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Année 2019-Homélie pour la solennité de la Nativité du Seigneur (JGA).

Dans ma naissance je me donne à Vous complètement : je me mets entre vos mains…Ne craignez pas, ne soyez pas intimidés devant ce petit enfant si doux qui vous sourit et vous tend les bras. Il est votre Dieu, mais il est plein de douceur et de sourires : ne craignez pas.
Soyez toute tendresse, tout amour et toute confiance.

 

Source: sermons, homélies, lettres et écrits de Charles de Foucauld.


Jésus naquit dans une étable, comme le raconte l’Evangile de Luc, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2,7). Marie, sa Mère, et Joseph n’avaient été accueillis dans aucune maison de Bethléem. Marie dut déposer le Sauveur du monde dans une mangeoire, seul berceau disponible pour le fils de Dieu fait homme. Telle est la réalité de la Nativité du Seigneur. Nous la vivons chaque année avec le même étonnement.

La naissance du Messie est l’événement central dans l’histoire de l’humanité.
Chesterton a dit que, à Noël, nous célébrons un bouleversement de l’univers. A partir de Noël le culte de Dieu se fait en tournant notre regard vers une grotte pour adorer la fragilité d’un enfant qui pleure dans une mangeoire. Les mains énormes qui avaient façonné l’univers deviennent, tout à coup, des petites mains qui tremblent dans l’air froid de la nuit et recherchent la chaleur dans le sein de sa mère. Divinité et fragilité avaient été jusque-là des concepts antithétiques mais Noël les oblige à s’unir. Les hommes qui depuis des temps immémoriaux s’étaient agenouillés devant la fureur écrasante des éléments de la nature, décident maintenant de se mettre à genoux devant un nouveau-né, beaucoup plus petit et fragile qu’eux-mêmes. Dieu assume la fragilité de la nature humaine. Ce Dieu fou d’amour nous invite ainsi à l’amour, parce que nous ne pouvons que payer l’amour avec l’amour.

«Voici que je viens vous annoncer une grande joie… Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Il est le Messie, le Seigneur » (Lc 2,10-11). Aujourd’hui! Cet «aujourd’hui», qui retentit dans la liturgie nous concerne, nous ici rassemblés. Comment Dieu nous rejoint-il aujourd’hui? Par une présence aussi cachée qu’à Bethléem : il vient aujourd’hui à nous dans l’Eucharistie. Comme dit saint Grégoire : «Bethléem se traduit : Maison du pain. Or le Christ est celui qui a dit: « Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel »». A chaque messe, l’Enfant Jésus naît à nouveau. Par la célébration de l’Eucharistie nous entrons en communion profonde avec les protagonistes de l’événement, Marie et Joseph, pour recevoir de l’Enfant la vie éternelle. Le pape Benoît XVI disait : «Ce petit enfant est vraiment l’Emmanuel, “le Dieu-avec-nous”. Son royaume s’étend vraiment jusqu’aux confins de la terre. Dans l’étendue universelle de la sainte Eucharistie, il a vraiment érigé des îlots de paix. Partout où elle est célébrée, on a un îlot de paix, de cette paix qui est propre à Dieu». Cherchons notre place près de l’hostie toute proche du tabernacle, pour adorer le Christ. Imitons saint Joseph : au milieu de la nuit, alors que tous dormaient, il devait contempler avec émerveillement et tendresse l’Enfant et veiller à ses côtés dans la première  « heure sainte d’adoration » de l’histoire. Quelle profonde paix, au-delà de multiples péripéties, émanait de ce nouveau-né !

«L’instant fixé par Dieu de toute éternité pour son apparition parmi les hommes est arrivé … Noël, Noël, Dieu est à nous, Emmanuel, Dieu est avec nous ! La grotte s’est illuminée tout à coup : les cantiques des anges la remplissent, un petit enfant paraît entre les bras de Marie : un enfant nous est né! Au dehors, c’est le froid et la neige, images du monde … Mais dans la petite grotte, éclairée par Jésus, qu’on est bien ! Comme elle est douce, chaude, lumineuse … Quand Vous êtes entré dans le monde, on ne Vous a pas reçu : toutes les portes de Bethléem se sont fermées devant Vous à votre Naissance. Voilà comment la terre a reçu son Dieu, et Vous ne l’avez pas maudite, mon Dieu ! Vous la quitterez en la bénissant ! Mon Seigneur Jésus, le monde ne Vous a pas reçu. Oh ! Je veux Vous recevoir ! Mais hélas, avec tous mes désirs, qu’ai-je à Vous offrir ? Ai-je mieux à Vous offrir qu’une grotte froide, obscure, souillée, habitée par le bœuf et l’âne, par la nature brute, les pensées terrestres, les sentiments bas et grossiers ? Hélas, mon Dieu, je le reconnais, c’est la triste hospitalité que je Vous offre. Mais ce que je n’ai pas fait, faites-le Seigneur Jésus ! Illuminez cette grotte de mon âme, ô Divin Soleil ! La première adoration que Notre Seigneur veut en sa crèche est celle des plus humbles, des plus rustiques, des plus petits, des plus simples aussi : des bergers ! Il ne se contente pas de les agréer, Il les appelle. Quel baume Vous avez mis jusqu’à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès Votre naissance qu’ils sont Vos privilégiés, Vos favoris, les premiers appelés !
(Ecoutons Jésus qui nous dit: ) Dans ma naissance je me donne à Vous complètement : je me mets entre vos mains. Désormais, vous pourrez me voir, me toucher, m’écouter, me posséder, me servir, me consoler. (Je suis parmi vous). Ne craignez pas, ne soyez pas intimidés devant ce petit enfant si doux qui vous sourit et vous tend les bras. Il est votre Dieu, mais il est plein de douceur et de sourires : ne craignez pas. Soyez toute tendresse, tout amour et toute confiance. (Venez, venez, je vous attends caché, petit, dans la Sainte Eucharistie
! )».

Telle est l’icône de Noël: un fragile nouveau-né, que les mains d’une femme protègent avec des pauvres vêtements et déposent dans une mangeoire. Qui peut penser que ce petit enfant est le «Fils de Dieu» (Lc 1, 32) ? Elle seule, sa Mère, connaît la vérité et en garde le mystère. En ce jour de Noël à nous aussi il est possible de rencontrer le Christ et de le contempler avec les yeux de Marie.
Ainsi soit-il.

 

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