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Année 2021- Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire (JA).

Sur les anges – Les anges dans leurs rapports avec le Christ, avec la Vierge Marie, avec l’Eglise et avec chaque homme.

Les anges voyant la raison divine des choses, leur contemplation est emportée par un mouvement d’admiration, de louange et d’amour envers la Reine du ciel et Mère de Dieu. Cette vénération les incline à un service empressé, à un désir constant de servir, de chanter et d’aimer Celle qu’ils reconnaissent comme leur souveraine, de faire grandir en nous la dévotion et l’amour envers la Vierge Marie. On peut en effet découvrir une influence de Marie sur nos âmes à travers le secours que nous apportent les anges.


Aujourd’hui nous allons parler des rapports que les anges entretiennent avec le Christ, avec la Très Sainte Vierge Marie, avec l’Eglise et avec chaque homme en particulier.

Les anges et le Christ.
Le Christ est le chef des anges. Le Christ n’entre en rapport immédiat qu’avec le genre humain mais il est de par son universelle prééminence le chef de la création tout entière et par conséquent des natures angéliques. Saint Paul affirme que le Christ est le « Premier-né de toute créature » (Col. 1,15), « il est le chef de toutes les Principautés et Puissances » (Col. 2,10). «Dieu a fait siéger le Christ à sa droite dans les cieux bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Domination » (Eph 1, 20-21). Et en introduisant son Premier-né dans le monde, nous lisons dans la lettre aux Hébreux, Dieu dit : « Que tous les anges l’adorent » (Hébr 1, 6).
Bien que les anges aient été créés avant la venue du Christ en ce monde (l’Incarnation), ils ont été créés en Lui et pour Lui (Col. 1, 16). Et bien qu’ils aient reçu le don de la grâce dans le même instant de leur création et donc avant la venue du Christ, ils la reçoivent désormais (depuis la venue du Christ) par l’intermédiaire du Christ, unique médiateur, parce que c’est en Lui que « la plénitude de grâce habite ».
Pendant toute la vie du Christ sur la terre, les anges n’ont cessé de l’assister comme des serviteurs zélés : Ils annoncent le mystère de l’Incarnation et de la Nativité (Lc 1, 26 ; 2, 9). Ils réconfortent le Christ au bout de ses quarante jours de jeûne au désert (Mt 4, 1I). Ils le consolent pendant son agonie (Lc 22, 43). Douze légions d’anges sont prêtes à le secourir lors de son arrestation (Mt 26, 53). Ils annoncent sa Résurrection (Mt 28, 5-7). Ils prédisent le retour du Christ lors de son second avènement (Act. 1, 10-11).
Depuis son Ascension le Christ donne un surcroît de puissance et de béatitude aux anges, parce qu’il est leur chef glorifié. Leur office de louange lui-même est relevé dans la mesure où le Christ devient Celui par qui le chant monte vers la Sainte Trinité.

Les anges et la Vierge Marie.
Marie, ayant été choisie pour être Mère du Verbe, appartient désormais à l’ordre hypostatique, c’est-à-dire à l’ensemble de ce qui a trait directement et nécessairement à l’union hypostatique ou union des natures divine et humaine dans la Personne du Verbe de Dieu ; elle habite aux confins de la divinité : « Nulle pensée sinon celle de Dieu n’est capable de mesurer quelle est la grandeur de Marie » (Pie IX).
Les anges voyant la raison divine des choses, leur contemplation est emportée par un mouvement d’admiration, de louange et d’amour envers la Reine du ciel et Mère de Dieu. Cette vénération les incline à un service empressé, à un désir constant de servir, de chanter et d’aimer Celle qu’ils reconnaissent comme leur souveraine[1].
Par son Assomption la Vierge Marie a été placée au-dessus de tous les saints dans la gloire du ciel. Cela emporte que Marie, aux côtés de son Fils, règne vraiment sur les anges, non seulement d’une royauté d’honneur et de préséance, mais encore d’une royauté d’amour et de gouvernement.
La royauté de la très sainte Vierge apporte aux anges un surcroit de béatitude, dans la mesure où ils lisent dans l’histoire de la Mère de Dieu une œuvre du Saint-Esprit qu’ils admirent, un dessein d’une profondeur d’amour qu’ils désirent contempler. L’œuvre de la Rédemption, parvenue à un tel degré d’épanouissement en une simple créature, les jette dans une action de grâce qui augmente leur bonheur[2].

