Année 2019-Homélie pour le 3ème dimanche de l’Avent-Le jeûne et l’abstinence (JA).

le jeûne

Le quatrième commandement de l’Eglise.
Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin.
Sources :http://egliseetverite.canalblog.com/archives/2017/01/02/34757665.html ; CEC ; CIC ; Grand Missel-Rituel et vespéral (1957).

 


En suivant le plan des homélies que nous vous avons proposé pour ces dimanches de l’Avent, nous allons réfléchir aujourd’hui au quatrième commandement de l’Eglise.

« Aux jours de pénitence fixés par l’Eglise, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne» (CEC 2043).
« Ce commandement [qui nous est donné par notre Mère l’Eglise] assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur (CIC, can. 1249-1251; CCEO, can. 882) ».
D’après ce commandement on comprend que la vie de tout chrétien doit être régie, régulée et rythmée par les mystères-mêmes de la vie de notre Seigneur Jésus Christ et non par les propositions que nous fait le monde. Donc, au cours de l’année, l’Eglise établit des jours de pénitence afin de mieux vivre ces mystères.

Pour mieux comprendre ce précepte de l’Eglise, disons un mot sur le sens de la pénitence.
Dans la Constitution apostolique Paenitemini du 17 février1966, le pape Paul VI présente le sens et l’importance du précepte divin de la pénitence dont le terme ultime est d’aimer Dieu et de s’abandonner à lui. En voici quelques extraits :

« La pénitence est une exigence de la vie intérieure. Sa nécessité est particulièrement urgente dans la société d’aujourd’hui. A aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. Le devoir de la pénitence est motivé surtout par la participation aux souffrances du Christ. Il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne, et les œuvres de charité. L’Eglise a toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne ».
La pénitence passe par la mortification relative à la qualité et la quantité de nourriture. Les âmes ferventes et désireuses d’assurer leur salut éternel ont toujours pratiqué la mortification des plaisirs de la table. Notre-Seigneur nous en a donné l’exemple par son jeûne au désert et un grand nombre de saints l’ont suivi.

Dans l’Eglise primitive, le jeûne n’est pas dissociable de la prière, de l’amour du prochain et de la recherche de Dieu. Dans l’Eglise d’Orient, saint Athanase, évêque d’Alexandrie (IV siècle), écrit : « Le jeûne guérit les malades, repousse les démons, expulse les pensées malsaines. Il sanctifie le corps et transporte l’homme sur le trône de Dieu ».
Par le jeûne, l’Eglise nous propose quatre grands buts:
Le jeûne dompte les passions (1Co 9, 27).
-Le jeûne nous fortifie en vue des luttes futures. En effet, le jeûne augmente la volonté et attire de grandes grâces. De là, un affaiblissement des tentations  et l’acquisition de forces nouvelles pour les vaincre.
-Le jeûne apaise Dieu, irrité par nos fautes ou celles d’autrui ; nous obtient le pardon, et arrête les châtiments divins (cf. l’histoire de Ninive avec Jonas).
-Enfin, le jeûne paie pour la peine temporelle méritée pour nos péchés. Le jeûne et l’aumône sont les deux moyens classiques pour expier cette peine temporelle.
De nos jours, parce que nous avons perdu le sens profond du péché, nous avons perdu aussi le sens de la pénitence.

Voyons maintenant quels sont les jours de pénitence.
Le Code de droit canonique (de 1983) signale :
Canon 1249 : « Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence selon les canons suivants ».
Canon 1250 : « Les jours et temps de pénitence pour l’Eglise tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps de Carême ».
Canon 1251 : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des évêques, sera observée chaque vendredi de l’année ».

Faisant usage de l’autorité que  lui donne le Code de Droit Canonique la Conférence des évêques française (de 1984) dispose:
« Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin : Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets, soit en s’abstenant de viande ou d’alcool ou de tabac… soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage ».
L’intention n’était pas d’abandonner la pratique de l’abstinence, comme cela semble être le cas aujourd’hui, mais de la remplacer éventuellement par d’autres œuvres de pénitence.
On peut signaler encore quelques arguments en faveur de la pratique de l’abstinence chaque vendredi:
– Elle maintient une volonté de pénitence régulière en mémoire de la Passion du Christ.
– Elle associe le corps à la vie spirituelle.
– Elle rend visible un témoignage d’union au Christ. – Elle rapproche les baptisés dans une observance commune.
– Elle nous unit par cette tradition ancienne à tous ceux qui nous ont précédés et notamment aux saints qui ont été fidèles à cette discipline.
Il ne s’agit pas cependant de remplacer la viande par du poisson. Le fait de manger du poisson le vendredi, plat finalement appréciable, ne nous rapproche pas vraiment de l’esprit de la pénitence qui est un esprit de sacrifice et de privation. Aux yeux des non-croyants, nous paraissons ridicules si nous expliquons que nous faisons pénitence le vendredi par amour du Christ pour nous unir à son sacrifice en remplaçant la viande par du poisson.

