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Année 2020- Homélie pour le 2ème dimanche de l’Avent (JA).

Les promesses du Sauveur et ses figures.
Sur la croix, Notre-Seigneur remplace l’holocauste; car il est tout entier sacrifié, brûlé par le feu de son immense amour ; sa vie devient un hommage à la majesté de Dieu et en mourant pour nous, il nous délivre de la mort. De même il abolit les sacrifices sanglants.
A l’autel, Notre-Seigneur accomplit la signification des sacrifices pour le péché et des sacrifices eucharistiques.

Source: Père Emmanuel André, Méditations pour tous les jours de l’année liturgique.


En ce deuxième dimanche de l’Avent je voudrais vous proposer une méditation sur les promesses du Sauveur (Dieu qui promet le Sauveur) et sur ses figures dans l’Ancien Testament.

Les promesses du Sauveur.
Notre-Seigneur Jésus-Christ est l’unique Sauveur des hommes. Il a été annoncé à Adam dès le commencement, juste après le péché originel, et donné au monde après quatre mille ans d’attente. Pendant ces longs siècles, Dieu n’a cessé de verser sur les hommes des grâces de salut en vertu des mérites du Sauveur qui devait venir. De temps en temps aussi, Dieu soutenait la foi des fidèles en renouvelant la promesse primitive, en la rendant de plus en plus explicite, à mesure que les temps approchaient.
Ainsi, tout d’abord Dieu promit à Adam un Sauveur qui écraserait la tête du serpent. Abraham reçut l’assurance que ce Sauveur naîtrait de sa race; Isaac et Jacob s’entendirent renouveler la promesse; Jacob mourant prophétisa que le Sauveur naitrait de la famille de Juda, un de ses fils. Plus tard, dans la descendance de Juda, David eut révélation que le Sauveur naitrait de sa famille. Tout était bien préparé. Alors vinrent les prophètes et ils écrivirent à l’avance, pour ainsi dire, tous les traits de la vie du Sauveur.
Ainsi la miséricordieuse bonté de Dieu disposait tout pour nous donner le Sauveur.

Les figures du Sauveur.
Dieu avait donné dès le commencement la promesse du Sauveur ; dès le commencement aussi, il donna des figures de ce Sauveur si désirable et si nécessaire.

Adam, Eve.
Adam, lui-même, était la figure de Notre-Seigneur; Eve est tirée de son côté pendant son sommeil. Quand plus tard le nouvel Adam sera endormi sur la croix, son côté sera ouvert, et de l’eau et du sang qui en couleront il lui sera formé une épouse, l’Eglise.
Eve, elle-même, est la figure de Marie. Elle fut appelée Eve, parce qu’elle devait être la mère de tous les vivants. Marie, la nouvelle Eve, est plus mère que la première Eve; elle enfante non seulement les vivants, mais l’auteur de la vie. Un ange vient traiter avec Eve de notre commune perte; un ange vient traiter avec Marie du salut de tous. Ainsi, Adam, Eve, le serpent, se trouvent à la chute; à la réparation, voici Gabriel, Marie, et Jésus le nouvel Adam. Tout est bien. C’est  voulu ainsi, c’est ainsi disposé de Dieu. Il a bien fait toutes choses.

Abel.
Voici Abel, l’innocent Abel, il est tué par son frère.  Son frère c’est Caïn, le jaloux. Nouvelle figure du Messie, lequel est non seulement innocent mais l’innocence, la sainteté même. Le Messie sera tué par son frère le peuple juif, jaloux de sa sainteté, de ses miracles, de sa grandeur, de sa bonté. Et à cause de cela, il faudra qu’il meure, qu’on le tue.
Abel eut donc cet honneur d’être la figure du Sauveur; c’est une grâce du Rédempteur qui lui est accordée; et comme Abel était l’image du Sauveur, l’œil de Dieu se reposait comme on regarde l’image d’une personne aimée quand elle est absente.
Tout le temps qui précéda la venue de Notre-Seigneur, Dieu se créa des images du Rédempteur, et ses desseins miséricordieux pour le salut du monde se révélaient dans ces images vivantes de Celui qui était promis : on peut ainsi penser à Joseph (vendu comme esclave en Egypte), à Moïse, au roi David… entre autres, tous, figures du Sauveur promis.

