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Année 2021- Homélie pour le 2ème dimanche du temps ordinaire (JA).

Sur les anges  – La Révélation et les anges.

Avant la venue du Christ, les anges annonçaient la médiation future du Christ ; et depuis la venue du Christ, les anges se mettent au service de la médiation actuelle du Christ.

 


Nous commençons aujourd’hui une série d’homélies consacrée à approfondir la connaissance des anges afin de mieux les honorer et les aimer d’avantage.

« Quand j’avais treize ans, confesse sainte Jeanne d’Arc, j’eus une voix venant de Dieu, pour m’aider à me gouverner. La première fois, j’eus très peur. La voix vint à l’heure de midi, c’était l’été. Dans le jardin de mon père, j’ai entendu une voix, à droite, du côté de l’église. Presque toujours, il y a une clarté qui l’accompagne. Cette lumière est du même côté où l’on entend la voix ».
Si j’étais dans un bois, j’entendais aussi bien la voix venir à moi. Je pensais que la voix était de bonne audience. Je crois qu’elle avait été envoyée de par Dieu. Après l’avoir entendue trois fois, je compris que c’était la voix d’un ange. La voix m’a toujours bien gardée, et moi, je l’ai toujours bien comprise .
Cette voix  c’est bien celle de l’archange : C’est saint Michel qui est venu le premier, je l’ai vu devant mes yeux. Il n’était pas seul, mais accompagné des anges du ciel. Je les ai vus des yeux de mon corps, aussi bien que je vous vois, et quand ils s’éloignaient, je pleurais, et j’aurais bien voulu qu’ils m’emportassent avec eux.
Pour saint Michel, qui m’est apparu, je crois aussi fermement ses dits et faits que je crois que Notre-Seigneur a souffert mort et passion pour nous. Je l’ai vu de mes yeux corporels.
Ce qui me meut à croire que c’était bien saint Michel qui m’apparaissait, c’est encore le bon conseil, le confort et la bonne doctrine qu’il n’a cessé de me donner.
A le voir, j’ai grande joie ; il me semble que, quand je le vois, je ne suis pas en état de péché mortel. Quand je voyais saint Michel et les anges, je leur faisais la révérence et, après leur départ, je baisais la terre sur laquelle ils étaient passés».

Jusqu’ici notre chère sainte Jeanne d’Arc a bien expérimenté ce que dit une des prières de la Messe en l’honneur des saints anges : par une « admirable disposition de sa Providence » (miro ordine) Dieu a voulu faire des anges, au travers des épreuves de la vie présente, les ardents défenseurs et les gardiens secourables de leurs frères d’ici-bas.
Mais sauf exception l’univers des anges reste invisible pour les hommes. Y-a-t-il un moyen de le connaitre qui soit accessible à nous ?

Tous les peuples de l’antiquité avaient l’intuition d’êtres intermédiaires entre les hommes et la divinité. Ainsi nous trouvons que le « genius » des Romains veillait sur les humains depuis la naissance jusqu’à la mort et l’on sait au dire de Platon comment Socrate se sentait inspiré par son « daïmon ». Hésiode (poète et philosophe de la Grèce Antique – 700 a. C. –) raconte que « les immortels observent, par milliers sur la glèbe nourricière, ceux qui oppriment les hommes sans crainte des dieux ». Dans le Timée de Platon (S 40), il est question de « la race ailée qui circule dans les airs », et l’on trouve des exemples analogues chez les Perses, les Babyloniens, les Hindous. Quelle qu’en soit l’origine, c’est un élément du patrimoine commun de l’humanité.

Mais nos plus hautes et nos plus solides certitudes nous viennent évidemment de la Révélation. La Révélation c’est la connaissance que Dieu nous donne de lui-même et de tout ce qui concerne notre salut à travers l’Ecriture, la Tradition orale.
Mais la Révélation ne nous offre pas une « histoire des anges ». En effet les auteurs inspirés de la Bible n’ont eu d’autre dessein que de retracer l’histoire et le destin surnaturel des hommes. Ce n’est donc que « par accident » et dans la mesure où les interventions des anges concernent le salut de l’humanité que ceux-ci apparaissent dans les livres saints et ce n’est qu’à la faveur de ces apparitions que nous pouvons connaître quelques fragments d’ailleurs fort instructifs de l’histoire angélique.
Un auteur faisait remarquer plaisamment que si l’on voulait effacer la présence des anges dans la Bible, il faudrait en arracher une page sur deux. Depuis les premiers chapitres de la Genèse jusqu’à la dernière page de l’Apocalypse, la Bible est remplie de la présence du monde angélique. Ce sont eux qui ouvrent et qui ferment le déroulement de l’histoire humaine.

