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Année 2023-Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent (JGA).

Dieu nous a parlé par son Fils.
En ce temps de l’Avent revenons à l’Evangile: avons nous lu toute entière la Bible? Malgré le fait de peut être ne pas encore l’avoir lu nous avons le temps pour nous plonger dans la lecture de beaucoup d’autres choses, du temps à perdre sur internet ou avec nos portables. Nous avons du temps pour d’autres choses mais nous n’avons pas de temps pour Dieu. En ce temps de l’Avent revenons à l’essentiel, revenons à la Parole de Dieu.


Nous commençons aujourd’hui le temps de l’Avent, temps spécial que le Bon Dieu nous donne pour préparer notre âme à accueillir Jésus, son Fils unique, son Bien-Aimé, notre Sauveur, celui qui a dit : «Je suis le chemin, la vérité et la vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi» (Jn 14, 6).

Jésus nous a révélé tout ce que nous devons croire et tout ce que nous devons faire pour aller au Ciel. Il est la Parole définitive de Dieu, Il est Dieu: «Moi est le Père nous sommes Un» (Jn 10,30).

Saint Jean de la Croix l’affirme dans son célèbre livre «La Montée du Carmel»: «Dieu nous a parlé par son Fils. Le motif principal pour lequel, sous la loi ancienne, il était licite d’interroger Dieu, et pour lequel il convenait aux prophètes et aux prêtres de désirer des visions et des révélations, c’est que la foi n’était pas encore fondée, ni la loi évangélique établie. Par cela même, il était nécessaire que Dieu manifestât ses volontés, soit en employant le langage humain, soit par visions et révélations, figures et symboles, soit par tout autre moyen d’expression. Car tout ce qu’il disait ou répondait, toutes ces manifestations et révélations, étaient des mystères de notre foi, ou des vérités qui s’y rapportaient et l’avaient pour but. Mais maintenant que la foi est fondée dans le Christ et que la loi évangélique est établie en cette ère de grâce, il n’y a plus lieu de consulter Dieu de cette manière, pour qu’il parle et réponde comme alors. Car en nous donnant son Fils ainsi qu’il l’a fait, lui qui est sa Parole dernière et définitive, Dieu nous a tout dit ensemble et en une fois, et il n’a plus rien à dire.
C’est la doctrine de saint Paul aux Hébreux, quand il les engage à renoncer aux pratiques primitives, aux rapports avec Dieu selon la loi de Moïse, les exhortant à fixer uniquement les yeux sur le seul Christ. Il leur dit: Dieu qui jadis, tant de fois et de tant de manières, avait parlé à nos pères par les prophètes, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils. L’apôtre nous apprend ainsi que Dieu est devenu en quelque sorte muet. Il n’a plus rien à nous dire, puisque ce qu’il disait jadis en déclarations séparées, par les prophètes, il l’a dit maintenant de façon complète, en nous donnant le tout dans le Fils. Concluez-en que désirer sous la nouvelle Loi visions ou révélations, ce n’est pas seulement faire une sottise, c’est offenser Dieu, puisque par là nos yeux ne sont pas uniquement fixés sur le Christ, sans chercher chose nouvelle.
Dieu en effet pourrait répondre: Je vous ai dit tout ce que j’avais à dire, par la Parole qui est mon Fils. Fixez les yeux sur lui seul, car en lui j’ai tout établi, en lui j’ai tout dit, tout révélé, et vous trouverez là bien plus que tout ce que vous désirez et demandez. Depuis le jour où je descendis sur lui, avec mon Esprit, au mont Thabor, en disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance: écoutez-le, j’ai cessé toutes mes anciennes pratiques d’enseignement, de réponses, et je lui ai confié cette mission. Si j’ai parlé avant cette heure, c’était pour vous promettre le Christ, et si on m’adressait des demandes, elles s’harmonisaient avec la recherche et l’espérance du Christ. Tout bien devait se concentrer en lui, comme le proclame maintenant la doctrine exposée par les évangélistes et les apôtres. C’est pourquoi, si quelqu’un reprend l’ancienne méthode, demandant que je lui parle, que je lui révèle quelque chose, c’est comme s’il demandait de nouveau le Christ, et plus de doctrine de foi que je n’en ai donné. Et c’est manquer de foi dans le Christ, puisque cette foi a été donnée en lui; c’est même faire injure à mon Fils bien-aimé, puisque ce manque de foi en lui équivaut en quelque sorte à lui demander une seconde incarnation, afin qu’il recommence sa vie et sa mort. Non, il ne faut plus vous adresser à moi par désirs de visions et de révélations: retenez-le bien, tout se trouve déjà réalisé en lui et infiniment plus».
Saint Jean de la Croix demande en effet de prendre des distances par rapport aux visions qui pourraient s’opposer à la simplicité, et provoquer une gourmandise spirituelle. Savoir et traiter avec Dieu par cette voie, et non plus par la foi, diminue la foi. Il faut aussi prendre ces distances parce que nous pouvons nous tromper souvent et très facilement. La révélation est désormais complète et définitive en Jésus-Christ, nos besoins de consolations, de lumière, de sagesse, trouvent toujours réponse en lui.

