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Année 2023-Homélie pour le 3ème dimanche de Carême (JA).

Jésus et la Samaritaine.
Pour adorer le Père il n’est pas tellement question d’un lieu, mais surtout d’un état d’âme: pour adorer Dieu il faut que l’âme soit en état de grâce, il faut qu’elle soit habitée par la grâce de Dieu, que la foi, l’espérance et la charité soient vivantes.


« Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi ». Le Verbe de Dieu s’est fait vraiment homme et il en souffre les conséquences: il est fatigué, il a soif, il a aussi faim puisque les disciples sont allés acheter de quoi manger.
Entretemps « arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau ». L’Evangile raconte ce qui se passe au sens littéral: à cause de la chaleur, de la soif, une femme vient puiser de l’eau. Mais ces paroles ont aussi un sens spirituel: cette femme vient puiser de l’eau parce qu’elle s’approche de Jésus qui est la source d’eau vive. Cette femme est l’image de l’Eglise qui est vivifiée par l’eau de son divin époux, par l’Esprit Saint envoyé d’en haut par notre bon Jésus.« Jésus lui dit : « Donne-moi à boire » ». Car Il avait soif en effet dans sa nature humaine par suite de la fatigue et de la chaleur. Mais dans un autre sens, dit saint Augustin, Jésus avait soif aussi de la foi de cette femme, car il a soif de la foi de tous les hommes pour lesquels il a répandu son sang. C’est-à-dire qu’il veut sauver l’âme de chacun d’entre nous, il a soif de notre foi.
« J’ai soif » dira Jésus avant d’expirer sur la croix. Son grand désir est de gagner tous les hommes pour le Ciel, de les conquérir tous pour son Père Céleste.
Celui qui lui demandait à boire avait soif de la foi de cette femme. Aussi « Jésus lui répondit: Si tu savais le don de Dieu ».

C’est une vérité des mieux établies en effet que les grâces divines ne sont accordées qu’à ceux qui les désirent et les recherchent. Ainsi le Père ordonne à son Fils de lui demander ce qu’il désire obtenir: «Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage » (Ps 2). Notre-Seigneur lui-même nous en fait un précepte: «Demandez, et vous recevrez » (Mt 7, Lc 11); et voilà pourquoi il dit ici: « peut-être tu lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Jésus cherche à lui faire comprendre que l’eau qu’il lui demandait n’était pas celle qu’elle entendait, mais qu’il avait soif de sa foi et qu’elle devait avoir soif elle-même de l’Esprit Saint qu’il désirait lui donner. Car cette eau vive, si nous la comprenons bien, c’est le don de Dieu, comme le Sauveur dit expressément: « Si tu savais le don de Dieu » (Saint Augustin).

Ici saint Jean Chrysostome nous explique que l’Ecriture Sainte donne à la grâce de l’Esprit Saint parfois le nom d’eau, parfois le nom de feu, ce qui est une preuve que ces noms ne sont pas l’expression de la nature de cette personne divine (à la différence du Fils de Dieu qui s’est fait « homme », qui s’est incarné, l’Esprit Saint ne s’est pas fait « eau » ou « feu »), mais ces noms indiquent son action. Ainsi le « feu » est l’emblème de l’efficacité et de la ferveur de la grâce pour effacer et détruire le péché et l’« eau » est la figure de l’action purifiante de l’Esprit Saint et le rafraîchissement divin qu’il donne aux âmes qui le reçoivent.
La Samaritaine n’entendait par eau vive que celle qui était dans le puits, c’est pour cela qu’elle répond : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits ?».
Et c’est cette même parole qui donne l’occasion à Jésus de se manifester plus grand que Jacob. «Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif  et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle». Ce que le Sauveur promettait donc à cette femme, c’était l’effusion surabondante de l’Esprit Saint qui devait rassasier son âme.

Mais la femme tout en croyant que Jésus était plus grand que le patriarche Jacob, ne pense qu’à se rassasier matériellement, ne pense qu’aux besoins du corps : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser ». Sa fois n’est pas encore mure, n’est pas encore celle que Jésus attend.
Jésus, voyant que cette femme ne comprenait pas, et voulant l’amener à comprendre les enseignements qu’il lui adressait, lui manifeste ensuite qu’il connait parfaitement sa vie. Il dévoile les secrets de sa vie, de telle sorte que la samaritaine comprenne que celui qui est devant elle est vraiment le prophète envoyé par Dieu.

Maintenant elle, elle est assoiffée de vérité et propose à Jésus la question sur le lieu où il faut adorer Dieu. Cette questions en effet créait des disputes entre juifs et samaritains.
Jésus élève la question. Pour adorer le Père il n’est pas tellement question d’un lieu, mais surtout d’un état d’âme: pour adorer Dieu il faut que l’âme soit en état de grâce, il faut qu’elle soit habitée par la grâce de Dieu, que la foi, l’espérance et la charité soient vivantes. « L’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité: tels sont les adorateurs que recherche le Père ».
Saint Jean Chrysostome commente : « Le Sauveur veut parler ici de l’Eglise (corps mystique du Christ), où l’on offre à Dieu l’adoration véritable et la seule digne de lui ». L’adoration, le culte, en esprit et en vérité c’est le culte de ceux qui sont unis à Jésus au moyen de sa grâce.

Que le Seigneur nous accorde de l’adorer de cette manière, l’unique digne de Lui. Qu’il nous redonne sa grâce par le sacrement de la confession si nous l’avons perdue, qu’il nous garde dans son amitié jusqu’à la vie éternelle.

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