Année 2021-Homélie pour le 31ème dimanche du temps ordinaire.
Le premier commandement.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
«Ecoute, Israël». D’abord «écouter». Ecouter c’est, pourrait-on dire, un méta-commandement. Ecouter c’est la condition nécessaire pour entendre le commandement divin. Ecouter c’est l’attitude primordiale du croyant. Pourquoi commencer par écouter ? Parce que c’est le moyen d’être mis en relation. C’est par la parole que nous entrons le mieux en relation les uns avec les autres. La vie de Foi, nous permet de rentrer en relation avec Dieu, et « écouter » y est encore plus important que dans les relations humaines, car c’est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui se donne à nous. Recevoir Jésus, recevoir la Parole de Dieu, c’est d’abord une question d’écoute. Ecouter, c’est donc une attitude à cultiver, une façon d’être.
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.
Comment se prémunir contre ce danger ? Voici une histoire pour nous aider à comprendre comment y parvenir. On demanda un jour à un vieux professeur d’intervenir sur le thème de la planification la plus efficace de son temps. Debout face au groupe, il sortit un grand vase en verre vide. Il prit également une douzaine de cailloux de la taille de balles de tennis qu’il déposa un à un dans le vase jusqu’à ce qu’il soit plein. Lorsqu’il devint impossible d’ajouter d’autres cailloux, il demanda à ses élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ». Il se pencha à nouveau et sortit une boîte remplie de gravillon qu’il versa avec soin sur les gros cailloux en bougeant légèrement le vase afin que celui-ci s’infiltre jusqu’au fond entre les cailloux. « Le vase est-il plein cette fois ? » demanda-t-il. Les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». Il se pencha à nouveau et sortit cette fois un sac de sable qu’il versa dans le vase. Le sable remplit tous les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Le vase est-il plein maintenant ? » Tous répondirent: « Non ! ». « En effet », répondit le vieux professeur et il prit la carafe posée sur la table et versa l’eau qu’elle contenait, dans le vase, jusqu’au bord. Il leva alors les yeux vers son auditoire et demanda : « Quelle grande vérité nous enseigne cette expérience ? ». Pensant au thème du cours (la planification du temps) un élève répondit : « Ceci montre que même lorsque notre agenda est entièrement rempli, avec un peu de bonne volonté on peut toujours y ajouter un engagement, une chose supplémentaire à faire ». « Non », répondit le professeur. « Ce n’est pas cela. Cette expérience nous démontre autre chose : si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais à les faire entrer par la suite ». Il poursuivit alors : « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? La chose importante est de mettre d’abord ces gros cailloux dans votre vie, dans votre agenda. Si l’on donne la priorité à mille autres petites choses (le gravillon, le sable) on remplira sa vie de futilités et l’on ne trouvera jamais le temps de se consacrer aux choses vraiment importantes, essentielles ».
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Notre Bon Jésus nous apprend quels sont les deux « gros cailloux » les plus importants pour ses disciples, les deux plus grands commandements, qui sont aimer Dieu et aimer le prochain.
Dieu est, de nos jours, le grand oublié de l’amour. Prenons-nous le temps de dire à Dieu notre amour sous toutes ses formes : reconnaissance, tendresse, proximité au Christ dans les événements de sa Passion, joie de sa résurrection, confiance ? Prenons-nous le temps de le contempler et de nous unir à lui dans les mystères du chapelet et à lui dire tout simplement que nous l’aimons même si nous le comprenons pas toujours ? Dieu est pour nous comme pour Sainte Jeanne d’Arc «le premier servi»?
Sainte Marguerite-Marie disait que Jésus la : « pressait si fort de lui rendre amour pour amour».
Il n’y a pas de rupture entre amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ nous montre l’exemple. Il accomplit lui-même parfaitement le double commandement. À l’exemple du Christ, des hommes et des femmes de tous les temps se sont mis à aimer leur prochain d’une charité brûlante. Nous en citerons aujourd’hui deux exemples assez récents.
Jozef De Veuster, dit le Père Damien, naît en 1840 dans les Flandres belges. Il entre dans la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie, et prend le nom de Damien. Il part pour les îles Hawaï pour évangéliser. Après neuf ans d’un travail classique de missionnaire, il se porte volontaire pour visiter les lépreux déportés sur l’île de Molokaï. Il choisit de s’établir avec eux et de 1873 à sa mort en 1889, il partage leur quotidien et s’identifie à eux. Il organise pour eux une véritable communauté humaine et ecclésiale : église, orphelinat, villages avec maisons individuelles, hôpital, routes. En 1884, le père Damien contracte la lèpre dont il meurt en 1889 à l’âge de 49 ans.