«L’enseignement de l’Eglise distingue entre la «révélation publique» et les «révélations privées». Entre ces deux réalités, il y a une différence non seulement de degré, mais de nature.(Le message de Fatima, Cardinal  Ratzinger 13 mai 2000) .
Le terme «révélation publique» désigne l’action révélatrice de Dieu, qui est destinée à l’humanité entière et qui a trouvé son expression littéraire dans les deux parties de la Bible: l’Ancien et le Nouveau Testament. On l’appelle « révélation » parce que, en elle, Dieu s’est fait connaître progressivement aux hommes, au point de devenir lui-même homme, pour attirer à lui et réunir à lui tout le monde, par son Fils incarné, Jésus Christ.
Le concept de « révélation privée », se réfère à toutes les visions et à toutes les révélations qui ont lieu après la conclusion du Nouveau Testament; il s’agit donc de la catégorie à l’intérieur de laquelle nous devons placer le message de Fatima. A ce sujet, commençons par lire le Catéchisme de l’Eglise catholique: « Au fil des siècles, il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Eglise. Leur rôle n’est pas de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire » (n. 67).
Deux éléments sont ainsi clarifiés:
L’autorité des révélations privées est substantiellement différente de l’unique révélation publique: cette dernière exige notre foi; en effet, en elle, par l’intermédiaire de paroles humaines et de la médiation de la communauté vivante de l’Eglise, Dieu lui-même nous parle.
La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se manifeste comme crédible précisément parce qu’elle renvoie à l’unique révélation publique. Le Cardinal Prospero Lambertini, futur Pape Benoît XIV, dit à ce sujet dans son traité classique, devenu ensuite normatif pour les béatifications et les canonisations: « Un assentiment de foi catholique n’est pas dû à des révélations approuvées de cette manière; ce n’est même pas possible. Ces révélations requièrent plutôt un assentiment de foi humaine conforme aux règles de la prudence, qui nous les présentent comme probables et crédibles dans un esprit de piété »
Le théologien flamand E. Dhanis, éminent connaisseur de cette question, affirme de manière synthétique que l’approbation ecclésiale d’une révélation privée comporte trois éléments: le message relatif ne contient rien qui s’oppose à la foi et aux bonnes mœurs; il est licite de le rendre publique, et les fidèles sont autorisés à lui donner, de manière prudente, leur adhésion (Regard sur Fatima).
Un tel message peut être une aide valable pour comprendre et mieux vivre l’Evangile à l’heure actuelle; c’est pourquoi il ne doit pas être négligé.
Il est une aide qui est offerte, mais dont il n’est nullement obligatoire de faire usage. Le critère pour la vérité et pour la valeur d’une révélation privée est donc son orientation vers le Christ lui-même.
Quand elle nous éloigne de lui, quand elle se rend autonome ou même quand elle se fait passer pour un dessein de salut autre et meilleur, plus important que l’Evangile, elle ne vient certainement pas de l’Esprit Saint, qui nous guide à l’intérieur de l’Evangile, et non hors de lui.
Cela n’exclut pas qu’une révélation privée mette de nouveaux accents, qu’elle fasse apparaître de nouvelles formes de piété, qu’elle en approfondisse ou en étende d’anciennes.
Ce qui est essentiel, c’est l’actualisation de l’unique révélation, qui me concerne en profondeur: la parole prophétique est un avertissement ou encore une consolation, ou même les deux à la fois».

«Actualisation de l’unique révélation de Jésus-Christ»: Jésus nous a parlé du Ciel, de la valeur de notre âme, de la Bonté de Dieu qui est notre Père, du malheur du péché, de la Miséricorde Divine, de la Mort, du Jugement, de l’Enfer, de sa présence dans l’Eucharistie, de la valeur de la prière, etc… Jésus par contre n’était pas agent immobilier, expert comptable, ou banquière.

En ce temps de l’Avent revenons à l’Evangile: avons nous lu la Bible toute entière? Et le Nouveau Testament? Et les Evangiles? Mais malgré le fait de peut être ne pas encore l’avoir lu nous avons le temps pour nous plonger dans la lecture de beaucoup d’autres choses, du temps à perdre sur internet ou avec nos portables. Nous avons du temps pour d’autres choses mais nous n’avons pas de temps pour Dieu. En ce temps de l’Avent revenons à l’essentiel, revenons à la Parole de Dieu.  

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