Qui sont tenus par cette obligation de l’abstinence et du jeûne ?
Sont tenus par la loi de l’abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu’à la soixantième année commencée (60 ans). Les pasteurs d’âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l’abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence (CIC Can. 1252).

Pour terminer donnons quelques passages des évangiles et des épitres où il nous est proposé une vie sobre et austère, suivant celle de Notre Seigneur Jésus Christ, la seule agréable à Dieu:
« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous » (Lc 12, 5).
« Ce démon ne se chasse que par la prière et le jeûne » (Mt. 17, 21).
« Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ » (Rm 13, 13-14).
« Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1 P 5, 8-9).
« En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. Les gens qui dorment, c’est la nuit qu’ils dorment ; ceux qui s’enivrent, c’est la nuit qu’ils sont ivres, mais nous qui sommes du jour, restons sobres ; mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut » (1 Thes 5, 5-8).

Ainsi-soit il.

 

Publié le 15 décembre 2019

Année 2019-Homélie pour le 3ème dimanche de l’Avent-Le jeûne et l’abstinence (JA).

Le quatrième commandement de l’Eglise.
Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin.
Sources :http://egliseetverite.canalblog.com/archives/2017/01/02/34757665.html ; CEC ; CIC ; Grand Missel-Rituel et vespéral (1957).

 


En suivant le plan des homélies que nous vous avons proposé pour ces dimanches de l’Avent, nous allons réfléchir aujourd’hui au quatrième commandement de l’Eglise.

« Aux jours de pénitence fixés par l’Eglise, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne» (CEC 2043).
« Ce commandement [qui nous est donné par notre Mère l’Eglise] assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur (CIC, can. 1249-1251; CCEO, can. 882) ».
D’après ce commandement on comprend que la vie de tout chrétien doit être régie, régulée et rythmée par les mystères-mêmes de la vie de notre Seigneur Jésus Christ et non par les propositions que nous fait le monde. Donc, au cours de l’année, l’Eglise établit des jours de pénitence afin de mieux vivre ces mystères.

Pour mieux comprendre ce précepte de l’Eglise, disons un mot sur le sens de la pénitence.
Dans la Constitution apostolique Paenitemini du 17 février1966, le pape Paul VI présente le sens et l’importance du précepte divin de la pénitence dont le terme ultime est d’aimer Dieu et de s’abandonner à lui. En voici quelques extraits :

« La pénitence est une exigence de la vie intérieure. Sa nécessité est particulièrement urgente dans la société d’aujourd’hui. A aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. Le devoir de la pénitence est motivé surtout par la participation aux souffrances du Christ. Il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne, et les œuvres de charité. L’Eglise a toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne ».
La pénitence passe par la mortification relative à la qualité et la quantité de nourriture. Les âmes ferventes et désireuses d’assurer leur salut éternel ont toujours pratiqué la mortification des plaisirs de la table. Notre-Seigneur nous en a donné l’exemple par son jeûne au désert et un grand nombre de saints l’ont suivi.

Dans l’Eglise primitive, le jeûne n’est pas dissociable de la prière, de l’amour du prochain et de la recherche de Dieu. Dans l’Eglise d’Orient, saint Athanase, évêque d’Alexandrie (IV siècle), écrit : « Le jeûne guérit les malades, repousse les démons, expulse les pensées malsaines. Il sanctifie le corps et transporte l’homme sur le trône de Dieu ».
Par le jeûne, l’Eglise nous propose quatre grands buts:
Le jeûne dompte les passions (1Co 9, 27).
-Le jeûne nous fortifie en vue des luttes futures. En effet, le jeûne augmente la volonté et attire de grandes grâces. De là, un affaiblissement des tentations  et l’acquisition de forces nouvelles pour les vaincre.
-Le jeûne apaise Dieu, irrité par nos fautes ou celles d’autrui ; nous obtient le pardon, et arrête les châtiments divins (cf. l’histoire de Ninive avec Jonas).
-Enfin, le jeûne paie pour la peine temporelle méritée pour nos péchés. Le jeûne et l’aumône sont les deux moyens classiques pour expier cette peine temporelle.
De nos jours, parce que nous avons perdu le sens profond du péché, nous avons perdu aussi le sens de la pénitence.

