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Année 2023-Homélie pour le 13ème dimanche du temps ordinaire (JA).

L’Evangile de ce dimanche nous parle de l’exigence du Seigneur mais aussi de sa générosité. Le Seigneur est exigeant, il veut tout pour lui, et Il en a le droit parce que c’est Lui qui a tout créé, mais il est aussi généreux et récompense abondamment, puisqu’Il est riche, source de tout bien, et ne se laisse pas gagner en générosité.


Jésus doux et humble de cœur exprime une très grande exigence. Il dit d’abord : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ». Comment peut-il se montrer si exigeant ? II le fait certainement par amour car il veut se donner entièrement à nous et pour pouvoir le faire il doit trouver en nous un cœur bien disposé pour l’accueillir.
Saint Jérôme affirme : « Dans toute affection nous devons conserver cet ordre: aimez après Dieu votre père et votre mère, aimez après lui vos enfants.  Il ne défend donc pas d’aimer son père ou sa mère, mais il ajoute d’une manière expressive: de ne pas les aimer « plus que moi »». Et saint Hilaire nous prévient (can. 10 sur S. Matth.): « Ceux en effet qui donneront la préférence à ces affections sur l’amour de Dieu se rendront indignes de l’héritage des biens futurs ».
« D’autre part –explique saint Jean  Chrysostome (hom. 36.)– saint Paul fait un commandement exprès d’obéir en tout à ses parents ; mais ne soyez pas étonné: il ne veut parler que de l’obéissance dans les choses qui ne sont pas contraires à la religion; et c’est en effet un devoir sacré que de rendre alors à nos parents toute sorte d’honneur; mais s’ils exigent au-delà de ce qui leur est dû, il faut s’y refuser ».
Il nous faut donc aimer d’abord et plus que tout Jésus qui est Dieu. Il n’est pas pour nous un ami parmi d’autres: il est le Fils de Dieu. C’est lui, Dieu, qui nous a fait, qui nous a créés. C’est lui qui, sans aucun bénéfice pour sa part, s’est fait homme pour nous sauver; en donnant sa vie sur la croix il nous a rachetés. Saint Augustin explique à ce sujet : « Les hommes servaient le démon et étaient ses esclaves, mais ils ont été rachetés de la captivité. Car ils ont pu se vendre par le péché, mais ils n’ont pas pu se racheter. Le Rédempteur est venu et il a donné la rançon; il a répandu son sang et il a racheté le monde entier ».
Nous sommes donc à lui. C’est lui qui a été le premier infiniment généreux envers nous. Pour cela il a le droit d’exiger de nous que nous l’aimions de tout notre cœur, de toutes nos forces et de toute notre âme. C’est seulement en l’aimant ainsi que nous pouvons à notre tour l’accueillir réellement et pleinement. La sainteté ne peut pas cohabiter avec le péché. La pureté avec la saleté.
En le réduisant à un ami parmi d’autres, un ami à qui nous rendons souvent visite le dimanche, nous ne l’accueillons pas véritablement, nous nous rendons indignes de lui. C’est pour cela qu’il exprime une forte exigence: celle d’être aimé plus que tout autre. Jésus veut être aimé comme on doit aimer Dieu, parce que lui-même est le Dieu fait homme.

Ensuite Jésus veut que chacun de nous prenne sa croix et le suive: « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». Prendre sa propre croix et suivre Jésus est la condition pour trouver la vie véritable. Jésus est le chemin, la vérité et la vie. L’amour de Jésus est très exigeant, un amour donné, sacrifié, mais il est un amour authentique qui comble le cœur humain, le seul amour à pouvoir le combler.
« Sur le chemin de la Croix, le Sauveur n’est pas seul – écrit sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix –, et il n’est pas entouré que d’ennemis qui le harcèlent. Il y a aussi la présence des êtres qui le soutiennent: la Mère de Dieu, modèle de ceux qui, en tout temps, suivent l’exemple de la croix; Simon de Cyrène, symbole de ceux qui acceptent une souffrance imposée et qui, dans cette acceptation, sont bénis; et Véronique, image de ceux que l’amour porte à servir le Seigneur ».
Sur le chemin de la Croix il y a aussi le bon et le mauvais larron. Le mauvais prend sa croix, mais ne suit pas Jésus, parce que son cœur n’est pas droit. C’est ainsi qu’il y a certains qui souffrent mais d’une souffrance inféconde puisqu’ils ne s’unissent pas à Jésus, ils ne le suivent pas.
Pour ceux qui suivent Jésus, saint Grégoire (hom. 35.) explique : « Le mot croix vient d’un mot latin (cruciatus) qui signifie tourment; or nous portons la Croix du Seigneur de deux manières: ou bien en mortifiant notre propre corps par la privation [comme Simon de Cyrène], ou par un sentiment de compassion qui nous fait regarder comme nôtres les misères du prochain [comme la Véronique ou les autres sainte femmes qui suivaient Jésus]».
Jésus continue : «Qui veut garder sa vie (pour soi) la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera ». Jésus veut que nous perdions notre vie à cause de lui. Il ne nous demande pas autre chose que ce qu’il a fait lui-même: « il a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » nous dit l’Esprit Saint dans la première lettre de saint Jean.

Jésus termine en parlant de la récompense qui manifeste sa générosité divine. Tout acte bon ne restera pas sans récompense. Et c’est Lui-même le garant de cette promesse.

Demandons aujourd’hui au Seigneur comme le faisait saint Augustin : « Commandez-moi, oh Seigneur, tout ce qu’il vous plaira pourvu que vous me donniez par votre grâce la force d’exécuter ce que vous me commandez ». Et que la Vierge Marie intercède pour nous en ce jour.

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