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Année 2022-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

 

Le Dieu unique et tout-puissant doit être supplié, afin que les maux qui ne peuvent être évités par la fragilité humaine le soient cependant par nous, en vertu du secours que daignera nous accorder Jésus-Christ.

 

 

 


« Pourquoi le Seigneur ne m’écoute-t-il pas ? »
Cette question peut revenir sur nos lèvres lorsque la vie se fait difficile, et que nous avons l’impression de marcher seuls dans la nuit. C’est bien dans l’obscurité de la nuit que le Christ vient nous retrouver. Il nous offre aussi la parabole de l’ami importun, ce personnage qui est obligé de se lever dans la nuit pour déranger son voisin et obtenir du pain. La leçon est claire : persévérez, mes enfants, car «à qui frappe, on ouvrira ». La première lecture est une mise en illustration frappante de cette attitude, puisqu’ Abraham se livre à un véritable « marchandage  » avec le Seigneur pour obtenir le salut de Sodome (Gn 18). Habile, Abraham commence par dénoncer une possible injustice du Seigneur : comment pourrait-Il détruire une ville alors qu’elle abrite un grand nombre (50) de justes ? Il ne serait pas digne de Dieu de faire « mourir le juste avec le coupable». Puis, en jouant sur la bonne volonté de son partenaire, qui se laisse volontiers fléchir, il obtient le prix minimal qu’il pouvait décemment espérer: la présence de dix justes dans Sodome. On perçoit que le Seigneur aime l’intercession d’Abraham, que lui aussi voudrait sauver la ville, mais s’y trouveront ils seulement dix justes ? L’intercession d’Abraham fut donc un échec, il ne se trouva pas même dix justes dans la ville.
Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au jour que ses disciples lui demandaient comment ils devaient prier, leur donna cette forme de prière que nous venons d’entendre dans l’Evangile. Jésus nous offre cette prière inestimable qu’est le « Notre Père » : nous pouvons imaginer que, du haut des Cieux, le Père est toujours saisi d’une tendresse particulière lorsqu’il perçoit, au milieu du fracas de ce monde, cette prière qui est murmurée sur nos lèvres, dans le secret de notre chambre, ou bien chantée dans nos églises. En entendant la « prière de son Fils », il laisse notre main se poser sur son cœur de Père pour lui rappeler sa paternité.

«Lorsque vous prierez, dit-il, entrez dans votre chambre  et ayant fermé la porte, priez votre Père». Ce qu’il entend par la chambre, ce n’est pas un appartement secret, mais l’intime de votre cœur qui n’est connu que de Dieu seul. Quand il dit que l’on doit adorer Dieu après avoir fermé la porte, il nous avertit que nous devons fermer notre cœur aux pensées mauvaises et parler à Dieu dans la pureté de notre âme. Ce que notre Dieu écoute c’est la foi et non le bruit des paroles. Que notre cœur soit donc fermé avec la clef de la foi aux embûches de l’ennemi; qu’il ne soit ouvert qu’à Dieu dont nous savons qu’il est le temple; et le Seigneur habitant ainsi dans nos cœurs, il sera propice à nos prières. Le Verbe, la Sagesse de Dieu, le Christ notre Seigneur, nous a donc appris la prière que voici :

Notre Père qui es aux Cieux.
Remarquons cette parole de liberté et d’une pleine confiance. Vivons donc de manière à pouvoir être les fils de Dieu et les frères du Christ. Montrons-nous dignes de la divine adoption ; car il est écrit : «Tous ceux qui ont cru en lui, il leur a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu».

Que ton nom soit sanctifié.
Ce n’est pas que Dieu, qui est toujours saint, ait besoin d’être sanctifié par nous; nous demandons que son Nom soit sanctifié en nous: en sorte que nous qui sommes rendus saints dans son baptême, nous persévérions dans le nouvel être que nous avons reçu.

Que ton règne vienne.
Notre Dieu, dont le royaume est immortel, ne règne-t-il donc pas toujours? Assurément; mais quand nous disons : Que ton règne vienne, nous demandons l’avènement du royaume que Dieu nous a promis et que le sang et les souffrances du Christ nous ont permis de mériter.

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
C’est-à-dire : Ta volonté s’accomplisse, en sorte que ce que tu veux dans le Ciel, nous qui sommes sur la terre le fassions fidèlement.

Donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Entendons ici la nourriture spirituelle : car le Christ est notre pain, lui qui a dit : « Je suis le Pain vivant descendu du ciel ». Nous l’appelons quotidien, parce que nous devons constamment demander le pardon du péché, afin d’être dignes de l’aliment céleste.

Et pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé.
Ces paroles veulent dire que nous ne pouvons mériter le pardon des péchés, qu’en remettant d’abord aux autres ce qu’ils ont fait contre nous. C’est ainsi que le Seigneur dit dans l’Evangile : « Si vous ne remettez pas aux hommes leurs fautes contre vous, votre Père ne vous remettra pas non plus vos péchés ».

Et ne nous laisse pas entrer en tentation.
C’est-à-dire, ne souffre pas que nous y soyons induits par celui qui tente, par l’auteur du mal. L’Ecriture, en effet, nous dit : « Dieu n’est pas celui qui nous tente pour le mal ». C’est le diable qui nous tente ; et pour le vaincre, le Seigneur nous dit : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ».

Mais délivre nous du mal.
Ces paroles se rapportent à ce que dit l’apôtre : « Vous ne savez pas ce qu’il vous convient de demander ». Le Dieu unique et tout-puissant doit être supplié par nous, afin que les maux qui ne peuvent être évités par la fragilité humaine le soient cependant par nous, en vertu du secours que daignera nous accorder Jésus-Christ notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.

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