Voyons maintenant quels sont les jours de pénitence.
Le Code de droit canonique (de 1983) signale :
Canon 1249 : « Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence selon les canons suivants ».
Canon 1250 : « Les jours et temps de pénitence pour l’Eglise tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps de Carême ».
Canon 1251 : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des évêques, sera observée chaque vendredi de l’année ».

Faisant usage de l’autorité que  lui donne le Code de Droit Canonique la Conférence des évêques française (de 1984) dispose:
« Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin : Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets, soit en s’abstenant de viande ou d’alcool ou de tabac… soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage ».
L’intention n’était pas d’abandonner la pratique de l’abstinence, comme cela semble être le cas aujourd’hui, mais de la remplacer éventuellement par d’autres œuvres de pénitence.
On peut signaler encore quelques arguments en faveur de la pratique de l’abstinence chaque vendredi:
– Elle maintient une volonté de pénitence régulière en mémoire de la Passion du Christ.
– Elle associe le corps à la vie spirituelle.
– Elle rend visible un témoignage d’union au Christ. – Elle rapproche les baptisés dans une observance commune.
– Elle nous unit par cette tradition ancienne à tous ceux qui nous ont précédés et notamment aux saints qui ont été fidèles à cette discipline.
Il ne s’agit pas cependant de remplacer la viande par du poisson. Le fait de manger du poisson le vendredi, plat finalement appréciable, ne nous rapproche pas vraiment de l’esprit de la pénitence qui est un esprit de sacrifice et de privation. Aux yeux des non-croyants, nous paraissons ridicules si nous expliquons que nous faisons pénitence le vendredi par amour du Christ pour nous unir à son sacrifice en remplaçant la viande par du poisson.

Qui sont tenus par cette obligation de l’abstinence et du jeûne ?
Sont tenus par la loi de l’abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu’à la soixantième année commencée (60 ans). Les pasteurs d’âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l’abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence (CIC Can. 1252).

Pour terminer donnons quelques passages des évangiles et des épitres où il nous est proposé une vie sobre et austère, suivant celle de Notre Seigneur Jésus Christ, la seule agréable à Dieu:
« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous » (Lc 12, 5).
« Ce démon ne se chasse que par la prière et le jeûne » (Mt. 17, 21).
« Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ » (Rm 13, 13-14).
« Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1 P 5, 8-9).
« En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. Les gens qui dorment, c’est la nuit qu’ils dorment ; ceux qui s’enivrent, c’est la nuit qu’ils sont ivres, mais nous qui sommes du jour, restons sobres ; mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut » (1 Thes 5, 5-8).

Ainsi-soit il.

 

Publié le 15 décembre 2019

Année 2019-Homélie pour le 3ème dimanche de l’Avent-Le jeûne et l’abstinence (JA).

le jeûne

Le quatrième commandement de l’Eglise.
Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin.
Sources :http://egliseetverite.canalblog.com/archives/2017/01/02/34757665.html ; CEC ; CIC ; Grand Missel-Rituel et vespéral (1957).

 


En suivant le plan des homélies que nous vous avons proposé pour ces dimanches de l’Avent, nous allons réfléchir aujourd’hui au quatrième commandement de l’Eglise.

« Aux jours de pénitence fixés par l’Eglise, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne» (CEC 2043).
« Ce commandement [qui nous est donné par notre Mère l’Eglise] assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur (CIC, can. 1249-1251; CCEO, can. 882) ».
D’après ce commandement on comprend que la vie de tout chrétien doit être régie, régulée et rythmée par les mystères-mêmes de la vie de notre Seigneur Jésus Christ et non par les propositions que nous fait le monde. Donc, au cours de l’année, l’Eglise établit des jours de pénitence afin de mieux vivre ces mystères.

