiens 10, 2-6 ; Origène) ;
le prophète Elie contre les prêtres de Baal (saint Grégoire de Nysse, Homélie sur le baptême).

2. La différence entre le baptême de Jean et le baptême de Jésus (c’est-à-dire le nôtre).
Jean, le cousin de Jésus, administrait un baptême de repentir. Le baptême chrétien est radicalement différent du baptême de Jean : «  Par le baptême de la Nouvelle Loi [c’est-à-dire de Jésus] les hommes sont baptisés intérieurement par le Saint-Esprit, c’est là une action propre à Dieu [nous recevons l’Esprit Saint qui nous transforme]. Par le baptême de Jean, seul le corps était purifié par l’eau » nous dit saint Thomas d’Aquin (Somme théologique III, q. 38 a. 2 ad 1). Le même Jean-Baptiste annonce la venue après lui « de celui qui est plus puissant que moi…Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; mais lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint  » (Marc 1, 7-8).
Jésus, en se faisant baptiser par Jean, institue le baptême chrétien. Il se fait baptiser non pas pour être sanctifié mais pour sanctifier lui-même le baptême (saint Maxime de Turin). Il donne l’ordre à ses apôtres de baptiser toutes les nations « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28, 19), ce qu’ils commencent à faire dès le jour de la Pentecôte, où « trois mille personnes environ » (Actes 2, 41) se font baptiser.
C’est saint Paul qui, ayant été baptisé à Damas (cf. Actes 9, 18) et devenu lui-même ministre du baptême parce qu’apôtre, en développe abondamment la signification doctrinale dans ses épîtres. Il n’est qu’« un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éphésiens 4, 5), baptême qui donne l’Esprit « à titre d’arrhes » [d’avant-gout] de la vie éternelle (2 Corinthiens 1, 22). L’âme y « a revêtu le Christ  » (Galates 3, 27). «  Ensevelis avec lui par le baptême, en lui aussi et avec lui vous êtes ressuscités par la foi que vous aviez en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts » (Colossiens 2, 12). « C’est en sa mort que nous avons été baptisés » (Romains 6, 3).

3. Concernant les noms que l’on donne à ce sacrement, le Catéchisme cite Saint Grégoire de Nazianze (Orationes 40) :
« le baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu. Nous l’appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement d’incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et tout ce qu’il y a de plus précieux. Don, parce qu’il est conféré à ceux qui n’apportent rien ; grâce, parce qu’il est donné même à des coupables ; baptême, parce que le péché est enseveli dans l’eau ; onction, parce qu’il est sacré et royal (tels sont ceux qui sont oints) ; illumination, parce qu’il est lumière éclatante ; vêtement, parce qu’il voile notre honte ; bain, parce qu’il lave ; sceau, parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la seigneurie de Dieu  ».
4. Le baptême étant le premier des sacrements de l’initiation chrétienne et en quelque sorte le sacrement « fondateur » de la vie chrétienne, il est donc nécessaire pour le salut de tous les hommes, tel que nous l’avons lu dans les lettres de saint François-Xavier. Le Seigneur en personne annonce la nécessité du baptême pour parvenir au salut, c’est-à-dire pour sauver son âme : « En vérité, en vérité, je vous le dis : nul s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu  » (Jean 3, 5). Au cours d’une de ses apparitions qui ont lieu entre Pâques et son Ascension au ciel, Jésus réaffirme que « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné  » (Marc 16, 16).
« L’Eglise ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu’elle a reçue du Seigneur de faire « renaître de l’eau et de l’Esprit tous ceux qui peuvent être baptisés » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1257). Mais, si Dieu a lié le salut au sacrement du baptême, « Il n’est pas lui-même lié à ses sacrements » (Ibid.), en ce sens qu’il est tout-puissant et qu’il peut sauver les hommes par d’autres voies connues de lui seul. « Puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé(s) au mystère pascal » (C. V. II, Gaudium et spes, n° 22).
Pour ceux qui n’ont pas reçu le sacrement par le baptême de l’eau, la mort violente en raison de leur foi, baptême de sang ou martyre, ou l’expression de leur désir de le recevoir, baptême de désir, leur apportera les mêmes fruits et effets que le sacrement : « Tout homme qui, ignorant l’Évangile du Christ et son Église, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes auraient désiré explicitement le baptême si elles en avaient connu la nécessité » (Ibid., n° 1261). Et cela n’est pas en contradiction avec l’urgence missionnaire (« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé  » Mt 28, 19-20) ; parce qu’en effet pour l’homme, sans le secours de la grâce de Dieu, il très difficile, voire impossible, de parvenir à la connaissance du vrai Dieu et avec plus de difficulté encore de rester fidèle à la loi divine. C’est l’expérience des saints missionnaires tout au long de l’histoire de l’Église qui nous l’enseigne.

5. Quels sont les effets du sacrement de Baptême ?
Le sacrement du baptême confère la première grâce sanctifiante qui efface le péché originel et aussi le péché actuel s’il existe. Il remet toute la peine due pour ces péchés, imprime le caractère de chrétien, nous fait enfants de Dieu, membres de l’Eglise et héritiers du paradis, et nous rend capables de recevoir les autres sacrements.
A ce stade, je voudrais brièvement développer deux de ces effets : le baptême nous fait enfants de Dieu. Nous devenons, dit saint Paul, «  fils dans le Fils ». C’est Jésus le Fils unique de Dieu. Mais depuis notre baptême Dieu le Père nous voit comme son propre Fils. Ce qui veut dire que les paroles adressées par le Père à Jésus au moment de son baptême ont également été adressées à chacun de nous lors de notre baptême : « tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie  » et l’Esprit Saint est descendu sur nous afin de nous transformer, de nous diviniser.
Et deuxième effet que je souligne, nous sommes cohéritiers avec Jésus de toute la richesse du Père : d’abord le Père lui-même devient notre Père : le Créateur du Ciel et de la terre, le tout-puissant, le Père de Jésus est notre Père. Saint Paul nous dit : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie “Abba” , c’est-à-dire : “Père” [C’est le même mot utilisé par Jésus, en particulier au mont des oliviers la nuit avant sa mort]. Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu » (Gal 4,6-7).
Nous sommes aussi héritiers de toute la sainteté de l’Eglise : les mérites du Christ et ensuite de tous les saints. Tout ce trésor de grâce et de sainteté nous appartient ! En outre : c’est pour nous que le Christ est né, qu’il a souffert, qu’il est mort et ressuscité…C’est pour nous que la Vierge Marie est restée vierge, pour nous qu’Elle est la toute-sainte, que son Cœur Immaculé a été transpercé. Pour nous aussi que tel martyr ou tel autre saint ont offert leur vie à Dieu, pour que nous puissions nous aussi nous sanctifier, devenir enfant de Dieu et arriver au Ciel. Efforçons-nous d’être fidèles à un tel héritage.

Que notre Père du Ciel nous accorde de vivre en plénitude notre filiation divine, cette immense grâce qui est déjà notre joie mais qui le deviendra pleinement seulement au Ciel.
Que la Vierge, notre Mère, intercède pour nous.
Ainsi soit-il.


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