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Année 2021- Homélie pour la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie (JA).


« Aujourd’hui la vierge Marie est montée aux cieux ; réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais ».
Ainsi l’Eglise conclura les chants de cette journée glorieuse; suave antienne, où se résument l’objet de la fête et l’esprit dans lequel elle doit être célébrée.

Source: Père Emmanuel André.


Cette fête est très ancienne dans l’église. Nous en trouvons des témoignages déjà au IVème siècle.
Dans la liturgie byzantine nous lisons : « La Theotokos (la Mère de Dieu), infatigable en ses intercessions, espoir inébranlable grâce à ses secours, ni le tombeau ni la mort ne l’ont retenue. Etant mère de la Vie, c’est à la Vie qu’elle fut transférée par Celui qu’avait renfermé son sein virginal ».
Vers l’année 700, le pape Serge Ier déclarait : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné ».
Et peu à peu l’Eglise a approfondi dans ce mystère l’Assomption de Marie que nous fêtons aujourd’hui jusqu’à la proclamation du dogme par le pape Pie XII, en 1950.

Saint Aelred de Rievaulx , moine cistercien du 12ème siècle, proclamait :
« Si sainte Marie-Madeleine, qui a été pécheresse et de qui le Seigneur a expulsé sept démons, a mérité d’être glorifiée par lui au point que sa louange demeure toujours dans l’assemblée des saints, qui pourra mesurer à quel point « les justes jubilent devant la face de Dieu et dansent de joie » au sujet de sainte Marie, qui n’a pas connu d’homme ?
Si l’apôtre saint Pierre, qui non seulement n’a pas été capable de veiller une heure avec le Christ, mais qui est même allé jusqu’à le renier, a obtenu par la suite une telle grâce que les clés du Royaume des cieux lui ont été confiées, de quels éloges sainte Marie n’est-elle pas digne, elle qui a porté dans son sein le roi des anges en personne, que les cieux ne peuvent contenir ?
Si Saul, qui « ne respirait que menaces et carnages à l’égard des disciples du Seigneur », a été l’objet d’une telle miséricorde, qui l’a fait devenir saint Paul,  qu’il a été ravi «jusqu’au troisième ciel, soit en son corps soit hors de son corps », il n’est pas étonnant que la sainte Mère de Dieu, qui a demeuré avec son fils dans les épreuves qu’il a endurées dès le berceau, ait été enlevée au ciel, même en son corps, et exaltée au-dessus des chœurs angéliques.
S’il y a de la « joie au ciel devant les anges pour un seul pécheur qui fait pénitence », qui dira quelle louange joyeuse et belle s’élève devant Dieu au sujet de sainte Marie, qui n’a jamais péché ?
Si vraiment ceux qui « jadis ont été ténèbres » et sont devenus par la suite « lumière dans le Seigneur » « brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père », qui sera en mesure de raconter « le poids éternel de gloire » de sainte Marie, qui est venue en ce monde « comme une aurore qui se lève, belle comme la lune, choisie comme le soleil », et de qui est née « la lumière véritable qui illumine tout homme venant en ce monde? ».

Par ailleurs, puisque le Seigneur a dit : « Celui qui me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur », où pensons-nous que soit sa mère, elle qui l’a servi avec tant d’empressement et de constance ? Si elle l’a suivi et lui a obéi jusqu’à la mort, nul ne s’étonnera qu’à présent, plus que quiconque, elle « suive l’Agneau partout où il va » qu’elle règne donc avec le Christ à jamais.

D’autre part, saint Jean Damascène, pour expliquer les convenances de l’Assomption, comparait Marie, nouvelle Eve, avec la première Eve, celle qui a commis le péché original  : «l’Eve qui avait consenti aux suggestions du serpent, fut condamnée aux douleurs de l’enfantement et à la peine de mort, et demeura ensevelie dans le sein de la terre. Mais cette nouvelle Eve, Marie, réellement bienheureuse, qui prêta une oreille docile au langage de Dieu, que le Saint-Esprit a fécondée par son opération, qui, à la chaste salutation d’un Archange, conçut en dehors des lois humaines, le Fils de Dieu et qui l’a enfanté sans aucune douleur ; qui s’est enfin consacrée tout entière à Dieu, comment la corruption de la mort envahirait-elle ce corps où la vie est venue s’incarner ? A cette Eve là, Dieu a frayé une voie droite, plane et facile pour monter au ciel. Car si Jésus-Christ, la vie et la vérité, a dit : «Là où je suis, sera aussi mon serviteur », à combien plus forte raison sa Mère devra-t-elle être avec lui ? ».

Marie est au ciel et nous sur la terre. D’ici, nous la prions ; de là, elle nous aime. Oh! si elle voulait, du haut du ciel nous regarder, du haut du ciel nous visiter, du haut du ciel revoir un peu la terre ! Qui ne voudrait voir la Sainte Vierge ? Et pourtant, j’aimerais mieux être vu par elle que la voir moi-même. Du haut du ciel, ô mère de Dieu, me voyez-vous ? Voyez-vous mon âme ? Et si vous la voyez, qu’en dites-vous ? Qu’en pensez-vous ? Que lui souhaitez-vous ? Que demandez-vous pour elle à Jésus ? O mère, vous voyez mon âme, vous voyez le défaut qu’il faut corriger, la plaie qu’il faut guérir, la vertu qu’il faut acquérir. Aidez-moi, mère bien-aimée ; vous serez plus aimée encore si vous travaillez à me rendre meilleur. Je remets donc mon âme en vos bénites mains. Elles ont porté Jésus : qu’elles portent aussi mon âme que vous savez être à Jésus. Portez-la, gardez-la, et gardez-la si bien que vous la meniez avec vous au ciel.

 

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