Le bienheureux Pier Giorgio Frassati naît en 1901 dans une famille de la haute bourgeoisie turinoise. Son père est sénateur. Le couple parental, très mondain, s’occupe peu de ses enfants et s’entend mal. Dès l’enfance Pier Giorgio se passionne pour Dieu et ressent particulièrement sa présence dans les pauvres. A l’âge de 5 ans, il est saisi de pitié devant un enfant pauvre et lui donne ses bas et ses souliers. En grandissant, il multiplie les actes de générosité jusqu’à en faire sa principale occupation. Il collecte des biens et des médicaments pour la société Saint Vincent de Paul, parcourt les quartiers insalubres, secourt et console. Il visite aussi quasi-quotidiennement le grand hospice de Turin. A 22 ans il devient tertiaire dominicain. C’est au cours d’une de ses visites de charité, qu’il contracte, à 24 ans, une poliomyélite fulgurante. Il en meurt en quelques jours, sans que sa famille s’aperçoive de son état avant les deux derniers jours. Lors de ses funérailles, ses parents et sa famille découvrent avec stupeur l’immense foule des pauvres reconnaissants qui l’accompagnent à sa dernière demeure.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Publié le 30 octobre 2021
Année 2021-Homélie pour le 31ème dimanche du temps ordinaire.
Le premier commandement.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
«Ecoute, Israël». D’abord «écouter». Ecouter c’est, pourrait-on dire, un méta-commandement. Ecouter c’est la condition nécessaire pour entendre le commandement divin. Ecouter c’est l’attitude primordiale du croyant. Pourquoi commencer par écouter ? Parce que c’est le moyen d’être mis en relation. C’est par la parole que nous entrons le mieux en relation les uns avec les autres. La vie de Foi, nous permet de rentrer en relation avec Dieu, et « écouter » y est encore plus important que dans les relations humaines, car c’est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui se donne à nous. Recevoir Jésus, recevoir la Parole de Dieu, c’est d’abord une question d’écoute. Ecouter, c’est donc une attitude à cultiver, une façon d’être.
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.
Comment se prémunir contre ce danger ? Voici une histoire pour nous aider à comprendre comment y parvenir. On demanda un jour à un vieux professeur d’intervenir sur le thème de la planification la plus efficace de son temps. Debout face au groupe, il sortit un grand vase en verre vide. Il prit également une douzaine de cailloux de la taille de balles de tennis qu’il déposa un à un dans le vase jusqu’à ce qu’il soit plein. Lorsqu’il devint impossible d’ajouter d’autres cailloux, il demanda à ses élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ». Il se pencha à nouveau et sortit une boîte remplie de gravillon qu’il versa avec soin sur les gros cailloux en bougeant légèrement le vase afin que celui-ci s’infiltre jusqu’au fond entre les cailloux. « Le vase est-il plein cette fois ? » demanda-t-il. Les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». Il se pencha à nouveau et sortit cette fois un sac de sable qu’il versa dans le vase. Le sable remplit tous les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Le vase est-il plein maintenant ? » Tous répondirent: « Non ! ». « En effet », répondit le vieux professeur et il prit la carafe posée sur la table et versa l’eau qu’elle contenait, dans le vase, jusqu’au bord. Il leva alors les yeux vers son auditoire et demanda : « Quelle grande vérité nous enseigne cette expérience ? ». Pensant au thème du cours (la planification du temps) un élève répondit : « Ceci montre que même lorsque notre agenda est entièrement rempli, avec un peu de bonne volonté on peut toujours y ajouter un engagement, une chose supplémentaire à faire ». « Non », répondit le professeur. « Ce n’est pas cela. Cette expérience nous démontre autre chose : si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais à les faire entrer par la suite ». Il poursuivit alors : « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? La chose importante est de mettre d’abord ces gros cailloux dans votre vie, dans votre agenda. Si l’on donne la priorité à mille autres petites choses (le gravillon, le sable) on remplira sa vie de futilités et l’on ne trouvera jamais le temps de se consacrer aux choses vraiment importantes, essentielles ».
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Notre Bon Jésus nous apprend quels sont les deux « gros cailloux » les plus importants pour ses disciples, les deux plus grands commandements, qui sont aimer Dieu et aimer le prochain.
