La main de Jésus sur nos lèpres.
Laissons-donc cette main nous rejoindre : n’ayons pas peur de présenter au Christ nos lèpres humaines et spirituelles. Il ne les juge pas mais vient les guérir. Nous savons que Jésus, devant nous, est « saisi de compassion » et qu’Il veut étendre la main pour nous guérir.
Source: https://lectio-divina-rc.fr/
Jésus étend la main pour toucher un lépreux: un moment unique, déroutant pour les disciples, mais qui s’inscrit logiquement dans son ministère de salut de l’humanité. Un geste qui rompt avec les traditions religieuses d’Israël, qui prévoient que le lépreux doit être exclu de la communauté pour ne pas la contaminer de son impureté. Jésus étend sa main aussi aujourd’hui pour nous guérir de nos lèpres spirituelles.
Cette guérison est un miracle immédiat, accompli avec la plus grande facilité, qui confirme pour les disciples l’autorité du Christ. Il voulait ainsi susciter leur foi ; mais cette révélation devait rester discrète, pour que les foules, qui attendaient un Messie temporel, ne se méprennent pas sur sa vraie mission. C’est le fameux « secret messianique » que Jésus cherche, à maintes reprises, à préserver. Saint Claude la Colombière, pour sa part, voit dans cette recherche de la discrétion une marque profonde de l’humilité de Jésus, sa fuite des honneurs : «Chaque action miraculeuse marque dans chaque circonstance combien il fuit la gloire, et tout ce qui peut sentir l’ostentation»(œuvres complètes tome I, p. 327-9). Contemplons donc longuement ce geste de Jésus. Il nous révèle son identité de Fils de Dieu ; Il nous montre également son humilité profonde.
A la porte du temps de Carême, temps forts de conversion, Jésus nous invite aussi à reconnaître nos propres lèpres, à voir ce qui en nous peut éloigner les autres et surtout nous éloigner de Dieu. Nous pouvons alors reprendre la liste de Marc 7, 21-23 et y reconnaitre ce qui nous concerne : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil ou démesure.
Le Seigneur nous propose enfin de ne pas rester repliés sur notre péché et notre pauvreté, et de nous avancer vers lui. Quelle que soit notre faute, il nous demander de croire à son amour et à sa capacité de nous guérir en profondeur. «Si tu veux, Tu peux me guérir » : quelle belle prière à reprendre si souvent !
Aujourd’hui encore, Jésus étend la main pour nous sauver. Il le fait imperceptiblement lorsque nous lisons sa Parole ou que nous prions, lorsque nous sommes en communauté : Il nous rejoint de mille manières et vient changer nos cœurs pleins de lèpre. Il le fait très concrètement à travers les sacrements, en particulier ceux que l’on nomme sacrements de guérison et que le catéchisme présente ainsi : «Le Seigneur Jésus-Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, Lui qui a remis les péchés au paralytique et lui a rendu la santé du corps (cf. Mc 2, 1-12), a voulu que son Eglise continue, dans la force de l’Esprit Saint, son œuvre de guérison et de salut, même auprès de ses propres membres. C’est le but des deux sacrements de guérison : du sacrement de Pénitence et de l’Onction des malades »(C.E.C nº1420-1)
Jésus fait participer ses disciples à son ministère de compassion et de guérison : « Ils s’en allèrent prêcher qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient » (Mc 6, 12-13). Après sa résurrection il confirme cet envoi : « Par mon nom, ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris » (Mc 16, 17-18). Les récits des Actes des Apôtres témoignent des nombreuses guérisons extérieures et intérieures qui accompagnent les débuts de l’Eglise naissante.
Aujourd’hui ce ministère est notamment confié au prêtre dans le sacrement des malades. C’est un sacrement mal connu, souvent réservé aux mourants ou à des maladies graves et avancées. C’est un tort. Le Seigneur s’intéresse à tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur cœur. Tous ceux-là peuvent donc demander ce sacrement pour découvrir la compassion du Seigneur et y puiser la force de faire face à l’épreuve.
Le sacrement de réconciliation est l’autre sacrement de guérison conféré en Eglise. Chaque jour, en pardonnant les péchés par l’intermédiaire de ses prêtres, le Christ continue d’opérer discrètement des miracles : les confessionnaux sont ces lieus où tant de lépreux rencontrent la main miséricordieuse du Christ, ce «Je le veux, sois purifié » que l’Eglise répète sous la forme du « Je te pardonne tous tes péchés ». Nous rendons-nous compte de la grandeur de ce mystère ?
Le Christ étend sa main pour parvenir au plus profond de l’homme : Il prend soin de la santé de l’âme, qui est bien plus importante que celle du corps. Cette main du Christ-médecin s’étend sur toute l’humanité. Le pape Benoît XVI voit dans son geste un symbole de toute sa mission de Salut : « « Je le veux, sois purifié », répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre. Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l’histoire du salut »( Angelus du 12 février 2006). Laissons-donc cette main nous rejoindre : n’ayons pas peur de présenter au Christ nos lèpres humaines et spirituelles. Il ne les juge pas mais vient les guérir. Par la dévotion au Sacré Cœur, nous savons que Jésus, devant nous, est « saisi de compassion », et qu’Il veut étendre la main pour nous guérir. Il le disait à sainte Marguerite-Marie : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande».
Ainsi soit-il.