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Année 2022-Homélie pour le 33ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Persévérance.
Le Seigneur nous rassure: Il sera toujours avec nous dans les tribulations. Aucune épreuve ne peut nous séparer de l’amour de Dieu.  Le Seigneur est présent dans toutes nos épreuves. Il marche avec nous dans les violences de nos sociétés.

 

 


Les lectures d’aujourd’hui nous orientent, petit à petit, vers la fin de l’année liturgique. La première lecture, tirée du livre du prophète Malachie, montre le découragement des fidèles persécutés alors que les malfaiteurs et les impies prospèrent. Le prophète Malachie rappelle que la vision de l’homme ne coïncide pas toujours avec celle de Dieu. Les croyants ne doivent pas désespérer. Le mal et les impies n’auront pas le dernier mot. «Pour vous, le Soleil de justice se lèvera», annonce Malachie. Un jour, Dieu se manifestera et l’emportera sur les forces de destruction qui menacent le monde. Le Seigneur donne du temps à tous de se convertir à son amour: les bons et les méchants.

A l’époque de l’apôtre saint Paul, les chrétiens de Thessalonique pensaient que le retour du Seigneur Jésus-Christ était immédiat. Pour certains, c’était devenu un prétexte pour vivre dans l’oisiveté et ne rien faire. Dans sa seconde lettre aux Thessaloniciens, saint Paul les invite à travailler pour manger le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné. L’apôtre a des paroles dures pour les paresseux: «Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus». Les chrétiens doivent être présents dans le monde par une vie de travail exemplaire. Ils doivent combiner la prière et le travail.

Dans l’Evangile, Jésus parle des catastrophes: il y aura la ruine du temple de Jérusalem, des guerres, des famines, des persécutions. Toutefois le Seigneur nous rassure: Il sera toujours avec nous dans ces tribulations. Aucune épreuve ne peut nous séparer de l’amour de Dieu.  Le Seigneur est présent dans toutes nos épreuves. Il marche avec nous dans les violences de nos sociétés.

Nous aurons à lutter contre les forces du mal qui cherchent à nous détourner du Seigneur et à nous décourager. Le danger viendra également des «divertissements de ce monde» qui risquent d’en égarer beaucoup. Ce sont là des idoles qui viennent piéger notre attention: «prenez garde»! nous dit Jésus. «C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie». La seule attitude qui convient, c’est celle du veilleur. Nous sommes appelés à être attentifs, concentrés, des chrétiens qui guettent l’aube du jour du Seigneur.

«C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie».
J’aimerais m’attarder aujourd’hui sur ce dernier verset de l’Evangile, et plus particulièrement sur le mot: persévérance. Ce mot vient du Grec : hypomone, et peut être traduit différemment : persévérance, constance, endurance. Saint Paul, dans l’épître aux Hébreux, emploie ce mot en parlant de notre vie de foi comme une course. Nous devons courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, en fixant nos yeux sur Jésus. Courir avec persévérance en fixant nos yeux sur Jésus. Mais notre vie chrétienne s’apparente d’avantage à une course de fond qu’à un sprint ! Le problème c’est que dans notre culture, nous ne sommes pas tellement habitués à la course de fond. Nous sommes plus habitués à la culture de la rapidité, et du « tout, tout de suite », et il nous est alors difficile de durer. Pour durer dans une course, pour persévérer il faut d’abord admettre que le but est assez éloigné. Dans une course de fond, on ne continue la course que si l’on peut atteindre le but. Si l’on sait que l’on ne peut pas atteindre le but, on s’arrête tout de suite, ce n’est pas la peine de continuer. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous donne quelques indications pour persévérer jusqu’au but. Que nous faut-il pour durer? Le Seigneur nous donne quatre conseils :
Ne pas se tromper de point d’appui. Quand les apôtres s’extasient devant le Temple, avec la beauté de ces pierres, le Seigneur Jésus dit: «Calmez-vous, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre, où tout sera détruit». Oui, il nous faut ne pas nous tromper de point d’appui: si nos certitudes s’appuient sur des choses matérielles, sur des stratégies humaines nous n’irons pas bien loin. Notre force c’est la grâce du Seigneur, il sera toujours avec nous, c’est sa promesse.
Jésus souligne un deuxième point qui concerne l’épreuve: ne pas se laisser déconcerter par les épreuves. Car, sitôt qu’arrive la souffrance, on est tenté de se demander si on a pris la bonne route. Mais la Parole de Dieu nous apprend que «l’épreuve vérifie la qualité de notre foi». Jésus ne nous offre pas l’illusion d’une vie facile: il y aura des faits terrifiants et l’on vous persécutera. Jésus ne nous berce pas d’illusions. Saint Augustin dira qu’il n’y a que les sectes qui promettent le bonheur sur Terre. Jésus souhaite bien entendu que nous soyons heureux, mais Il n’a pas promis que ce bonheur était sur la Terre. Notre objectif c’est le Ciel.
Le troisième conseil nous est donné pour fortifier cette constance, cette persévérance. Pour persévérer dans la Foi, il faut se nourrir de la Parole de Dieu, vivre dans la prière, faire des bonnes confessions, des bonnes communions, être dévots à la Sainte Vierge.
Le quatrième élément qui nous aidera dans cette course c’est de prendre exemple sur ceux qui sont déjà arrivés. En effet, dans une course, il est important de s’appuyer sur quelqu’un qui a un peu plus d’expérience, qui l’a déjà fait. Prendre exemple sur Jésus : « Fixant nos yeux sur le Christ, nous pouvons alors courir avec constance… ». Prendre exemple sur les saints : le vieil évêque de Smyrne, Polycarpe, tient tête au proconsul romain qui mène son interrogatoire en 156. « Jure, et je te laisse aller, maudis le Christ » ; Polycarpe répondit: « Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, et il ne m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon roi qui m’a sauvé »?
En 250, Saint Maxime sait trouver les mots pour proclamer au proconsul sa foi en la vie éternelle : « – Sacrifie aux dieux.   – Je ne sacrifie qu’à un seul Dieu, à qui je suis heureux d’avoir sacrifié dès l’enfance. – Sacrifie, et tu seras sauvé ; si tu refuses, je te ferai périr dans les tourments. Je l’ai toujours désiré : c’est pourquoi je me suis livré afin d’échanger cette vie misérable et courte contre la vie éternelle ». Le proconsul le fit battre de verges. Pendant ce supplice, il dit :« – Sacrifie, Maxime, et tu seras délivré de ces tortures.- Ce qu’on souffre pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est pas torture mais plaisir. Si je m’éloignais des préceptes de mon Seigneur, que j’ai appris dans son Evangile, je n’éviterais pas des tortures, véritables celles-là, et perpétuelles ».

En 304, à Rome, la toute jeune Agnès réplique au juge qui voulait la marier de force :  « Périsse plutôt ce corps que peuvent désirer des yeux que je n’agrée pas »!

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