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Année 2024- Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques (JGA).

Comment rencontrer le Ressuscité?

 

La parole de Dieu n’est pas un récit ou un simple texte de sagesse. Elle est vivante et nous rejoint personnellement dans les circonstances concrètes de notre vie. Elle doit nous toucher et brûler notre cœur, comme pour les disciples d’Emmaüs. Le Christ ressuscité nous rejoint par la Parole de Dieu.

 

 


Les lectures nous font écouter le témoignage des apôtres, qui ont été choisis par le Seigneur pour être les témoins de ses actions et paroles, ses enseignements et miracles et surtout sa Passion et sa Résurrection. Nous aimerions bénéficier du même contact qu’eux avec le Ressuscité, lorsqu’il est venu partager leur repas au soir de Pâques; nous voudrions qu’Il vienne ouvrir nos intelligences au mystère des Ecritures; nous souhaiterions éprouver leur joie profonde et devenir des témoins comme eux. Tout cela est possible: saint Luc nous présente dans cette scène les principaux « canaux » par lesquels nous pouvons rejoindre le Ressuscité. Nous allons les explorer.

La paix.
Commençons par la paix: le Seigneur apporte toujours la paix à ses disciples, «La paix soit avec vous! » (Lc 24,36), un salut qui rappelle le titre de Prince de la Paix qu’Isaïe donnait au Messie dans ses prophéties (Is 9,5).
De façon similaire, le Seigneur a voulu rassurer sœur Faustine alors qu’elle vivait de profondes tribulations et lui a indiqué comment il prendrait soin de son âme, en lui envoyant un confesseur de confiance: « Le soir le Seigneur me dit :  » Ma fille, que rien ne t’effraye ni ne te trouble. Garde une paix profonde! Tout est dans ma main. Je te ferai tout comprendre par la bouche du Père Andrasz. Sois comme un enfant envers lui!  » Quand je me suis approchée du confessionnal, j’ai ressenti dans mon âme une si grande facilité pour lui parler de tout, que plus tard, j’en fus moi-même très surprise. Ses réponses établirent une paix profonde dans mon âme. Ses paroles étaient, sont et resteront toujours des colonnes flamboyantes, qui ne cesseront d’éclairer mon âme dans son élan vers la plus haute sainteté».
On peut aussi penser à la paix ressentie par Marguerite-Marie lorsqu’elle entre au couvent de la Visitation de Paray, après avoir visité d’autres lieux, et sent que le Seigneur la veut dans cette maison. Puis Dieu lui envoya le Père Claude La Colombière pour discerner avec elle l’authenticité de ces visions. Ou encore, la paix de Catherine Labouré reconnaissant le portrait de saint Vincent de Paul qui lui est apparu en rêve, en entrant chez les sœurs de la Charité. On se souvient enfin d’Ignace trouvant la paix de l’âme en lisant la vie des saints alors que les livres de chevalerie le laissaient exalté mais insatisfait.
La paix est l’un des signes de l’action et de la présence de Dieu. Les décisions et les actions qui nous laissent en paix portent sa marque. Pour trouver cette paix, je dois aussi savoir me retirer et prendre le temps de la prière dans le silence, pour que puisse descendre la paix de Dieu jusqu’au fond de mon être.

Les Ecritures.
Lorsque Jésus apparaît en ce soir de Pâques, il conquiert petit à petit le cœur de ses disciples qui passent de la crainte à la joie. Saint Luc note explicitement : «Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures » (Lc 24,45). Lorsque Luc mentionne les « Ecritures », il s’agit pour lui de l’Ancien Testament qui prend son sens à travers le Christ. Le récit des disciples d’Emmaüs le dit bien: « en commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (Luc 24, 27). Cette action d’ouvrir les intelligences à la compréhension des Ecritures, le Christ ressuscité continue à l’accomplir tout au long de l’histoire de l’Eglise et jusqu’aujourd’hui. En lisant l’Evangile, les Actes et les lettres de Paul, Pierre, Jean et Jacques, nous apprenons à connaître et à aimer Jésus. La parole de Dieu n’est pas un récit ou un simple texte de sagesse. Elle est vivante et nous rejoint personnellement dans les circonstances concrètes de notre vie. Elle doit nous toucher et brûler notre cœur, comme pour les disciples d’Emmaüs. Le Christ ressuscité nous rejoint par la Parole de Dieu.

