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Homélie pour le 23ème dimanche du temps ordinaire 2018 (JA).

Ce qui donne à Dieu l’occasion de réaliser son œuvre et par conséquent de manifester son amour ce sont nos misères : la maladie, la faim, l’injustice, l’isolement, la mort… Toutes ces misères ne sont pas son œuvre originelle mais la conséquence du péché.


En ce dimanche les lectures que nous venons d’entendre viennent nous révéler les bienfaits de l’incarnation de Dieu, les bénéfices de « Dieu-avec-nous », le Dieu fait homme.

Nous trouvons déjà dans l’Ancien Testament une annonce des bienfaits qu’allait nous apporter le Messie, Jésus Christ : « Voici votre Dieu : Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds» (Isaïe 35,4-7a).

De même le psaume chante les merveilles accomplies par Dieu en faveur de ses enfants… : « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés ».

De son côté, l’apôtre saint Jacques nous met en garde contre les critères que nous utilisons pour juger les hommes, tout en nous recommandant d’adopter nous aussi le critère utilisé par Dieu, par ce Dieu qui a tout bien fait: « Mes frères, dans votre foi en Jésus Christ, notre Seigneur de gloire, n’ayez aucune partialité envers les personnes. Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? ».

Enfin l’Evangile nous décrit les bonnes œuvres faites par le Christ lui-même, des œuvres qui frappaient d’étonnement tous ceux qui les contemplaient : «Il a bien fait toutes choses: il fait entendre les sourds et parler les muets ».

Commentant cet évangile Saint Laurent de Brindisi, dans L’Evangile au quotidien, explique que Dieu ne peut que produire ou faire le bien, parce qu’Il est la Bonté elle-même. Il s’exprime de la façon suivante :

« La Loi divine raconte les œuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (Gn 1,31)… L’Evangile rapporte l’œuvre de la rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière : « Il a bien fait toutes choses » (Mc 7,37)… Assurément, par sa nature, le feu ne peut répandre que de la chaleur, et il ne peut pas produire du froid ; le soleil ne diffuse que de la lumière, et il ne peut pas être cause de ténèbres. De même, Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. Il est le soleil qui répand une lumière infinie, le feu qui donne une chaleur infinie : « Il a bien fait toutes choses » ».

D’après ces lectures nous pouvons dire que ce qui donne à Dieu l’occasion de réaliser son œuvre et par conséquent de manifester son amour ce sont nos misères : la maladie, la faim, l’injustice, l’isolement, la mort… Toutes ces misères ne sont pas son œuvre originelle mais la conséquence du péché.

Et si face aux miracles accomplis par Jésus sur les corps, des guérisons normalement, les gens restaient frappés d’étonnement, combien plus nous qui avons la foi devons rester frappés d’étonnement face aux merveilles accomplies par Lui dans les âmes, dans l’âme de chacun de nous. Il y a des misères dans nos âmes, des misères spirituelles, qui donnent à Dieu l’occasion de nous manifester toute sa tendresse et son amour infini. Mais pour que cela se réalise il faut nous approcher de Jésus et nous laisser toucher par Lui en quelque sorte.

« Le Christ est ressuscité, et cela veut dire qu’il n’y a pas de fiasco définitif dans notre vie, qu’il n’y a pas de vie définitivement gaspillée, qu’il n’y a pas de mal extrême. Après chaque faute, après chaque échec et après chaque péché, Dieu nous propose un plan de Rédemption meilleur que si nous n’avions pas péché. C’est ce que disait le texte de l’ancienne liturgie de l’offertoire : « O Dieu, qui avez merveilleusement créé la dignité de la nature humaine et qui l’avez réformée plus merveilleusement encore ». Dieu ne permettrait pas que le mal se fasse s’il n’était pas capable d’en tirer le bien. Notre péché peut être une « heureuse faute », dont parle la liturgie du Samedi Saint. Dieu nous propose continuellement une merveilleuse réparation de ce que le péché a ravagé. Tout peut devenir encore plus beau que si nous n’avions pas péché. Dieu peut faire de chacune de nos fautes une felix culpa (heureuse faute), une faute qui va nous rappeler et nous montrer à la lumière de la foi combien nous aime celui qui est mort pour nous et est ressuscité ; elle va nous montrer à la lumière de la foi la patience, la tendresse et la joie du Seigneur avec lesquelles notre faute est pardonnée. Tous tes péchés devraient devenir des fautes heureuses. Une faute heureuse en effet est une découverte dans la foi de la tendresse, de la délicatesse, de l’amour et de la joie de Jésus qui ouvre les bras pour t’accueillir. C’est une découverte dans la foi de la folie de Dieu, Dieu qui t’a tant aimé et désire tellement te pardonner.

Si tu vois tout autour surtout le mal et le péché, c’est que ta foi, est unilatérale. Tu ne te rends pas compte que ces péchés sont une occasion pour la miséricorde divine de se répandre – or c’est le plus important. Pense que si tous les hommes faisaient de leurs fautes des fautes heureuses, quel océan de miséricorde pourrait se répandre sur le monde ! Comme le monde changerait ! Au contraire, toi, tu te décourages et tu te fermes, tu considères que Jésus ne peut plus t’aimer parce que tu n’es pas bon. C’est une déformation de son visage et de ta foi, c’est une blessure faite à son amour.

L’abbé Huvelin, qui était confesseur de Charles de Foucauld, a avoué une fois que Dieu lui avait accordé la grâce d’un désir très ardent de donner l’absolution. Dans ce désir inspiré par Dieu à l’abbé Huvelin, s’exprimait justement ce désir constant et inassouvi de Dieu de nous pardonner continuellement. C’est pourquoi tu devrais combattre ta tristesse. Si tu t’es éloigné de Dieu, à quelque degré que ce soit, tu peux toujours revenir. Après chaque chute, souviens-toi qu’il t’attend, que tu lui apportes de la joie quand tu reviens et lui demandes pardon car tu lui permets de t’aimer au travers du pardon. Quelqu’un a dit que la chute est une rupture du lien avec Dieu, c’est comme si on coupait la corde qui symbolise ce lien. Quand cependant tu demandes pardon à Jésus et que tu reviens à lui, cette corde est renouée. Il reste un nœud, certes, mais la corde devient plus courte et tu es plus près du Seigneur. Ta faute devient une faute heureuse
». (Méditations sur la foi, Tadeusz Dajczer, p.74).

Permettons donc à Celui qui sait bien faire toute chose d’agir dans notre vie. Faisons-Lui confiance et laissons-nous frapper d’étonnement en contemplant son œuvre d’amour.

Que notre Mère du Ciel, celle en qui Dieu a fait des merveilles, intercède pour nous aujourd’hui et toujours.

Ainsi soit il.

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