Aller au contenu

Année 2022-Homélie pour le 26ème dimanche du temps ordinaire(JA).

le Riche et Lazare.

 

Tous deux sont morts. Tout ce qui était temporel est passé, les voici en face de l’éternité. L’un est reçu par les anges, l’autre ne rencontre que les supplices .

 

 

 

 


Notre Seigneur Jésus-Christ après avoir enseigné et exhorté à se faire des amis avec les richesses d’iniquité (l’argent malhonnête), et après avoir aussi proclamé radicalement : « vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » ; et comme les pharisiens se moquaient de ses enseignements, il les confirme par l’exemple de la parabole qui nous est proposée aujourd’hui : celle du mauvais riche et du pauvre nommé Lazare.

Suivant l’enseignement des Pères de l’Église nous pouvons en tirer des nombreux enseignements :

Ainsi pour Saint Ambroise : « Toute pauvreté n’a pas le privilège de la sainteté [il ne suffit pas d’être pauvre pour devenir saint], comme aussi toute richesse n’est pas nécessairement criminelle [ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on est mauvais], mais de même que c’est la vie molle et sensuelle qui déshonore les richesses, c’est la sainteté qui rend la pauvreté recommandable ».

« L’homme riche était vêtu de pourpre et de lin fin ».
Saint Grégoire commente : « Si la recherche des vêtements fins et précieux n’était pas coupable, le Sauveur n’aurait pas détaillé avec tant de soin ces diverses circonstances. En effet, on ne désire de luxe dans les vêtements, que par un motif de vaine gloire, pour obtenir plus de considération ; car quel est celui qui voudrait se revêtir d’habits somptueux, s’il ne devait être vu par personne ?».

La table du riche répondait à ses vêtements.  « Il faisait chaque jour des festins somptueux ».
Saint Grégoire ajoute : «Remarquons ici avec attention qu’il est presque impossible de faire fréquemment des festins sans se rendre coupable ; car presque toujours la volupté [les plaisirs sensuels] est la compagne inséparable de ces festins, lorsque le corps est amolli par les plaisirs de la terre, le cœur s’abandonne lui-même à une joie déréglée [et pernicieuse]».

« Un pauvre nommé Lazare ».
Saint Jean Chrysostome précise: «le mot Lazare signifie qui est secouru; en effet, il était pauvre et il avait Dieu pour soutien ». Et Saint Grégoire : « Remarquez encore que dans le peuple on connaît bien mieux le nom des riches que celui des pauvres ; or Notre-Seigneur nous fait connaître ici le nom du pauvre et passe sous silence le nom du riche, pour nous apprendre que Dieu connaît et chérit les humbles, tandis qu’il ne connaît point les superbes ».
« Il était couché devant la porte, remarque Saint Jean Chrysostome, afin que le riche ne puisse pas dire : « Je ne l’ai pas vu, personne ne m’en a parlé ». Il le voyait donc toutes les fois qu’il entrait et sortait. Le Sauveur ajoute que ce pauvre était couvert d’ulcères pour faire ressortir par ce trait toute la cruauté du riche ». De cette manière « ce riche impitoyable aggravait ainsi la sévérité de sa condamnation éternelle, et le pauvre augmentait ses droits à la récompense [bienheureuse sans fin] ».

« Nous avons vu  quel a été le sort de chacun d’eux sur la terre, voyons quel est maintenant leur sort dans [l’autre vie]. Tout ce qui était temporel est passé, les voici en face de l’éternité. Tous deux sont morts, l’un est reçu par les anges, l’autre ne rencontre que les supplices ».

Saint Jean Chrysostome ajoute: « De si grandes douleurs sont tout à coup changées en délices ineffables. Lazare est porté, parce que ses souffrances l’avaient épuisé, et pour lui épargner les fatigues de la marche ; et il est porté par les anges. Ce n’est pas assez d’un seul ange pour porter ce pauvre, ils viennent en grand nombre, comme pour former un chœur d’allégresse et de joie. Ils aiment à se charger de tels fardeaux pour conduire les hommes au ciel. Or, il fut porté dans le sein d’Abraham pour s’y reposer de ses longues souffrances. Le sein d’Abraham, c’est le paradis. Les anges devenus ses serviteurs, ont porté ce pauvre et l’ont déposé dans le sein d’Abraham, parce qu’au milieu du profond mépris dont il était l’objet sur la terre, il ne s’est pas laissé aller ni au désespoir ni au blasphème, en disant : ce riche, tout impie qu’il est, vit dans la joie et ne connaît pas la souffrance, tandis que je ne puis pas même obtenir la nourriture qui m’est nécessaire » .

« Le riche mourut aussi ».
« Il mourut de la mort du corps, explique saint Jean Chrysostome, car son âme était morte depuis longtemps, il ne faisait plus aucune des œuvres auxquelles elle donne la vie, toute la chaleur que lui communique l’amour pour le prochain, était complètement éteinte, et cette âme était plus morte que le corps». « Nous ne voyons pas que personne soit venu rendre à ce mauvais riche les devoirs de la sépulture comme à Lazare. Tant qu’il était heureux au milieu des jouissances de la voie large [qui conduit à la perdition], il comptait un grand nombre de flatteurs complaisants, à peine a-t-il expiré, que tous l’abandonnent, car Jésus nous dit simplement : « Et il fut enseveli dans les enfers ». Mais pendant sa vie même, son âme était comme ensevelie et écrasée dans son corps comme dans un tombeau ». Et maintenant elle est morte de la mort éternelle.

Saint Augustin affirme : « L’enfer signifie cet abîme de supplices qui dévore après cette vie les orgueilleux et ceux qui ont été sans miséricorde ». Et pour saint Basile : «L’enfer est un lieu immense, couvert de tous côtés d’épaisses ténèbres, dont l’ouverture donne dans un abîme profond, par où descendent les âmes condamnées aux supplices éternels ».

Elle est donc bien vraie la parole de notre Seigneur quand il dit : «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! ».

Que le Seigneur vivifie et augmente en nous la vertu de la charité.
Ainsi soit-il.

Faire défiler vers le haut