Les anges cheminent ici-bas avec nous, en nous montrant sans cesse le terme de notre pèlerinage. C’est leur office propre. Ils sont les gardiens de la Sainte Espérance. Ils connaissent la voie, ils connaissent le terme.
L’histoire sainte sous l’Ancien Testament est constamment traversée par les anges. Le médiateur entre Dieu et les hommes n’étant pas encore apparu, ce sont les créatures angéliques qui font le lien entre Dieu et son peuple, soit à titre de messagers, soit à titre de défenseurs.
Soulignons par exemple la présence des anges qui, après le péché originel, s’interposent pour interdire l’accès du paradis perdu. C’est aussi un ange qui sauve le petit Isaac de la mort retenant le couteau d’Abraham (Gen. 22, 12). Le patriarche Jacob est réconforté par une troupe d’anges guerriers (Gen. 32, 2). Et c’est avec un ange qu’il lutte mystérieusement toute la nuit (Gen. 32, 24). Pendant l’Exode, un ange guide et protège les Hébreux dans le désert (Ex. 23, 20-23): «Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu écoutes sa voix, si tu fais tout ce que je te dirai, je serai l’ennemi de tes ennemis, l’adversaire de tes adversaires, car mon ange marchera devant toi ».
Plus émouvant encore est l’épisode où l’ange Raphaël guide Tobie. Ici il prend l’office de guide, de conseiller, de compagnon de route, de défenseur contre le démon, de médecin… Et après avoir accompli sa mission, Raphaël se révèle : « Je suis Raphaël, un des sept anges qui se tiennent toujours prêts à pénétrer auprès de la Gloire du Seigneur » (Tob. 12, 12-15).
L’Ancien Testament révèle également la fonction de louange des armées angéliques. Ils se tiennent devant la présence de Dieu en adoration. Et ce qui apparait comme le rôle majeur des anges dans l’Ancien Testament : ils sont médiateurs entre Dieu et les hommes qu’ils doivent rassurer et conforter en attendant l’avènement du Messie.

Selon saint Paul c’est aussi par le ministère des anges que la Loi Ancienne (les commandements de Dieu) fut promulguée (Gal. 3, 19). Et ce sont les anges également qui annoncent l’apparition de la Loi nouvelle, Jésus, dans la nuit de la Nativité.
Ainsi avant la venue du Christ, les anges annonçaient la médiation future du Christ ; et depuis la venue du Christ, les anges se mettent au service de la médiation actuelle du Christ.

Il faut remarquer finalement que sous le Nouveau Testament la présence et l’action des saints anges se manifestent d’une façon plus intime et plus fraternelle. Cela pour trois raisons principales :
Les anges sont attirés et comme polarisés par la présence corporelle du Verbe incarné.
Dans son commentaire sur saint Jean, Origène nous montre le Verbe fait chair entraînant en quelque sorte les anges à sa suite. A la crèche, au désert, au jardin des oliviers, au matin de Pâques, le divin maitre est constamment escorté, servi par les anges, et c’est au milieu d’eux qu’il apparaîtra lui-même au dernier jour pour juger les vivants et les morts, «avec une grande puissance et une grande majesté ».
La présence des anges dans le Nouveau Testament se fait plus douce aux hommes parce qu’ils veillent sur l’Eglise qui est le Corps mystique du Christ: ils interviennent sans cesse dans la vie des chrétiens pour les servir, les protéger, les conduire avec amour, ne formant avec eux désormais qu’une seule famille et qu’une seule cité.
En fin, c’est que, Jésus ayant fondé le culte de la nouvelle Alliance, c’est à la même liturgie céleste que les anges et les hommes participent, les anges dans la clarté de la vision, les fidèles sous le voile des symboles. Mais sous ce voile, il s’agit du même culte, de la même adoration, de la même présence. C’est pourquoi les chrétiens et les anges fusionnent dans la Sainte Liturgie jusqu’à la fin du monde.

 

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