Les plaies du Crucifié.
Jésus ressuscité montre toujours ses plaies à ses apôtres: elles sont d’abord un signe pour qu’ils reconnaissent son identité personnelle avec le Crucifié, mais elles sont surtout la source de la Miséricorde divine, comme nous l’avons médité la semaine dernière. Saint Grégoire le Grand écrivait ainsi ingénieusement : «Pourquoi le Seigneur, notre Rédempteur, a mangé du poisson grillé après sa Résurrection. Que peut bien symboliser, à votre avis, le poisson grillé [piscem assum], sinon le Médiateur entre Dieu et les hommes, qui a souffert [passum] ? Car il a daigné se cacher dans les eaux du genre humain; il a voulu se laisser prendre dans le filet de notre mort et être, pour ainsi dire, rôti par la souffrance au temps de sa Passion ».

Les sacrements.
Comment le Seigneur nous permet-il aujourd’hui de toucher ses plaies ? Ce sont d’abord les sacrements, en particulier ceux qui manifestent plus particulièrement sa miséricorde: l’Eucharistie, le pardon, le sacrement des malades. Dans l’Eucharistie, le Seigneur se donne à nouveau; le pain consacré est son corps livré et ressuscité. Nous revivons le mystère du Calvaire de manière réelle. Il nous montre, sous le voile des espèces, son corps meurtri et ressuscité; il nous le donne en nourriture. Dans le sacrement du pardon, ses blessures répandent sur nous le sang et l’eau qui purifient, guérissent et apaisent. Dans le sacrement des malades, qui n’est pas réservé aux mourants, le Seigneur vient rejoindre celui qui souffre comme il le faisait pendant sa vie terrestre. Sa présence et son réconfort sont parfois sentis de manière très sensible par les fidèles et les effets sont souvent étonnants. Sa voix résonne: « La paix soit avec vous ! »

Les martyrs.
Très tôt dans son histoire, l’Eglise a découvert qu’il lui était donné de participer à ces plaies glorieuses et de s’identifier ainsi au Christ miséricordieux. C’est la vocation particulière des martyrs: des femmes et des hommes configurés au Christ jusque dans sa Passion. A chaque génération, les chrétiens sont soutenus dans la foi par ces compagnons martyrs à la foi inébranlable; ils sont parmi nous ce Christ vivant présentant ses plaies aux disciples incrédules: « voici mes mains et mes pieds ! ». Le temps des martyrs n’est pas passé. Le XXº siècle a compté plus de martyrs que tous les autres siècles de l’Eglise et cette tendance se prolonge au XXIe. Nous pensons spontanément aux Chrétiens d’Orient, mais les Chrétiens sont également persécutés pour leur foi en Inde, au Pakistan, dans de nombreux pays d’Asie et d’Afrique.

Les pauvres.
Le Seigneur ressuscité est également présent dans les pauvres. Saint Jean Chrysostome disait: « Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêque Chrysostome :«Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité»(Hom. In Matthaeum, 50, 3 : PG, 58) .

Conclusion: la transformation de nos plaies.
En cette soirée de Pâques, dont nous parle l’Evangile d’aujourd’hui, tout se transforme: les signes de la Passion deviennent source de joie pour les disciples. Dans chaque Eucharistie, le Christ ressuscité nous invite à le rencontrer dans les Ecritures, dans les sacrements, dans la présence des martyrs et dans les pauvres. Il existe aussi, en chacun de nous, une réalité cachée qui attend la venue du Ressuscité: nos plaies personnelles, ces blessures qui proviennent de notre histoire marquée par le péché. Le Christ ressuscité veut les transformer en sources de grâce.

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