Nous trouvons encore une autre figure dans les sacrifices sanglants de l’ancienne loi. Une chose très remarquable, c’est qu’avant Notre Seigneur les hommes offraient partout des sacrifices sanglants, et depuis Notre-Seigneur, ces sacrifices ont cessé. Qu’est-ce que ce sang qui coulait partout et qui, toujours versé, était toujours insuffisant ? Ils étaient une image du sacrifice sanglant de Notre-Seigneur, lequel accompli une fois n’a plus besoin d’être renouvelé d’une manière sanglante. A lui seul il suffit. Tous les autres, malgré leur variété, leur multiplicité, leur répétition quotidienne, ne suffisaient jamais.
L’homme reconnaissait par là qu’il avait mérité la mort, juste châtiment du péché. Ne pouvant se faire mourir lui-même (car Dieu le défendait), il faisait mourir les animaux qui lui appartenaient, il versait un sang qui était à lui ; par-là, il reconnaissait sa faute, il reconnaissait la nécessité du sacrifice sanglant de Notre-Seigneur sur la Croix.
En voyant couler le sang des animaux, Dieu pensait au sang de son Fils unique et, à cause des mérites du Sauveur qui devait venir, il versait ses grâces sur les hommes qui lui offraient des sacrifices, quand la foi animait leurs offrandes, il purifiait leurs intentions et leur donnait une part à la rédemption à venir.
Aujourd’hui les sacrifices sanglants ont cessé ; mais nous avons un autel, comme dit saint Paul, et un sacrifice non sanglant et ce sacrifice est vérité. Béni soit l’agneau de Dieu !

Les sacrifices anciens étaient innombrables ; toutefois il y en avait trois principaux : l’holocauste, le sacrifice pour le péché et le sacrifice eucharistique. Dans l’holocauste, la victime était tout entière consumée par le feu; dans le sacrifice pour le péché, on en consumait par le feu une partie, le reste était mangé; dans le sacrifice eucharistique, on en brûlait qu’une très faible partie, tout le reste était mangé.
Ici encore, nous avons des figures très expresses du sacrifice de Notre-Seigneur. A lui seul, il tient la place de tous les anciens sacrifices, il les explique, il les fait cesser, il les remplace très heureusement.
Sur la croix, Notre-Seigneur remplace l’holocauste; car il est tout entier sacrifié, brûlé par le feu de son immense amour ; sa vie devient un hommage à la majesté de Dieu et en mourant pour nous, il nous délivre de la mort. De même il abolit les sacrifices sanglants.
A l’autel, Notre-Seigneur accomplit la signification des sacrifices pour le péché et des sacrifices eucharistiques. Il est vraiment sacrifié, quoique sans mourir réellement, et il est vraiment mangé par le prêtre et les fidèles, sans que sa chair soit anéantie: elle est mangée, elle demeure vivante et elle demeure pour la nourriture de tous ceux qui viendront après nous. Il est l’unique victime, l’unique sacrifice, l’unique nourriture des âmes ; à lui seul, il adore Dieu, il efface les péchés, il verse ses grâces, il nous mène à Dieu.

Il y avait au temple de Jérusalem un sacrifice quotidien le matin et un autre le soir. Les sacrifices consistaient en un agneau que l’on offrait sur l’autel des holocaustes et que l’on y brûlait à petit feu; on voulait non seulement que le sacrifice fût offert, mais qu’il durât longtemps. On aurait souhaité qu’il durât toujours. Il fallait que l’œil de Dieu eût toujours une victime sur laquelle il put se reposer, contemplant en elle l’image de notre grande et unique victime qui est Notre-Seigneur.
Et c’est bien que Dieu ait prescrit à Moïse que cette victime serait un agneau, image à la fois de la parfaite innocence et de la pureté, comme de la souveraine douceur de Celui qui est l’Agneau de Dieu, la victime qui vraiment ôte les péchés du monde.
Le sang des agneaux ne coule plus à Jérusalem ; mais d’une extrémité du monde à l’autre, le sang de Notre-Seigneur coule sur les autels; et le Saint Sacrifice ne cesse jamais sur la terre (même quand il est menacé par le pouvoir des ténèbres). Adorons-le dans tous les lieux où il est sacrifié maintenant.
Dans les sacrifices anciens, on offrait différentes sortes d’animaux, mais surtout des bœufs, des agneaux, des boucs. Tous étaient des figures de l’unique sacrifice de Notre-Seigneur. Le bœuf figurait tout le travail de Notre-Seigneur pour le salut du monde: car le bœuf s’emploie au labour et fournit de rudes besognes. L’agneau, comme nous l’avons dit, représentait la douceur et la pureté de notre incomparable victime. Enfin le bouc exprimait cette même victime comme chargée de nos péchés et portant sur elle, pour l’expier, la puanteur de tous les crimes du monde.

Notre-Seigneur a accompli toutes ces figures, et il a pris sur lui tous nos péchés dont il a porté devant Dieu la confusion et la honte. Quelle leçon pour notre orgueil!

Dieu qui a été fidèle à ses promesses pour la première venue du Christ le sera aussi pour la deuxième. « Pour le Seigneur, nous dit saint Pierre, un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes; c’est pour vous qu’il patiente: car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre; mais il veut que tous aient le temps de se convertir » (2 Pierre 3. 8B-9).

Puissions-nous nous convertir en méditant cette fidélité de Dieu à ses promesses.

Ainsi soit-il.

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