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Année 2024- Homélie pour le 33ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

La Parousie. 

L’attente de la Parousie est un élément essentiel de la célébration eucharistique. C’est pourquoi dans la messe il est fait allusion à la seconde venue de Jésus: délivrez-nous, Seigneur, de tout mal pendant que nous attendons la glorieuse venue de notre Sauveur Jésus-Christ. L’Eucharistie nous donne déjà un gage de cette gloire.

 


Le but de l’année liturgique est de nous présenter, en les actualisant, les mystères de notre rédemption, qui culminent avec le retour du Seigneur. Nous avons suivi le Christ dans toutes les étapes de son humble vie, dans les moments douloureux de sa Passion, dans les moments glorieux de sa Résurrection et de son Ascension. En ce dimanche, alors que nous arrivons à la fin de l’année liturgique, puisque dimanche prochain commence la temps de l’Avent, ce dimanche, je le dis, nous nous souvenons du dernier acte de la Rédemption, le seul acte qui n’a pas encore été réalisé: la Parousie. Au milieu du scénario grandiose de la fin du monde, tel que nous le décrit l’Evangile, nous pouvons mieux admirer les desseins du Père à l’égard de son Fils. Spectacle imposant et terrifiant : «l’abomination de la désolation… le Soleil s’obscurcira, et la Lune ne donnera plus sa lumière ; les étoiles tomberont du ciel… la tribulation sera grande ».

Nous professons dans le Credo: « Il reviendra avec gloire pour juger les vivants et les morts ». Notre Seigneur Jésus Christ n’est pas seulement celui qui est venu mais aussi celui qui doit venir. Les premiers chrétiens, très conscients de la transcendance de ce mystère de notre Foi, disaient : « Viens, Seigneur Jésus ». Ce sont les mots avec lesquels se termine l’Apocalypse, les mots avec lesquels se termine l’histoire et l’éternité s’ouvre.

Parousie signifie arrivée, venue, présence. Il y a déjà eu une Parousie du Fils de Dieu dans l’histoire. Ce n’était pas une entrée solennelle aux yeux de la chair. C’était une entrée dans les couches de l’humilité. Cependant, son entrée dans le monde impliquait déjà le début de la défaite de l’Ennemi : « Si je chasse les démons, dit le Seigneur, cela signifie que le Royaume de Dieu est déjà venu à vous ».
Mais il y aura une autre Parousie, définitive, dans l’éclat de la gloire. En réalité, toutes les choses du Christ ont une double facette. Le Christ a eu deux naissances, dans l’éternité et dans le temps; deux venues, la première sombre et silencieuse, comme la rosée du matin, la seconde dans l’éclat de sa gloire. Dans la première il était enveloppé de langes, dans la seconde il viendra vêtu de lumière. Dans la première, couronné d’épines; dans la seconde, avec son diadème de Roi de rois et Seigneur des seigneurs.
Ce sera l’heure de l’apothéose du Christ et de son intronisation sur le siège de Dieu. La venue définitive du Christ sera précédée d’une période pleine d’épreuves: ce sera un temps de tribulation, comme il n’y en a jamais eu jusqu’à nos jours. Alors le Seigneur vaincra le dernier ennemi, la mort, et les morts ressusciteront, comme l’avait prophétisé le prophète Daniel: « Ceux qui dorment sur la terre poussiéreuse se réveilleront, les uns à la vie éternelle, et les autres à l’ignominie, à l’éternelle horreur ». L’Evangile d’aujourd’hui fait allusion à ceci: vous verrez le Fils de l’homme venir sur les nuées, plein de puissance et de gloire. Et il enverra les anges pour rassembler ses élus, des quatre points cardinaux, d’une extrémité à l’autre. Ce sera l’heure du jugement, l’heure où le Seigneur mettra les bons à sa droite et les méchants à sa gauche et donnera à chacun ce qu’il mérite.
Puis il avancera vers son Père. Le Christ avancera la tête haute, car il aura rempli la mission qui lui a été confiée, celle de récapituler en lui toutes choses, celles du ciel et celles de la terre. Alors il se présentera au Père et lui offrira le Royaume. Et ainsi commencera l’hommage éternel du Christ au Père comme chef de tous les hommes.
Ainsi viendra le dernier jour de l’histoire. Ce sera la fin du temps et l’entrée dans l’éternité tant attendue. Tout comme Dieu, après sa semaine de travail créateur, s’est reposé le septième jour, de la même manière, après cette semaine de travail qu’est notre vie, nous nous reposerons en Dieu. Ce sera notre dimanche éternel. Là nous pourrons dire en toute vérité: c’est le jour que le Seigneur a fait. Les jours de notre vie pécheresse, les jours qui ont connus la maladie, les douleurs et les afflictions, les jours de faiblesse sont passé pour toujours, ils ne reviendrons plus. Là, le Seigneur essuiera chaque larme. C’est là que commencera le jour du bonheur éternel que Dieu a créé pour nous.
En attendant, c’est le temps de l’Eglise, le « délai » que le Seigneur a accordé aux hommes pour se convertir et se sauver. Le Christ, après son Ascension, « s’est assis pour toujours à la droite de Dieu, où il attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds ». C’est à nous de mener ce combat contre les ennemis du Christ. C’est notre heure. Le temps de la croissance du Royaume. Le temps de la graine de moutarde. Le temps de fermentation mis dans la pâte. Le temps de la parabole des talents. Le temps de notre vie chrétienne, de notre apostolat, de la lutte, jusqu’à Son retour glorieux.

