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Année 2020-Homélie pour le 16ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Servir Dieu dans la vérité.

Celui-là est le serviteur de Dieu qui a le cœur à Dieu, qui aime Dieu en tout et par-dessus tout. Dieu n’est servi que là où il est aimé et Dieu n’est aimé que là où il est aimé plus que tout. Donc, sans la charité, on ne sert pas Dieu dans la vérité.

 

Sources: Père Emmanuel André, Méditations, Editions Sainte-Madeleine 2004, pp. 295-302.
Saint Thomas d’Aquin, La Chaine d’or.


Notre-Seigneur, dans l’Evangile de ce jour, prononce ces divines paroles: «Ce n’est pas quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui-là y entrera qui fait la volonté de mon Père».

Par ces paroles, Notre Seigneur nous enseigne à servir Dieu dans la vérité. Servir Dieu dans la vérité ! Hélas ! mais il y a donc des hommes qui servent Dieu non dans la vérité ? Cela est, puisque Notre Seigneur nous l’enseigne. Mais comment cela se peut-il faire ? En faisant les choses commandées par Dieu et en ne les faisant pas purement pour plaire à Dieu.

Saint Jean Chrysostome : «Notre-Seigneur avait ordonné précédemment à ses disciples de ne point faire parade devant les hommes de leurs jeûnes, de leurs prières, de leurs aumônes, comme font les hypocrites. Or, pour leur apprendre que toutes ces bonnes œuvres peuvent être faites dans un esprit d’hypocrisie, il leur dit :  » Gardez-vous des faux prophètes »».

Dire ses prières, pratiquer les commandements, se confesser et communier, c’est là servir Dieu. Faire ces choses-là et conserver au fond du cœur l’attachement à soi-même, à sa vanité, à son plaisir, c’est ne pas servir Dieu dans la vérité. Faire ces choses-là, les mêmes choses, avec une intention pure, droite et vraie de plaire à Dieu, c’est servir Dieu dans la vérité.
Servir Dieu non dans la vérité, cela ne coûte guère à la nature; mais cela vaut autant que cela coûte, c’est à dire, rien du tout.
Servir Dieu, mais dans la vérité, cela coûte des sacrifices, des renoncements, des luttes intérieures toujours, extérieures souvent et pour cela, il faut du courage, de la pureté d’intention, de l’humilité, surtout de l’humilité.

Pour saint Jean Chrysostome : «il paraît assez vraisemblable que par ces faux prophètes Notre-Seigneur veut désigner non pas les hérétiques, mais ceux qui mènent une vie corrompue sous les dehors de la vertu ; c’est pour cela qu’il dit :  » Vous les connaîtrez à leurs fruits « . Or on rencontre souvent des mœurs vertueuses chez certains hérétiques, mais jamais dans ceux dont je viens de parler ».
L’hypocrisie est un vice détestable qui porte ses victimes à prendre l’air de la vertu, tout en faisant le mal.
Ce vice-là est plus commun qu’on ne pense, et comme nous sommes tous un peu orgueilleux, si ce n’est beaucoup, nous sommes tous un peu hypocrites, si ce n’est beaucoup.
Qui donc de nous consentirait à paraitre aux yeux de tout le monde pour ce qu’il est aux yeux de Dieu ? Aux yeux de Dieu, qui connait le fond de notre cœur, nous sommes fort méprisables et pourtant le moindre mépris nous offense : n’y a-t-il pas là un peu d’hypocrisie?
Quelquefois nous disons de nous-mêmes que nous sommes peu de chose, que nous ne valons rien. Si d’autres nous le disaient en face et sérieusement, nous nous tiendrions pour offensés, nous nous plaindrions que l’on a fait mépris de nous. Il n’y a que la vraie humilité qui nous guérisse de l’hypocrisie; il n’y a que les humbles qui servent Dieu dans la vérité.

Pour servir Dieu dans la vérité, la première condition indispensable, c’est la foi. Dieu est invisible, or, pour le servir de vrai, il faut avoir pour lui une foi assez grande. Pour décider une âme à servir de vrai un maitre invisible, intangible, il faut une fois robuste, vaillante, courageuse, qui, estimant l’invisible plus que toutes les choses visibles, nous fasse détourner de celles-ci nos regards pour les porter vers Dieu, que cependant nous ne voyons pas.
Pour servir Dieu dans la vérité, il faut joindre à la foi la charité : car si la foi tourne bien vers Dieu notre esprit, c’est à la charité de fixer en lui notre cœur. L’amour est vrai quand nous aimons Dieu par-dessus tout : c’est l’office propre de la charité.
L’homme est le serviteur de ce qu’il aime. L’orgueilleux est le serviteur de sa propre gloire, l’avare est le serviteur de son argent. Celui-là est le serviteur de Dieu qui a le cœur à Dieu, qui aime Dieu en tout et par-dessus tout. Dieu n’est servi que là où il est aimé et Dieu n’est aimé que là où il est aimé plus que tout. Donc, sans la charité, on ne sert pas Dieu dans la vérité.

Il nous faut méditer encore la parole de Notre Seigneur: «Ce n’est pas celui qui m’aura dit :  » Seigneur, Seigneur !  » qui entrera dans le royaume des cieux ». En d’autres termes, cela veut dire que Dieu ne se paie pas de belles paroles. Appeler Dieu son Seigneur et ne lui donner pas tout son cœur, n’est-ce-pas, en quelque sorte, l’offenser plus que l’honorer ?

Après, Notre Seigneur ajoute : «Il y en a beaucoup qui me diront en ce jour-là (au jour du jugement) : Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé

en votre nom ? N’avons-nous pas en votre nom chassé des démons ? Et en votre nom fait de nombreux miracles ? Et moi je leur dirai : non, je ne vous connais pas; retirez-vous de moi, vous qui faites l’iniquité ! » (Mt 7, 22). Voilà donc des hommes qui auront fait des œuvres pareilles à celles des apôtres, qui auront prophétisé, prêché, chassé les démons, fait des miracles et Notre Seigneur leur dira : «Non, je ne vous connais pas». Des gens qui ont fait de telles œuvres Notre Seigneur ne les connait pas. Et il connait Madeleine et il connait Thaïs, et il connait le larron crucifié à ses cotés.
Ces gens à miracles, à prophéties, à révélations, ces gens-là étaient des glorieux : ils ne servaient pas Dieu dans la vérité.
Mais Madeleine, mais Thaïs, mais le larron n’étaient pas glorieux, ils confessaient leurs fautes, ils servaient Dieu dans la vérité.

Servir Dieu dans la vérité : quel secret, quelle science, quelle grâce !

 

 

 

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