Pour mieux comprendre ce précepte de l’Eglise, disons un mot sur le sens de la pénitence.
Dans la Constitution apostolique Paenitemini du 17 février1966, le pape Paul VI présente le sens et l’importance du précepte divin de la pénitence dont le terme ultime est d’aimer Dieu et de s’abandonner à lui. En voici quelques extraits :

« La pénitence est une exigence de la vie intérieure. Sa nécessité est particulièrement urgente dans la société d’aujourd’hui. A aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. Le devoir de la pénitence est motivé surtout par la participation aux souffrances du Christ. Il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne, et les œuvres de charité. L’Eglise a toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne ».
La pénitence passe par la mortification relative à la qualité et la quantité de nourriture. Les âmes ferventes et désireuses d’assurer leur salut éternel ont toujours pratiqué la mortification des plaisirs de la table. Notre-Seigneur nous en a donné l’exemple par son jeûne au désert et un grand nombre de saints l’ont suivi.

Dans l’Eglise primitive, le jeûne n’est pas dissociable de la prière, de l’amour du prochain et de la recherche de Dieu. Dans l’Eglise d’Orient, saint Athanase, évêque d’Alexandrie (IV siècle), écrit : « Le jeûne guérit les malades, repousse les démons, expulse les pensées malsaines. Il sanctifie le corps et transporte l’homme sur le trône de Dieu ».
Par le jeûne, l’Eglise nous propose quatre grands buts:
Le jeûne dompte les passions (1Co 9, 27).
-Le jeûne nous fortifie en vue des luttes futures. En effet, le jeûne augmente la volonté et attire de grandes grâces. De là, un affaiblissement des tentations  et l’acquisition de forces nouvelles pour les vaincre.
-Le jeûne apaise Dieu, irrité par nos fautes ou celles d’autrui ; nous obtient le pardon, et arrête les châtiments divins (cf. l’histoire de Ninive avec Jonas).
-Enfin, le jeûne paie pour la peine temporelle méritée pour nos péchés. Le jeûne et l’aumône sont les deux moyens classiques pour expier cette peine temporelle.
De nos jours, parce que nous avons perdu le sens profond du péché, nous avons perdu aussi le sens de la pénitence.

Voyons maintenant quels sont les jours de pénitence.
Le Code de droit canonique (de 1983) signale :
Canon 1249 : « Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence selon les canons suivants ».
Canon 1250 : « Les jours et temps de pénitence pour l’Eglise tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps de Carême ».
Canon 1251 : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des évêques, sera observée chaque vendredi de l’année ».

Faisant usage de l’autorité que  lui donne le Code de Droit Canonique la Conférence des évêques française (de 1984) dispose:
« Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin : Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets, soit en s’abstenant de viande ou d’alcool ou de tabac… soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage ».
L’intention n’était pas d’abandonner la pratique de l’abstinence, comme cela semble être le cas aujourd’hui, mais de la remplacer éventuellement par d’autres œuvres de pénitence.
On peut signaler encore quelques arguments en faveur de la pratique de l’abstinence chaque vendredi:
– Elle maintient une volonté de pénitence régulière en mémoire de la Passion du Christ.
– Elle associe le corps à la vie spirituelle.
– Elle rend visible un témoignage d’union au Christ. – Elle rapproche les baptisés dans une observance commune.
– Elle nous unit par cette tradition ancienne à tous ceux qui nous ont précédés et notamment aux saints qui ont été fidèles à cette discipline.
Il ne s’agit pas cependant de remplacer la viande par du poisson. Le fait de manger du poisson le vendredi, plat finalement appréciable, ne nous rapproche pas vraiment de l’esprit de la pénitence qui est un esprit de sacrifice et de privation. Aux yeux des non-croyants, nous paraissons ridicules si nous expliquons que nous faisons pénitence le vendredi par amour du Christ pour nous unir à son sacrifice en remplaçant la viande par du poisson.

Qui sont tenus par cette obligation de l’abstinence et du jeûne ?
Sont tenus par la loi de l’abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu’à la soixantième année commencée (60 ans). Les pasteurs d’âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l’abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence (CIC Can. 1252).

Pour terminer donnons quelques passages des évangiles et des épitres où il nous est proposé une vie sobre et austère, suivant celle de Notre Seigneur Jésus Christ, la seule agréable à Dieu:
« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous » (Lc 12, 5).
« Ce démon ne se chasse que par la prière et le jeûne » (Mt. 17, 21).
« Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ » (Rm 13, 13-14).
« Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1 P 5, 8-9).
« En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. Les gens qui dorment, c’est la nuit qu’ils dorment ; ceux qui s’enivrent, c’est la nuit qu’ils sont ivres, mais nous qui sommes du jour, restons sobres ; mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut » (1 Thes 5, 5-8).

Ainsi-soit il.

 

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Publié le 15 décembre 2019