Entre l’humble Parousie de l’incarnation de Jésus et sa glorieuse Parousie à la fin du temps, il y a une Parousie (présence) intermédiaire, celle de l’Eucharistie, mélange de gloire et d’humilité, car le Seigneur de gloire s’y cache derrière les humbles apparences du Pain et du Vin. La première venue du Christ dans l’humilité est ordonnée à sa seconde venue triomphante et rayonnante à la fin des temps, à travers la venue intermédiaire de son corps eucharistique, déjà glorieux, mais encore voilé par le sacrement. Saint Paul dit qu’en communiant, nous annonçons la mort du Seigneur « jusqu’à ce qu’il vienne ». Il ne s’agit pas seulement d’une simple échéance, mais d’une sorte de plaidoyer ardent pour sa Parousie: jusqu’à ce qu’il vienne, jusqu’à ce que la fin soit atteinte. L’attente de la Parousie est un élément essentiel de la célébration eucharistique. C’est pourquoi dans la messe, à différents moments, il est fait allusion à la seconde venue de Jésus: délivrez-nous, Seigneur, de tout mal pendant que nous attendons la glorieuse venue de notre Sauveur Jésus-Christ. L’Eucharistie nous donne déjà un gage de cette gloire.

Le père Leonardo Castellani se demande si la Parousie finale ne sera pas pour bientôt :
« Les trois signes principaux que le Christ a donnés de l’imminence de son second avènement semblent s’être accomplis: la prédication de l’Evangile dans le monde entier, Jérusalem n’est plus foulée par les païens et une longue période de guerres. L’Evangile a déjà été traduit dans toutes les langues du monde et les missionnaires chrétiens ont pénétré et parcouru tous les continents. Jérusalem, qui depuis sa ruine en l’an 70 était sous le pouvoir des Romains, des Perses, des Arabes, des Égyptiens et des Turcs est revenue aux mains des Juifs; et enfin, le monde n’a jamais vu, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, rien de semblable à ce que le pape Benoît XV appelait en 1919 « la guerre établie comme une institution permanente de toute l’humanité ».

Nous ne devons pas nous décourager. le Christ nous a commandé de ne pas nous décourager, bien au contraire: Quand vous verrez tout cela arriver, relevez la tête et réjouissez-vous, car votre salut et votre délivrance approchent.

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