Dieu est, de nos jours, le grand oublié de l’amour. Prenons-nous le temps de dire à Dieu notre amour sous toutes ses formes : reconnaissance, tendresse, proximité au Christ dans les événements de sa Passion, joie de sa résurrection, confiance ? Prenons-nous le temps de le contempler et de nous unir à lui dans les mystères du chapelet et à lui dire tout simplement que nous l’aimons même si nous le comprenons pas toujours ? Dieu est pour nous comme pour Sainte Jeanne d’Arc «le premier servi»?
Sainte Marguerite-Marie disait que Jésus la : « pressait si fort de lui rendre amour pour amour».
Il n’y a pas de rupture entre amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ nous montre l’exemple. Il accomplit lui-même parfaitement le double commandement. À l’exemple du Christ, des hommes et des femmes de tous les temps se sont mis à aimer leur prochain d’une charité brûlante. Nous en citerons aujourd’hui deux exemples assez récents.
Jozef De Veuster, dit le Père Damien, naît en 1840 dans les Flandres belges. Il entre dans la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie, et prend le nom de Damien. Il part pour les îles Hawaï pour évangéliser. Après neuf ans d’un travail classique de missionnaire, il se porte volontaire pour visiter les lépreux déportés sur l’île de Molokaï. Il choisit de s’établir avec eux et de 1873 à sa mort en 1889, il partage leur quotidien et s’identifie à eux. Il organise pour eux une véritable communauté humaine et ecclésiale : église, orphelinat, villages avec maisons individuelles, hôpital, routes. En 1884, le père Damien contracte la lèpre dont il meurt en 1889 à l’âge de 49 ans.
Le bienheureux Pier Giorgio Frassati naît en 1901 dans une famille de la haute bourgeoisie turinoise. Son père est sénateur. Le couple parental, très mondain, s’occupe peu de ses enfants et s’entend mal. Dès l’enfance Pier Giorgio se passionne pour Dieu et ressent particulièrement sa présence dans les pauvres. A l’âge de 5 ans, il est saisi de pitié devant un enfant pauvre et lui donne ses bas et ses souliers. En grandissant, il multiplie les actes de générosité jusqu’à en faire sa principale occupation. Il collecte des biens et des médicaments pour la société Saint Vincent de Paul, parcourt les quartiers insalubres, secourt et console. Il visite aussi quasi-quotidiennement le grand hospice de Turin. A 22 ans il devient tertiaire dominicain. C’est au cours d’une de ses visites de charité, qu’il contracte, à 24 ans, une poliomyélite fulgurante. Il en meurt en quelques jours, sans que sa famille s’aperçoive de son état avant les deux derniers jours. Lors de ses funérailles, ses parents et sa famille découvrent avec stupeur l’immense foule des pauvres reconnaissants qui l’accompagnent à sa dernière demeure.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Publié le 30 octobre 2021
Année 2021-Homélie pour le 31ème dimanche du temps ordinaire.
Le premier commandement.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
«Ecoute, Israël». D’abord «écouter». Ecouter c’est, pourrait-on dire, un méta-commandement. Ecouter c’est la condition nécessaire pour entendre le commandement divin. Ecouter c’est l’attitude primordiale du croyant. Pourquoi commencer par écouter ? Parce que c’est le moyen d’être mis en relation. C’est par la parole que nous entrons le mieux en relation les uns avec les autres. La vie de Foi, nous permet de rentrer en relation avec Dieu, et « écouter » y est encore plus important que dans les relations humaines, car c’est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui se donne à nous. Recevoir Jésus, recevoir la Parole de Dieu, c’est d’abord une question d’écoute. Ecouter, c’est donc une attitude à cultiver, une façon d’être.
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.