Les anges et l’Eglise.
L’Eglise est bien le Corps Mystique du Christ. Le Christ ne vient pas d’abord pour les anges, il vient d’abord « pour nous les hommes, et pour notre salut »; il veut se fiancer, dans le sang de la Croix, à une Eglise faite des hommes qu’il aura arrachés au péché; et en vue d’y intégrer pleinement les anges, il fait d’eux les serviteurs de notre rédemption; c’est  pour cela qu’il les appelle ses Anges (ses ministres).
Cette intégration des hommes et des anges dans l’Eglise on peut la saisir aussi à partir de ce que dit saint Paul (Col 1, 19-20) : « Dieu s’est plu à faire habiter en lui (le Christ) toute la plénitude, et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ». Ainsi des anges et des hommes se joignent en un seul Corps qui est l’Eglise[3].
Pour voir cette unité dans l’Eglise on peut se placer aussi au plan de la charité et

de la communion des saints : si l’on considère le service incessant des anges auprès des hommes pour les faire entrer, ou les maintenir, dans l’état de grâce, si l’on admet l’apostolat invisible qui les porte au secours de leurs protégés, s’il est vrai qu’ils sont mêlés secrètement à tous les desseins de l’Amour miséricordieux sur le monde, qu’ils luttent incessamment contre les démons acharnés contre l’instauration du règne de Dieu, qu’ils participent avec nous au culte de la nouvelle Alliance, dans un même élan et d’une seule voix, il sera impossible de ne pas voir en eux des frères très aimants, unis dans la même charité et vivant avec nous de la même vie profonde du Corps mystique du Christ.

Les anges gardiens.
L’existence et la fonction propre des anges gardiens doit être fermement tenue comme un dogme de foi. L’Evangile l’affirme avec netteté lorsque, parlant des enfants, Jésus déclare qu’il ne faut pas scandaliser les petits enfants, « car leurs anges qui sont dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père » (Mt 18, 10). De plus, une fête liturgique fixée au 2 octobre consacre ce dogme et le recommande à la piété des fidèles. La prière collecte de la fête est une claire indication de ce que nous devons croire : « O Dieu qui, par une ineffable providence, daignez envoyer vos saints anges pour être nos gardiens… » Ainsi la dévotion aux saints anges entre-t-elle dans le champ de la piété objective, n’étant pas seulement une pieuse croyance.
Et ici et pour finir, remarquons une des missions des anges gardiens: celle de faire grandir en nous la dévotion et l’amour envers la Vierge Marie. On peut en effet découvrir une influence de Marie sur nos âmes à travers le secours que nous apportent les anges. Si l’on admet le principe de hiérarchie et de participation, qui régit l’univers spirituel comme l’univers physique, il sera possible de conclure que la gravitation des anges autour de nous est porteuse d’un influx sanctifiant qui leur vient de la Vierge, médiatrice de toutes les grâces. Comment cela ? Parce que le service d’amour de nos anges gardiens ne se limite pas à écarter les pierres du chemin (Ps. 90) ou à refouler les armées de Satan. Il existe en plus de cela une influence des bons anges pour attirer doucement les âmes à la très sainte Vierge, une connivence entre eux et leur souveraine, la Toute Belle, la Toute Pure, notre Mère du ciel.

Ô divine Mère, envoyez les saints anges pour nous défendre et repousser loin de nous le cruel ennemi. Saints anges et archanges, défendez-nous et gardez-nous toujours sous le manteau maternel de Marie.

Ainsi soit-il.

 

[1] Marie est-elle Reine des anges ? Ce que nous savons de la royauté de la très sainte Vierge nous vient d’un « désenveloppement » de la Tradition, qui découvre et qui développe les implications précontenues dans le dogme. Ainsi sont mis en lumière, au fil des générations, les privilèges de Marie à partir de la place unique qu’elle tient dans l’économie du salut : elle est la Vierge immaculée, la Mère de Dieu, et la Co-rédemptrice.

[2] Mais ils jouissent aussi d’un surcroît de béatitude, dite «accidentelle », depuis que la très sainte Vierge est montée au ciel ; en effet, un nouveau rayon de la gloire divine les touche alors à travers la médiation descendante de Marie. C’est toujours la grâce de la vie divine qui les atteint, mais elle se colore, en passant par l’âme de Marie, de toutes les splendeurs qu’y a déposées le Saint-Esprit.

[3] Dans cette unité qu’est l’Eglise ce sont les anges qui se joignent à nous, à cause de Jésus, notre commun chef et le plus nôtre que le leur.

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