Comment se prémunir contre ce danger ? Voici une histoire pour nous aider à comprendre comment y parvenir. On demanda un jour à un vieux professeur d’intervenir sur le thème de la planification la plus efficace de son temps. Debout face au groupe, il sortit un grand vase en verre vide. Il prit également une douzaine de cailloux de la taille de balles de tennis qu’il déposa un à un dans le vase jusqu’à ce qu’il soit plein. Lorsqu’il devint impossible d’ajouter d’autres cailloux, il demanda à ses élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ». Il se pencha à nouveau et sortit une boîte remplie de gravillon qu’il versa avec soin sur les gros cailloux en bougeant légèrement le vase afin que celui-ci s’infiltre jusqu’au fond entre les cailloux. « Le vase est-il plein cette fois ? » demanda-t-il. Les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». Il se pencha à nouveau et sortit cette fois un sac de sable qu’il versa dans le vase. Le sable remplit tous les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Le vase est-il plein maintenant ? » Tous répondirent: « Non ! ». « En effet », répondit le vieux professeur et il prit la carafe posée sur la table et versa l’eau qu’elle contenait, dans le vase, jusqu’au bord. Il leva alors les yeux vers son auditoire et demanda : « Quelle grande vérité nous enseigne cette expérience ? ». Pensant au thème du cours (la planification du temps) un élève répondit : « Ceci montre que même lorsque notre agenda est entièrement rempli, avec un peu de bonne volonté on peut toujours y ajouter un engagement, une chose supplémentaire à faire ». « Non », répondit le professeur. « Ce n’est pas cela. Cette expérience nous démontre autre chose : si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais à les faire entrer par la suite ». Il poursuivit alors : « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? La chose importante est de mettre d’abord ces gros cailloux dans votre vie, dans votre agenda. Si l’on donne la priorité à mille autres petites choses (le gravillon, le sable) on remplira sa vie de futilités et l’on ne trouvera jamais le temps de se consacrer aux choses vraiment importantes, essentielles ».
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Notre Bon Jésus nous apprend quels sont les deux « gros cailloux » les plus importants pour ses disciples, les deux plus grands commandements, qui sont aimer Dieu et aimer le prochain.
Dieu est, de nos jours, le grand oublié de l’amour. Prenons-nous le temps de dire à Dieu notre amour sous toutes ses formes : reconnaissance, tendresse, proximité au Christ dans les événements de sa Passion, joie de sa résurrection, confiance ? Prenons-nous le temps de le contempler et de nous unir à lui dans les mystères du chapelet et à lui dire tout simplement que nous l’aimons même si nous le comprenons pas toujours ? Dieu est pour nous comme pour Sainte Jeanne d’Arc «le premier servi»?
Sainte Marguerite-Marie disait que Jésus la : « pressait si fort de lui rendre amour pour amour».
Il n’y a pas de rupture entre amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ nous montre l’exemple. Il accomplit lui-même parfaitement le double commandement. À l’exemple du Christ, des hommes et des femmes de tous les temps se sont mis à aimer leur prochain d’une charité brûlante. Nous en citerons aujourd’hui deux exemples assez récents.
Jozef De Veuster, dit le Père Damien, naît en 1840 dans les Flandres belges. Il entre dans la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie, et prend le nom de Damien. Il part pour les îles Hawaï pour évangéliser. Après neuf ans d’un travail classique de missionnaire, il se porte volontaire pour visiter les lépreux déportés sur l’île de Molokaï. Il choisit de s’établir avec eux et de 1873 à sa mort en 1889, il partage leur quotidien et s’identifie à eux. Il organise pour eux une véritable communauté humaine et ecclésiale : église, orphelinat, villages avec maisons individuelles, hôpital, routes. En 1884, le père Damien contracte la lèpre dont il meurt en 1889 à l’âge de 49 ans.
Le bienheureux Pier Giorgio Frassati naît en 1901 dans une famille de la haute bourgeoisie turinoise. Son père est sénateur. Le couple parental, très mondain, s’occupe peu de ses enfants et s’entend mal. Dès l’enfance Pier Giorgio se passionne pour Dieu et ressent particulièrement sa présence dans les pauvres. A l’âge de 5 ans, il est saisi de pitié devant un enfant pauvre et lui donne ses bas et ses souliers. En grandissant, il multiplie les actes de générosité jusqu’à en faire sa principale occupation. Il collecte des biens et des médicaments pour la société Saint Vincent de Paul, parcourt les quartiers insalubres, secourt et console. Il visite aussi quasi-quotidiennement le grand hospice de Turin. A 22 ans il devient tertiaire dominicain. C’est au cours d’une de ses visites de charité, qu’il contracte, à 24 ans, une poliomyélite fulgurante. Il en meurt en quelques jours, sans que sa famille s’aperçoive de son état avant les deux derniers jours. Lors de ses funérailles, ses parents et sa famille découvrent avec stupeur l’immense foule des pauvres reconnaissants qui l’accompagnent à sa dernière demeure.
Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.
Dans ce dossier
Publié le 30 octobre 2021